4h35 du matin aux Îles de la Madeleine, le coeur au Népal

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Revenir de loin, avec tout ce que le décalage nous inflige ; nuit courte, sommeil de jour, estomac trouble et fatigue chronique. S’impose une reprise des heures qui nous séparent du pays visité, dans ce cas-ci au nombre de 11 à 13, de la Thaïlande au Népal, de l’Inde à l’Indonésie. Ce temps qui avance, il nous éloigne tranquillement de la nostalgie du retour et parfois, des sensations qui demeurent collées à nos peaux fragilisées par ces doux contacts  avec l’amitié, la solidarité, le partage et la beauté de la différence.

IMG_1013Les premières semaines m’ont laissé des traces douces d’odeurs florales de Bali et de sa pluie qui a rendu au charme toute sa beauté. J’y ai entendu le son des klaxons des rickshaws de New Delhi et des vendeurs de tout dans mon sommeil éveillé. J’ai ressenti la densité du bruit de Bangkok et de sa chaleur déraisonnable lorsque je déballais les boîtes de la Thaïlande avec mon équipe et entendais en sourdine l’écho de la musique zen et méditative qui joue dans les rues du Thamel à Katmandou, au Népal. Cette sensation me ramenait à la reconnaissance ou à une certaine forme de gratitude pour ces contacts avec l’humanisme des gens sur cette route que mon métier me permet. J’y ai gravé des sensations et des images dans ma mémoire comme un rappel de bonheur. Une case à part, où par intempéries, il fait bon de se réfugier.

Même loin de ces lieux, je sens leurs effets sur moi. Lorsque l’on aime vraiment, une simple pensée peut nous ramener à l’autre, à un lieu, à une personne, à l’état amoureux. Mais aujourd’hui, mes pensées me ramènent aux quartiers de Katmandou et des frissons de la mousson me traversent le corps et me donnent froid. Il pleut sur ma tête et malgré mes efforts de générer des pensées positives, je ne cesse de penser à prendre un billet d’avion et de retourner donner au suivant au Népal. J’y rêve.

Pourquoi ? Parce que comme plusieurs d’entre vous se sont sentis touchés par l’histoire de Sunil, le guide de Dominique Vigneau et Jean-François Langford présents dans ces montagnes au moment de cette grande tragédie humaine, j’ai moi aussi un grand rapport de proximité envers ce peuple. Merci à ceux qui ont su partager leur humanisme avec une personne qui à son tour, partagera surement avec ceux qui ont eux aussi trop perdu.

IMG_1015Par trop d’engagements et parce que mon rôle de mère me demande d’être très présente, j’attendrai encore quelques mois avant de retourner dans un Népal bien différent et surtout au visage transformé…

Même après plusieurs semaines de récupération, de reprise du travail, le décalage revient. Je me réveille au midi de l’Himalaya et ne peux me rendormir. Je cherche à attraper des nouvelles.  J’écris à ces gens qui ont fréquenté ma route, les agents de mon agence de cargo, à mes fournisseurs individuellement, à mon guide et ami, Binaya, à ceux qui me manquent et manquent toujours à l’appel. Je tente d’alléger ma conscience lourde de peine et de leur transmettre mes sympathies, mon amour et mes meilleures pensées d’espoir.

Je me réveille étouffée, avec un sentiment d’être ensevelie sous du béton fragmenté, fracturée et le souffle coupé. Je sursaute en espérant le salut de ceux qui souffrent. Je souffre aussi. Je fouine sur notre plateforme Facebook ou partout ailleurs et tente de voir l’impossible et l’innommable. Des trésors de l’architecture repassent en image web, partout et sur mon iPad, celles de Bhaktapur, un village magnifique ou du Thamel à Katmandou et m’imagine être assise sur ses hautes marches et sentir le tremblement me faire perdre mon sourire pour le transformer en terreur.

Parce qu’impossible de faire mieux, je tente de participer à la campagne internationale d’aide envers le Népal, cible des organisations en lesquelles je crois et par mon commerce de faire aussi quelques pas vers eux. Cela se traduit par un don de 10 % sur toutes les ventes de produits provenant du Népal en boutique, nos plus importants fournisseurs et artisans de vêtements aux batiks colorés et de ceux faits de laine, les bols chantants, les articles de méditation et les fameux sacs pour femmes.

Des amis me sollicitent et « j’invente » de l’argent pour eux… tout comme ma grand-mère paternelle réussissait dans sa maison de Boisville Ouest à préparer 14 assiettes à sa progéniture malgré les temps parfois rudes en saison hivernale.

Je dis souvent que donner aux autres c’est se donner la chance d’être heureux. Penser à vos enfants, lorsque vous leur souriez jusqu’à l’obtention de ce reflet dans leur visage, vous récoltez quoi ? Des pièces d’or qui scintillent…

Vivre aux Îles de la Madeleine, c’est vivre dans un milieu solidaire, riche de partage du sens de la famille. Marcher dans les montagnes du Népal ou dans les rues escarpées de la région de Nuwakot, c’est aussi rencontrer des familles qui croient en l’entraide et qui ont la foi en leur communauté…

IMG_5731Aujourd’hui, les deux villages sont à reconstruire et des âmes ont laissé leurs vies sous les décombres. La pluie tombe parfois sur leur tente, mais nos cœurs réchauffent leur espoir. Je continue toute l’année à amasser des dons quels qu’ils soient. Vous pouvez contribuer par Internet sur accèsD en utilisant l’adresse courriel [email protected] ou sur le site web de la boutique.

L’argent sera distribué au village d’Attri et Binaya, deux amis de confiance qui, comme l’ensemble des Népalais, cultivent l’entraide au quotidien.

Comme me dirait mon ami Attri : « la valeur de la somme est moins importante que la somme de l’esprit solidaire ». Attri, qui pour sa part, a décidé de transformer sa manufacture en usine de fabrication de tentes de survie pour abriter son village.