Le Forban

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Petit texte à fraîcheur d’été.

IMG_1630Je l’ai acheté alors qu’il émergeait à peine de sous la neige. J’eus beau vérifier méticuleusement toutes ses œuvres vives et œuvres mortes, il me parut en une relative bonne santé pour son âge. Ici, je dois spécifier qu’il s’agit d’un petit voilier, un dériveur en somme et non une personne humaine. Qu’à cela ne tienne, un bateau pour moi a toujours eu une âme, pour peu qu’on lui consacre quelques soins et qu’il nous prodigue soit des services ou des loisirs nous permettant une évasion ponctuelle d’un quotidien quelques fois bien morne.

Justement, mon petit dériveur s’appellera LE FORBAN, si jamais j’arrive à le remettre en condition pour qu’il navigue décemment au gré du vent et des coups de barre que son futur propriétaire voudra bien lui accorder. Pour l’heure, c’est plutôt lui qui s’évade de moi puisque j’ai découvert que ce petit forban était bien plus mal en point qu’il n’y paraissait à priori. Il faut dire que ces petites «bibittes» là, à l’état neuf, sans remorque et aucun accessoire, se vendent toujours dans les 10,000.$ au bas mot. Alors, comme je l’ai payé à peine plus du dixième de ce montant, c’est tant pis pour moi. D’abord, les moyens financiers n’y étaient pas et je ne sais pour quelle raison, mais j’ai toujours pris plaisir de redonner vie à tous les bateaux qui m’ont semblé abandonnés par des propriétaires peu soucieux de leur entretien. Certains se tournent vers les vieilles voitures, moi, ce sont les petits bateaux, particulièrement les voiliers. Quelque part, je pense qu’ils sont les mal-aimés de la navigation et méritent un meilleur sort que celui qu’on leur réserve.

Malheureusement, j’avais l’intention d’y consacrer temps, énergie et sous lors de la première quinzaine de juin. Pour cela, il me fallait une température clémente puisque le tout devait se réaliser à l’extérieur. Manque de chance, il a venté, plu et fait froid pendant 13 jours et demi sur la quinzaine disponible. Alors, il ne me reste que l’espoir d’une météo un peu plus clémente à raison de deux jours/semaine, et ce jusqu’à la mi-septembre pour que ce gentil moyen d’évasion agisse positivement sur mon biorythme animal. Sera-t-il prêt pour au moins une journée en mer d’ici septembre ? La question demeure très hypothétique et seul l’avenir le dira. En attendant, je lui ai refait une remorque décente, des roues, pneus et roulements à billes neufs puis sur le bateau, des cadènes renforcées et sécurisées, un tableau arrière renforcé, une dérive toute neuve en chêne massif dont il reste à recouvrir d’une bonne couche protectrice en résine époxy. Une personne a déjà écrit que l’attente et le cheminement vers un but accordaient autant de plaisir qu’une fois le but atteint. Cette personne avait certainement raison, du moins en partie. Petit à petit, je vois la transformation se révéler au gré des jours cléments et chaque fois que je serre les outils, je pars content de ma journée. Reste à remplacer les contours des trous auto-videurs et refaire la fibre de verre là ou l’âge, le soleil et les mauvais traitements ont laissé des cicatrices qui pourraient menacer la structure générale de la coque. Ensuite, le mât et les voiles seront hissées bien que le tout soit en bonne condition et le plaisir ultime sera d’apposer un joli ensemble de couleurs sur la coque et d’y inscrire son nom, LE FORBAN.

Sera-t-il mon complice sur les vagues de la baie du Cap-Vert, de la Baie de Plaisance ou du Havre-Aubert d’ici la fin de l’été ? – je n’en sais rien, mais j’aurai au moins eu le plaisir de l’y préparer et si jamais le projet arrive à maturité, je vous promets de vous en informer.

Bon été à toutes et à tous.

Georges Gaudet