Un peuple «Trumpé»

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Les marionnettes

OLYMPUS DIGITAL CAMERA Presque tout a été dit ou écrit sur l’élection de Donald Trump, d’où mon hésitation à écrire ce que j’en pense. Disons que je suis entré dans une période perplexe pendant au moins deux semaines. J’ai ainsi l’envie de commencer par ma conclusion personnelle et tenter de l’expliquer par la suite.

Le lendemain du 8 novembre dernier, un grand nombre d’étatsuniens ont servi le plus éclatant « F…k Y.. » de toute l’histoire américaine envers leurs élites électorales et parlementaires. Personnellement, si j’avais été étatsunien, j’aurais certainement voté pour Hilary Clinton, mais cela n’aurait pas été par passion, mais plutôt par manque de choix. Entre un clown vulgaire et la représentante d’une élite complètement déboulonnée de la base de son peuple, un triste choix s’imposait. Cependant, le problème est qu’en politique, tout est faussé pour gagner l’électorat. À la suite des résultats de cette dernière élection, il commence à m’apparaître évident que le peuple de ce pays vient de se faire « passer un sapin » de la plus belle façon.

Comprendre les « Trumpistes ».  

Ils sont des millions dans ce pays qui jusque dans les années 80/90, gagnaient entre 35,000. $ et 80,000. $ par année dans les industries très américaines de l’acier, du charbon, de l’automobile, du pétrole, de la fabrication d’armes et de l’ensemble des besoins secondaires tels les souliers, les vêtements, les produits de la ferme, la construction domiciliaire et j’en passe. Puis, en l’espace de moins de 30 ans, ils ont tout perdu. Les mêmes besoins existent, même qu’ils ont augmenté avec l’arrivée des ordinateurs. Alors, ces gens ont vu leur gagne-pain sortir de leur village, de leur ville, de leur pays, au profit de nations à la main d’œuvre bien moins coûteuse, grâce au libre-échange international de plus en plus de mise partout sur la planète. C’est ainsi que ces gens ont tout perdu. Vivant dans un pays où 1% de la population est super riche et qu’il en coûte en moyenne 10,000 $/année en frais de scolarité pour l’équivalent d’un Cegep au Québec et 80,000 $/année pour une formation universitaire, 10,000 $ pour un accouchement et 40% de la population sans couverture médicale, il ne fallait pas s’attendre à une élite intellectuelle bien formée pour mener de l’avant une réforme de fond sur l’écart vacillant entre les riches et les pauvres de ce pays. Quand tu vis sur les coupons de nourriture, que tu as perdu ton travail, ta maison, ta voiture et que tes enfants ne peuvent dépasser une 10e année à l’école ; quand de surcroit tu dois travailler à deux endroits, parfois trois pour un salaire diminué de moitié comparé à ce que tu gagnais une décennie auparavant, quand cette situation a détruit ta famille et mené au divorce, alors il ne te reste plus rien sur quoi t’accrocher. Si en plus, ceux-là même qui ont saisi ta maison déclarent faillite en cachant leur argent dans des abris fiscaux et te demandent via ton élite politique de sauver leurs banques, alors là, la coupe déborde.

 

Le « sauveur »

Alors arrive le « self made man », enfin, pas tout à fait, car son père était là avant lui comme le dit le vieil adage.  Il est vantard, fendant, méprisant, mais il te promet qu’il va faire le ménage dans tout ça. Il est en quelque sorte les gros bras qui promet de faire le grand ménage dans le bar. Mieux, il te promet de garder ton «gun» et d’en faire ce que tu voudras. Hitler n’a pas fait mieux et 55 millions d’Allemands, fiers travailleurs et bien instruits l’ont suivi dans une guerre épouvantable, il y a à peine 75 ans de cela. Voilà qui explique à mon avis pourquoi une majorité d’étatsuniens ont voté pour Donald Trump. Bien qu’on a traité d’idiots et de sans éducation ses partisans, il ne faut pas oublier non plus qu’un pays qui n’offre pas un niveau supérieur d’éducation à une majorité de sa population, ne peut se permettre d’insulter la masse de ses travailleurs dépouillés de ce qui leur reste. C’est un peu comme si on avait dit à ces gens : « Taisez-vous, vous êtes trop idiots pour comprendre. » Dit autrement : « fermez vos yeules. » Le grand-père de Boucar Diouf dirait certainement quelque chose comme ceci : « À cracher en l’air le nez face au vent, tu finis toujours par recevoir le tas en pleine face. »  …et c’est ce qui est arrivé le 8 novembre en soirée.

