Philippe Couillard aux Îles-de-la-Madeleine : les espoirs des Madelinots

Publicité

Articles similaires

La visite du premier ministre Philippe Couillard aux Îles-de-la-Madeleine suscite bien des espoirs chez les Madelinots, qui demandent depuis des années à Québec de leur reconnaître un statut particulier lié à leur insularité.

Les spéculations vont bon train sur les intentions de Philippe Couillard sur cette demande officialisée en avril 2015 lors du dépôt à l’Assemblée nationale d’un argumentaire de la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine pour cette reconnaissance.

À l’époque, le maire des Îles, Jonathan Lapierre, se donnait deux ans pour convaincre le gouvernement.

Depuis longtemps, les Madelinots estiment que leur isolement en plein milieu du golfe leur coûte cher. D’autant plus, ajoutent-ils, qu’ils vivent dans un milieu maritime fragile. Le territoire est aussi très petit et ses ressources limitées, font-ils valoir.

L’insularité, mais aussi un environnement à protéger

Aéroport des Îles-de-la-Madeleine
Aéroport des Îles-de-la-Madeleine   PHOTO : JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES

Outre les surcoûts liés à leurs déplacements, un billet d’avion aller-retour peut coûter jusqu’à 1500 $, les Madelinots doivent aussi conjuguer avec l’instabilité des liens maritimes et aériens. Le transport peut même être une question de vie ou de mort lorsqu’il s’agit d’évacuer d’urgence un patient.

Les Madelinots sont aussi très dépendants des marchés extérieurs tant pour s’approvisionner que pour vendre leurs productions. Ça coûte aussi beaucoup plus cher. De plus, les habitants de l’archipel sont souvent aux prises avec une pénurie de main-d’œuvre et de services spécialisés.

Et ce n’est pas qu’un problème d’économie, c’est aussi un problème environnemental. La seule gestion des déchets de la population madelinienne est un problème majeur qui accapare 17 % du budget de 24 millions de la Municipalité.

plage-iles-de-la-madeleine
PHOTO : WIKIMEDIA COMMONS/CLAUDE BROCHU

L’environnement est aussi un souci important, puisque la préservation de la nappe phréatique, le traitement des eaux usées et la protection des berges exigent des investissements qu’on ne voit nulle part ailleurs. De plus, deux des principales industries des Îles, la pêche et le tourisme, dépendent directement de la préservation et de la qualité des paysages et de l’habitat.

Paradoxalement, sur le plan énergétique, les Madelinots sont entièrement dépendants d’une centrale thermique et comptent exclusivement sur les hydrocarbures pour s’approvisionner, ce qui constitue de plus en plus un problème tant sur le plan économique qu’environnemental.

Reconnaissance complète

Le premier ministre Philippe Couillard aux Îles-de-la-Madeleine
Le premier ministre Philippe Couillard aux Îles-de-la-Madeleine   PHOTO : ICI.RADIO-CANADA.CA

Au fil des ans, selon les programmes et ministères, certaines particularités de l’archipel ont été reconnues. Québec verse par exemple des primes d’éloignement aux employés de l’État qui travaillent aux Îles. L’hôpital dispose de budgets particuliers pour le transport des malades.

Toutefois, ce que veulent maintenant les Madelinots, c’est une approche intégrée de tous les programmes et interventions en fonction de leur insularité. Ils espèrent aussi que Québec leur accordera plus d’autonomie dans la gestion de leurs services sociaux, de santé et d’éducation et soutiendra leurs efforts de concertation.

Interrogé au printemps sur l’évolution du dossier, le député des Îles-de-la-Madeleine, Germain Chevarie, se montrait optimiste sur la volonté de son gouvernement d’accéder à cette demande, mais admettait que la formule pour y parvenir, une loi privée ou un décret gouvernemental, était toujours à l’étude.

Dans la foulée de ces demandes, le passage du premier ministre Philippe Couillard et de son ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, dans l’archipel était donc des plus attendus.

D’autant plus que le premier ministre a insisté fortement pour que les Madelinots viennent le rencontrer, jeudi en fin d’après-midi, « pour une journée historique ».

Un texte de Joane Bérubé

LA UNE : Port de Cap-aux-Meules   PHOTO : ICI.RADIO-CANADA.CA/MICHE-FÉLIX TREMBLAY