Pourquoi trouve-t-on parfois du plastique dans l’estomac des baleines?

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Comment 30 sacs de plastique peuvent-ils se trouver dans l’estomac d’un cétacé? La question a été soulevée après la découverte d’une baleine à bec de Cuvier échouée en Norvège en janvier dernier, dont le système digestif était rempli de sacs de plastiques et d’autres déchets produits par l’humain. La baleine à bec a-t-elle volontairement mangé les déchets?

Le cas des sacs de plastique touche surtout les baleines à dents, car elles mangent de larges proies. Lorsqu’ils sont gonflés d’eau, les sacs peuvent rappeler la forme d’un calmar, une proie de prédilection pour les baleines à bec et les cachalots. Le cétacé pourrait donc se méprendre sur la nature de son repas, malgré ses talents en écholocalisation

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Les déchets trouvés dans le cachalot du CIMM

Quand on sait qu’un calmar géant peut mesurer plus de 10 mètres, il est compréhensible de découvrir un filet de pêche de 13 mètres de long ou encore une pièce de voiture de 70 cm dans un cachalot échoué sur la côte de la mer du Nord en Allemagne. Sauf que ces morceaux ne se digèrent pas de la même façon qu’un poisson, et des cas de perforation, de lésions, de blocage ou encore de malnutrition sont documentés chez les mammifères marins.

Les plus petits objets peuvent être tout aussi néfastes et être avalés en même temps que les proies. En 2011, déjà, Baleines en direct se penchait sur le sujet du plastique dans le fleuve. À ce moment, Catherine Couillard, chef de section en recherche écotoxicologique à l’Institut Maurice-Lamontagne (IML) de Pêches et Océans Canada, précisait que «l’ingestion de plastique peut parfois mener à la mort des animaux ou à un dépérissement avec perte de condition et problèmes reproducteurs. Les morceaux de plastique sont des substrats qui augmentent le risque d’attachement et d’introduction d’espèces invasives qui peuvent entrer en compétition avec les espèces natives et perturber l’écosystème ». En d’autres termes, en plus de nuire directement aux animaux, les déchets peuvent aussi leur nuire indirectement, en modifiant l’écosystème par la présence de substances auxquelles la faune et la flore ne sont pas habituées.

Moins pire pour les baleines à fanons?

Jusqu’à maintenant, les baleines à fanons, aussi appelées baleines mysticètes, sont moins touchées par les larges morceaux de plastique, mais elles ingèrent néanmoins des microplastiques, soit des fragments de moins de 5 mm de diamètre. Ces petits morceaux les affectent de façon plus insidieuse. Le plastique, en se décomposant, libère des substances toxiques. Ces substances sont également ingérées par les proies des baleines, qui à leur tour les contaminent. C’est le principe de la bioaccumulation.

Les baleines peuvent aussi s’empêtrer dans des déchets, causant parfois des blessures et même la mort.

Par Marie-Ève Muller
LA UNE : Les sacs trouvés dans le ventre d’une baleine de Cuvier échouée en Norvège © Université de Bergen

Sources

Baleines en direct: Actualités sur la pollution

Are baleen whales exposed to the threat of microplastics? (Marine Pollution Bulletin, 2012)

de Stefanis, Renaud, Gimenez, Joan et Eva Carpinelli, «As Main Meal For Sperm Whales : Plastics Debris», Marine Pollution Bulletin, numéro 1-2, volume 69, 2013, p.206-214.

Espagne : un cachalot tué par le plastique des serres d’Andalousie (Sciences et Avenir, 08/03/2013)

L’estomac d’une baleine échouée contenait trente sacs de plastique (Radio-Canada, 04/02/2017)

Microplastic in a macro filter feeder: Humpback whale Megaptera novaeangliae (Marine Pollution Bulletin, 2015)

Rémy, Élise. «Les plastiques biosourcés présentent-ils moins d’impacts négatifs pour l’environnement que les plastiques issus de la pétrochimie?», Essai de maitrise, Université de Sherbrooke, 2014, 184 f.

Sperm Whales Found Full of Car Parts and Plastics (National Geographic, 31/03/2016)