Le fil d’arrivée…

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Je m’appelle Marie-Eve Bourque. Je suis propriétaire des boutiques Le Globe-trotter, Artisans du monde aux Îles-de-la-Madeleine.  Je suis maman monoparentale, femme d’affaires, grande voyageuse, rêveuse utopique, écrivaine à la mitaine à mes heures, sportive depuis toujours, mais triathlète depuis peu.
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Le 22 juin dernier, j’ai participé au Ironman 70.3 de Tremblant. L’épreuve comprenait en entrée, une nage de 1.9 km, pour ensuite monter à vélo pour un 90 km au soleil sur mes épaules rosées et finir avec un dessert salé : 21 km de labeur à la course à pied pour des genoux en gélatine.

En 2012, à trente ans, je suis revenue épuisée par des circonstances  difficiles de mon voyage commercial annuel en Asie. En rencontrant un médecin, on m’a offert deux prescriptions: l’une contenait un antidépresseur connu et l’autre une liste contenant 3 prescriptions personnelles que ce médecin m’avait demandé de faire devant elle. Sur cette prescription apparaissait les ordonnances suivantes : m’entrainer 4-5  fois semaines, diminuer autant que possible à 4 jours de travail ma charge hebdomadaire et respirer la vie tous les jours…

 
Parallèlement, j’ai fait l’exercice de dresser une liste de rêve que je voulais réaliser en prenant soin d’établir des limites de temps pour les atteindre, de faire le travail conscient que ces rêves ne sont pas que des utopies, mais qu’en activant la chimie du corps et de la psyché, je défricherais les sentiers me menant à la réalité.

 
Si l’on regarde mes résultats de cette épreuve du Ironman 70.3 de Tremblant, rien n’impressionnera personne ici. Le soir suivant l’épreuve, en me cherchant sur un tableau extérieur près du fil d’arrivée, je n’ai jamais trouvé mon nom. Nous étions plus de 2800 athlètes. Je figure au 110 rangs sur 120 de ma catégorie. Avant le départ, je chantais, riais et même baillais en raison de l’heure des sifflements d’oiseau et d’un réveille évidemment prématuré.
 Lors du départ des femmes de mon groupe d’âge, j’ai réalisé que je n’avais jamais nagé dans un lac. La peur m’envahit et les premiers battements de bras d’un troupeau de femmes sur ma tête et la peur d’étouffer m’ont fait faire une crise d’hyperventilation. Une bénévole du nom de Chantale m’a permis de me reposer sur son canot. J’ai perdu un 10-12 minutes (ou gagné) selon l’angle sous lequel vous regarder. J’ai repris confiance en moi et j’ai pu réaliser cette première épreuve d’un parcours laborieux.

Pour le vélo, une blessure à la cuisse arrière gauche m’a ralenti d’un autre 15 minutes le temps d’enlever la crampe que deux paramédicaux et moi croyions être un ligament étiré au 80 km.
Comme je finissais le vélo, j’ai couru sous le soleil brûlant et une douleur presque insoutenable.
J’ai terminé mon parcours grâce aux bénévoles qui m’ont fait danser dans les zones d’approvisionnement;
Grâce à Tracy, Jess, Mathieu ou Alain qui avaient leur nom placardé sur des bacs de vidange ou des panneaux de signalisation. Je me disais chaque fois que c’était comme mon nom;
Grâce à mon coach de natation qui m’a appris à nager, à respirer et surtout à méditer dans l’eau ;
Grâce à mes amis(es), connaissances Facebook qui m’ont donné des coups de pédales et une tape dans le dos à des moments opportuns;
Grâce à Daniel L’amoureux un des organisateurs et la petite Anouk qui m’ont suivi blessé le dernier 1.5 km afin que je complète ma course. 
D’abord dans leur petit «cart de golf» et ensuite à la course pour les derniers mètres…
À mes employées et ma famille proche pour m’avoir supporté et permise de m’absenter souvent…
À Catherine Coulombe, une amie que j’admire pour sa détermination et son effet d’entraînement dans cette quête de prendre soin de soi par le corps.
Aux gens des Iles-de-la-Madeleine pour avoir cru en moi lorsque je doutais…

Il y a 13 mois: je commençais à pédaler.

Il y a 10 mois: Nathalie Leblanc me donnait mon premier cours privé de natation.
Il y a 15 mois: je me suis décidé à faire de moi une Forest Gump  et courir enfin un premier 10 km.
Aujourd’hui,  le mérite que je m’accorde est celui de ma liberté, celui d’avoir choisi de vivre ma vie avec beaucoup de folie et de volonté…
En quelque sorte, j’ai grâce à vous tous réussi cette épreuve.

 
Merci spécial à Anaïs ma citrouille de 5 ans et demi qui m’a dit récemment qu’elle était fière de sa mère …