Nos joueurs Québécois sont-ils victimes d’injustice, de discrimination ?

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Dans la foulée des réactions et des déceptions suite au dévoilement de l’équipe de hockey masculine qui participera aux Jeux de Sotchi (Je pense en particulier à Martin St-Louis), nous sommes en droit de nous questionner sur la place des Québécois au sein de cette formation. En poussant un peu plus loin notre réflexion, pensez-vous que les joueurs Québécois sont traités équitablement et qu’ils sont victimes d’une forme de discrimination ? En d’autres mots, le joueur de hockey natif du Québec part-il avec une prise contre lui ?

D’abord, on peut retourner dans le passé et trouver des injustices dans la sélection d’équipes nationales au niveau professionnel. Nous pouvons également nous interroger sur la faible représentation de Québécois au sein de l’équipe junior du Canada. Rappelons-nous les années 1983-1984 où Mario Lemieux s’était plaint du traitement dont il était victime de la part de l’entraîneur en chef Dave King. Il avait même boudé l’équipe junior canadienne en 1984, ce qui avait provoqué sa suspension par la LHJMQ. Bref, déjà à cette époque, on sentait que les anglophones partaient avec une longueur d’avance lorsqu’on sélectionnait les équipes nationales.

Ensuite, on ne peut passer sous silence le livre-choc de Bob Sirois publié en 2009: « Le Québec mis en échec: la discrimination des Québécois dans la LNH ». Cet ancien joueur de la Ligue Nationale de hockey (LNH) est convaincu qu’il existe un préjugé défavorable envers les Québécois francophones dans la LNH.

Selon Sirois, un Québécois aurait plus de chances d’évoluer dans la LNH s’il avait un nom à consonance anglophone. Il semblerait, statistiques à l’appui, que si tu es un joueur midget du Québec et que ton nom est francophone, tu as une chance sur 618 d’être repêché dans la LNH comparativement à une chance sur 334 si ton nom a une consonance anglophone. Depuis 1970, on évalue à moins de 200 le nombre de Québécois francophones qui ont joué dans la LNH un minimum de 200 parties (si on veut parler de vraie carrière). De ce nombre, on a calculé qu’environ 40% avaient remporté des honneurs individuels, soit un trophée ou une participation au match des étoiles. Bref, si on analyse tous les tableaux du livre de Bob Sirois, on pourrait penser que la LNH souffre de francophobie. M. Sirois va plus loin en affirmant que: « La LNH est d’abord et avant tout une ligue de boeufs du Canada anglais, qui laisse bien peu de place aux grenouilles québécoises « .

Mais pourquoi en est-il ainsi ?? Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat. Il est vrai qu’avant 1970, les meilleurs joueurs du Québec étaient automatiquement dirigés vers le Canadien de Montréal. Je pense également que l’arrivée des Nordiques de Québec a beaucoup aidé au repêchage de joueurs francophones.

Malheureusement, le départ de ces Nordiques vers le Colorado a foutu en l’air la belle rivalité de la « 20 » et a certainement contribué au fait que les Canadiens de Montréal ont repêché moins de Québécois. Par ailleurs, nos voisins Américains retiennent de plus en plus l’attention lorsque vient le temps pour les équipes professionnelles de sélectionner de nouveaux talents. Il ne faudrait pas négliger non plus l’influence des Européens (Suédois, Russes, Tchèques, Finlandais) dans le repêchage annuel de la LNH.

Bref, il est évident que les joueurs Québécois sont boudés à chaque repêchage, mais faut-il s’en étonner et y voir à coup sûr un complot ?? Soyons réalistes, la LNH est une ligue avec une majorité d’équipes d’un autre pays (USA) qui évoluent dans des marchés où les gens parlent anglais. Il est donc un peu normal que les partisans s’attendent et préfèrent que leurs dirigeants choisissent des joueurs de leur nation. La seule équipe qui pourrait favoriser l’émergence de talents Québécois, c’est le Canadien de Montréal et ils n’ont pas prouvé dans les 25 dernières années qu’ils mettaient toujours la priorité sur les joueurs Québécois. On remarque une petite lueur d’espoir avec l’arrivée de dirigeants Québécois (Bergevin, Therrien…),

Ainsi, si on se projette dans l’avenir, quelles solutions peut-on mettre de l’avant pour accroître la proportion de Québécois dans la LNH ? Selon certaines personnes, dont Bob Sirois, le Québec doit absolument créer sa propre équipe nationale junior. Cette initiative permettrait de mieux connaître les joueurs Québécois et de prouver à la LNH et au reste du Canada que nous avons notre place parmi les meilleurs. On propose également de tout mettre en oeuvre pour favoriser le retour d’une équipe de la LNH à Québec. Je crois qu’un tel scénario donnerait une meilleure visibilité aux joueurs Québécois puisque Montréal et Québec reprendraient cette belle rivalité d’antan. Parions que Régis Labeaume va nous sortir un lapin de son chapeau.

Pour conclure, on ne peut affirmer à 100% que les joueurs Québécois sont toujours victimes d’une certaine forme de discrimination, mais de nombreux exemples nous viennent à l’esprit et semblent indiquer qu’à talent égal, on ne choisira pas un joueur francophone. Si vous me permettez, j’avancerais une dernière piste: Assurons-nous de bien développer nos jeunes Québécois dès leurs premiers coups de patin pour former des joueurs complets à tous les niveaux, ce qui favorisera certainement leur émergence lors des futurs repêchages. Qu’en pensez-vous ???

 

Photo: Reuters/ Jonathan Dyer 2014