Flétan de l’Atlantique : vers une autre augmentation prudente des quotas

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Bien que le flétan de l’Atlantique soit une espèce de plus en plus présente dans le golfe, les scientifiques estiment qu’ils ont besoin de plus de données pour comprendre l’évolution de la population.

Le quota de flétan est établi tous les deux ans. Les recommandations des scientifiques, pour les deux prochaines années, tiennent donc compte de tendances très positives mais aussi d’une absence de vue d’ensemble sur cette espèce, dont le prix au kilo est le plus important des poissons pêchés dans le Saint-Laurent.

Si la tendance se maintient, les quotas seront sans doute revus à la hausse lors de la prochaine rencontre du comité consultatif en mars prochain. Les débarquements sont à des niveaux qui n’ont pas été observés depuis les années 50.

D’année en année, les quotas augmentent. Ils ont quadruplé depuis 15 ans. « C’est 10 à 12 % d’augmentation par année et les pêcheurs n’ont aucune difficulté à récolter la ressource allouée », indique Mathieu Desgagnés, biologiste en évaluation de stocks à l’Institut Maurice-Lamontagne.

Les pêcheurs observent une présence plus importante et les recensements des jeunes ne montrent aucun signe d’affaissement. « On sait aussi que pour les trois ou quatre dernières années, c’est plutôt stable. On sait qu’il s’en vient une quantité importante de petits poisons, ceux qui ne sont pas encore dans la pêche », indique M. Desgagnés.

Depuis 2010, les pêcheurs n’ont plus le droit de débarquer des poissons de moins de 85 cm.

Des inconnus

Les facteurs qui expliquent cette présence accrue du flétan de l’Atlantique ne sont pas tous connus. Les scientifiques croient que des changements de température dans les masses d’eau ou dans la chaine alimentaire pourraient expliquer une partie de cette hausse.

Le sébaste plus abondant dans le fleuve depuis quelques années est d’ailleurs une proie de ce poisson qui peut peser plusieurs dizaines de kilos. « Mais on a vu une augmentation du flétan bien avant qu’on observe l’augmentation du sébaste », relève M. Desgagné.

Le ministère des Pêches et de Océans (MPO) gère toutefois la ressource avec modération. Le MPO a jusqu’à maintenant préféré être prudent dans ces recommandations faute d’une bonne évaluation de la biomasse reproductrice.

Des incertitudes importantes, comme le nombre de gros reproducteurs, empêchent les scientifiques d’avoir une vue globale sur le prélèvement effectué par la pêche.

Les données sont manquantes. En effet, les pêcheurs vont préférer débarquer des prises de 85 à 100 cm, puisque les prix sont plus élevés pour ces poissons, en raison de mesures incitatives. « Pour les femelles de flétan atlantique, on considère qu’à 130 cm seulement, 50 % sont en âge de se reproduire », expose M. Desgagnés.

Des discussions sont en cours entre les flottilles et Pêches et Océans pour financer une évaluation complète des stocks.

En 2015, les quotas de pêche pour le flétan de l’Atlantique ont été fixés à 1036 tonnes pour les 5 provinces de l’Est du Canada. Dans l’ensemble du golfe, le quota est divisé entre une douzaine de flottilles. Historiquement, les pêcheurs du Québec obtiennent un peu moins de 43 % de ce contingent.

 

Un texte de Joane Bérubé
LA UNE : Un bateau de pêche Photo : Radio-Canada/CBC