La grande manipulation

Les véritables dirigeants de ce pays ont encore fait un coup de maître. Ils sont les grands banquiers, les hyper riches, les propriétaires communs de multinationales qui, chaque seconde, par le moyen d’ordinateurs aux algorithmes puissants, jouent avec les valeurs monétaires à l’échelle planétaire. Cela s’appelle « la bourse », résumant ainsi l’ensemble des places boursières interconnectées entre elles tout autour de la terre. Pour ces gens, le seul danger à l’écroulement de leur système réside en une révolte mondiale, chose impossible à leurs yeux. Là où réside une possibilité de préserver ou d’augmenter la valeur boursière, ils n’hésitent pas à transférer des sommes colossales d’actifs d’une région à une autre, les accords de libres échanges étant l’outil par excellence aujourd’hui. Et pour cela, ça leur prend des politiciens capables de calmer leur peuple ou de l’envoyer en guerre s’il le faut. Cela leur prend des politiciens capables de donner l’illusion de régler les problèmes de leurs partisans, même de leur mentir s’il le faut. D’autres moyens existent pour soutenir tout cet attirail de contrôle. Des enfants privilégiés, triés sur le volet et qui iront aux meilleures universités du système tout en interdisant à la masse le même accès. À cela, on ajoutera des jeux si attrayants qu’une fois les « hot-dogs » payés, les peuples n’auront pas envie de se révolter devant… tant de plaisirs.

C’est ce qui est arrivé le 8 novembre dernier aux États-Unis. L’élite a voulu faire taire la masse en la traitant de sans-éducation, voire « niaiseuse sur les bords ». La frustration et la souffrance avaient fait déborder le vase depuis longtemps. Flairant le danger, il fallait trouver non pas un émissaire, mais deux diamétralement opposés. D’une part une personne disant en privé aux banquiers qu’elle était de leur bord tout en disant à ses partisans politiques exactement le contraire et puis d’autre part, un pantin à l’allure de réussite, grossier personnage, caricature de carnaval, mais capable de pointer les frustrations du plus grand nombre en lui promettant de régler ses problèmes par des moyens plus farfelus les uns que les autres. Et devinez pour qui les hommes d’affaires de Wall Street, ces personnages les plus influents de la terre ont voté dans une proportion de plus de 80%, selon certains sondages ? – pour Donald Trump évidemment. C’est tout dire.

Épilogue

Je sais, les gens comme moi qui croient en une conspiration mondiale se font ridiculiser sur la place publique et je n’en ai que faire. Conspiration organisée, peut-être que non, mais amalgame d’intérêts communs qui se rejoignent, la chose me paraît évidente. Les pantins sont au pouvoir, les vrais dirigeants sont en arrière. Malheureusement, dans le cas des États-Unis, chaque citoyen est muni de plusieurs fusils. Quant à leur récent pantin élu, une fois que le peuple réalisera qu’il a été trompé et que cette marionnette détient les codes nucléaires, ce ne sont pas seulement les États-Unis qui vont trembler, mais l’ensemble du monde. Reste à espérer que les « véritables » dirigeants de cette planète qui sont eux aussi des humains, auront l’intelligence et la force suffisante pour maîtriser les monstres qu’ils ont créé de toutes pièces.

Le lendemain de l’élection Étatsunienne, l’ambiance médiatique internationale m’a rappelé bien des souvenirs. J’ai vécu plus d’une année entière auprès de familles toutes républicaines. J’ai vainement tenté de les comprendre. On me surnommait « affectueusement » le socialiste. Le 9 novembre dernier, je ne fus pas surpris de constater qu’une majorité de gens qui ne peuvent se payer ni dentistes, ni protection médicale, ni éducation, ont voté massivement pour un type qui ne s’est pas caché pour leur dire qu’il leur en enlèvera encore plus.

Non surpris, mais désolé, je me suis évadé dans un autre univers bien plus rassurant que celui promis par nos marionnettes de ce monde. J’ai sorti ma boîte de pinceaux et tubes de peinture, puis je me suis mis au travail. Le résultat sera connu la semaine prochaine…peut-être. Bonne semaine à toutes et à tous.

Georges Gaudet