Une paix si lointaine

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Le refuge

Chaloupe Grande-Entrée aOLYMPUS DIGITAL CAMERA

Les médias sociaux sont en train de nous montrer à quel point la méchanceté est omniprésente dans toutes nos sociétés, qu’elles soient occidentales ou ailleurs en ce monde. Alors que par le passé, seuls les puissants avaient droit de parole et en profitaient pour avilir les peuples, force est de constater qu’aujourd’hui, du moins dans nos pays dits libres, l’anonymat des réseaux sociaux montre sans aucune retenue, l’immense haine qui s’étale tout au long des répliques à la moindre expression libre étalée en public. Nul ne peut émettre une idée un tant soit peu à contre-courant populaire pour se voir insulté, trainé dans la boue littéraire d’un langage qui tient plus des immondices que d’une libre opinion ou réplique bien légitime. « C po bo »… moi j’vous l’dis. Alors, comme d’autres de mes amis, j’ai respecté ma parole de la semaine dernière. Je me suis réfugié dans la créativité, du moins celle que je connais, celle à ma portée.

Jules BourgeoisGalion dans Cap-VertOLYMPUS DIGITAL CAMERA

Il y a mon compagnon d’enfance, Jules, qui à la retraite, construit de superbes bateaux. Il y a mon ami Jean-Guy, qui lui aussi construit des bateaux. Des bateaux de guerre qui n’en sont pas, car ils appartiennent au passé, mais n’en sont pas moins des bijoux et une fuite imaginaire, à la voile, sur des galions imaginés sur les eaux du Cap-Vert. Il y a aussi mon ami Steeve, grand récupérateur de déchets et capable de transformer la moindre laideur en un bel objet d’art exprimant toute sa capacité créatrice.

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Et moi, j’ai sorti mes pinceaux et puis j’ai peint, toute la semaine. Il y avait des années que je n’avais pas peint un tableau. Les tubes de peinture étaient secs, figés ou disparus. Il a fallu en acheter d’autres et ce fut mon refuge à l’abri de ce monde de plus en plus fou. Un monde où des hommes enragés détruisent tout, même les plus grands trésors architecturaux et littéraires de l’humanité. Leur haine est d’un tel paroxysme qu’elle invite à la destruction, à l’humiliation et à la souffrance de tous les humains qui ne leur ressemble pas. Tout ce qui chante la vie leur est menaçant et tout ce qui ressemble à la mort les galvanise de fierté. On les qualifie de « fous de Dieu », mais il faut être au contraire, « disciples du diable » pour agir ainsi. Cela peut sembler anodin, mais c’est une vieille photo en noir et blanc d’une chaloupe échouée sur la plage à Grande-Entrée qui m’a servi de fuite devant tant de négativisme. Une fuite que je partage avec vous en vous montrant ce que cela a donné.

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Et puis j’en connais d’autres. Ils s’appellent Jean, Adrien, Denis, Marc et Paul,  qui armés de leur unique imagination, de leurs pinceaux, de leurs outils, de leur passion, construisent en petit, créent, inventent et de ce fait, font la guerre sans s’en rendre compte, à tous ceux qui ne font que détruire ce que Dieu s’il existe, à créé. Et je me suis dit que si tous les hommes et les femmes de la terre en faisaient autant, gageons qu’ils n’auraient jamais le temps de s’entre-tuer.

 Ce dernier dimanche matin, je suis allé à la messe. Non pas que je sois plus religieux qu’un autre, mais j’avais besoin de renouer avec une certaine sérénité que je trouve parfois dans les églises, même quand elles sont vides, surtout quand elles sont vides. Il y règne un silence entendu et c’est là que mon cœur s’apaise et qu’une certaine paix intérieure s’installe. Certains font du yoga, d’autres du tai-chi, les uns se défoncent dans des clubs d’exercices physiques, d’autres s’usent les basquets en kilomètres de course. À chacun sa voie pour trouver un peu de paix intérieure et c’est bien ainsi.

Cette semaine fut bien ardue, même si les événements mondiaux que l’on connait ne se passent pas si près de chez nous. Ils finiront bien par débarquer dans le cœur et la tête de gens d’ici et Dieu sait quel massacre ils feront. Le curé de ma nouvelle paroisse est un Nigérien. Dans son homélie de ce dimanche, il a tout simplement dit : « Dans mon pays, chaque jour des villages entiers de chrétiens et de musulmans se font massacrer par des extrémistes musulmans. Alors, tous ensemble, prions. » Ce fut dit avec un calme aussi solide qu’un mur de béton. Plus rien ne pouvait être ajouté. Il y avait là dans ces quelques mots jetés dans le vide d’une église où assistaient une quarantaine de fidèles, quelque chose d’inéluctable, un peu comme un abandon où devant la fatalité, il ne reste plus qu’à prier, tout simplement parce qu’il n’y a plus rien d’autre à faire.

66 ans - 2 Georges Gaudet