Carcasses de phoque sans tête : bel et bien un phénomène naturel

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Les carcasses de phoque sans tête retrouvées sur les plages de la rive sud de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent, au début de l’été, seraient attribuables à un phénomène naturel, selon des scientifiques.

Les chercheurs excluent l’hypothèse la plus répandue pour expliquer la découverte de nombreuses carcasses de phoques morts et sans tête, au cours des dernières semaines.

Professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, Stéphane Lair, précise que la mort des phoques demeure une énigme. Pour le moment, aucune nécropsie n’a pu être effectuée puisque la décomposition des carcasses retrouvées était trop avancée.

Toutefois, l’observation de photographies laisse croire que la tête des animaux s’est détachée à la suite de l’action des nécrophages. « La carcasse va être attaquée très rapidement par les nécrophages, qui attaqueront les orifices en premier, le nez, la bouche et les narines, c’est donc la tête qui se détache en premier du reste du corps », explique Stéphane Lair.

L’hypothèse du braconnage a aussi été évacuée. « C’est, poursuit Stéphane Lair, quelque chose qu’on peut voir dans des endroits qui sont extrêmement éloignés où il n’y a pas d’activité, il n’y a pas de bateau, il n’y a pas de pêcheur, il n’y a pas de chasseur, il n’y a pas de touriste. Ça peut être retrouvé dans des endroits extrêmement reculés, tout cela nous dirige vers une cause naturelle. »

Si les découvertes des carcasses ont été plus nombreuses sur la rive sud, c’est en raison des courants du Saint-Laurent, ajoute M. Lair : « Le lieu de l’échouage n’est pas nécessairement le lieu de la mort. »

Le vétérinaire croit qu’il peut être normal de retrouver, cet été, un nombre de carcasses plus élevé le long des rives. « Ça ne veut pas nécessairement dire, commente le chercheur, que le taux de mortalité a augmenté. Si on a eu un pic de naissance lors de la dernière saison de reproduction, ça peut être normal de retrouver plus de carcasses. »

L’embrasement du monde médiatique autour du phénomène a tout de même eu des retombées positives, selon Josiane Cabana, directrice du Réseau d’urgence des mammifères marins.

Plus à l’affût, les signalements d’animaux en détresse ou de carcasses ont augmenté au début de l’été. « Ça nous a surpris d’une certaine façon parce qu’on constatait à quel point les gens suivaient l’actualité et surtout étaient intéressés d’essayer de comprendre et surtout de vouloir participer », commente Mme Cabana.

Le professeur Lair estime par ailleurs qu’il est important de surveiller la situation : « Est-ce qu’on a un pic de mortalité durant une certaine période? Cela pourrait signaler d’autres problèmes. »

Les scientifiques entendentpar contre suivre la situation pour la comparer aux autres années. « Mais on n’est pas à un niveau où on pense qu’il y a quelque chose d’inhabituel », ajoute Stéphane Lair.

Chaque année, environ 75 carcasses de phoques sont retrouvées sur les berges du Saint-Laurent.

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