Un câble sous-marin de 220 km vers les Îles-de-la-Madeleine

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Hydro-Québec alimentera les Îles-de-la-Madeleine en électricité au moyen d’un câble sous-marin de 220 kilomètres de long, à partir de 2025. Un projet de centaines de millions de dollars qui permettra de mettre en veilleuse la polluante centrale au diesel de l’archipel. Les Madelinots approuvent, mais s’inquiètent pour les emplois liés à la centrale thermique.

La centrale au diesel produit 125 000 tonnes de gaz à effet de serre par année, soit la moitié du bilan d’Hydro-Québec dans la province. À l’échelle des Îles, son remplacement par un câble transportant de l’énergie de source renouvelable réduira de 94 % l’émission de GES de la société d’État.

«C’est un jalon important de la transition énergétique», indique Anick Dumaresq, conseillère aux relations avec le milieu pour Hydro-Québec. La société d’État s’est engagée à remplacer ses réseaux autonomes au diesel par des sources moins polluantes, rappelle-t-elle.

Mme Dumaresq était à l’Anse-à-Beaufils, près de Percé, mercredi, pour consulter et informer les Gaspésiens, de chez qui le câble partira.

Le câble a été choisi parce qu’il s’agit d’une solution «robuste et fiable», dit-elle. Le poste électrique de Val-d’Espoir, dans l’arrière-pays de Percé, sera relié à celui de Cap-aux-Meules, aux Îles. Entre les postes et les plages, on enterrera le câble le long des routes, pour un tracé terrestre total d’environ 20 km.

Le câble quittera la terre ferme sur la plage de Coin-du-Banc ou de Cap-d’Espoir, côté gaspésien, et sur la plage de Fatima ou du Corfou, côté madelinot. Une fois l’installation terminée, on ne verra «rien du tout» du câble enfoui, garantit le chef du projet, Louis-Philippe Bérubé.

Tracé à déterminer

Le tracé exact en mer n’est pas déterminé, dit M. Bérubé. «Cet été, on va faire des relevés pour déterminer le type de fond marin. L’objectif est de faire le tracé de moindre impact et de protéger notre câble.»

Le corridor étudié, où la profondeur maximale est de 120 mètres, traverse des zones de pêche au crabe des neiges et au homard. Le câble sera enterré, recouvert de pierre ou d’une coquille d’acier, explique M. Bérubé, ce qui élimine les risques d’accrochage avec les engins de pêche.

Le câble sera en fait formé de deux câbles électriques de 10 centimètres de diamètre, et d’un câble de fibre optique pour les besoins de communication d’Hydro-Québec. Il transportera un courant continu de 150 000 volts. La puissance sera de 80 mégawatts, comparativement à 66 pour la centrale thermique.

Hydro-Québec alimente déjà l’Isle-aux-Coudres au moyen d’un câble sous-marin. Mais aucune ligne maritime au Québec n’a l’envergure du projet entre la Gaspésie et les Îles.

À titre de comparaison, le câble mis en service l’hiver dernier entre Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse mesure 170 km, mais à une profondeur supérieure et à l’orée de l’Atlantique, nuance M. Bérubé.

Quel coût?

Il est trop tôt pour mentionner les coûts, dit le chef de projet. La société d’État affirme quand même que le câble sous-marin lui fera économiser 20 % à 25 % des coûts d’exploitation, évalués sur 40 ans, par rapport à la centrale thermique.

Après avoir comparé avec des projets ailleurs dans le monde, le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, estime que le câble pourrait coûter entre 500 et 700 millions $. M. Bérubé n’a pas voulu commenter cette estimation. Le type de fond marin a beaucoup d’impact sur les coûts, a-t-il seulement indiqué.

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PLUS DE 80 EMPLOIS À PROTÉGER, DIT LE MAIRE

GASPÉ — La centrale au diesel d’Hydro-Québec génère 82 emplois aux Îles-de-la-Madeleine, et agit comme un moteur économique essentiel. La remplacer par un câble sous-marin, c’est d’accord, en autant qu’on compense ces pertes d’emplois, déclare le maire Jonathan Lapierre.

Le projet de câble sous-marin est «une excellente nouvelle sur le plan environnemental et technique, une grande économie au plan des gaz à effet de serre», convient le maire de la municipalité des Îles-de-la-Madeleine.

Mais la centrale est «le quatrième moteur économique des Îles «avec 82 employés d’Hydro-Québec, un nombre «énorme» sur l’archipel de 12 300 habitants. S’ajoutent les emplois indirects, puisqu’Hydro-Québec encourage les Madelinots à chauffer leur maison au mazout, avec 3000 de ses 6000 foyers convertis.

«L’entretien et l’installation est fait par des entreprises locales», signale M. Lapierre.

«Pour nous, c’est inquiétant à ce niveau. On voit mal comment ces emplois et ces retombées peuvent être remplacés par un câble sous-marin.» La centrale demeurera «en réserve» pour les épisodes de maintenance du câble sous-marin, et ce dernier créera certains emplois, pour un total d’environ 40, estime le maire, soit la moitié des travailleurs actuels. Il craint que les autres employés d’Hydro-Québec soient mutés.

«Une famille qui quitte les Îles, ça peut vouloir dire une fermeture d’école. Il faut trouver une manière de compenser ça. C’est un enjeu majeur.»

Hydro se fait rassurante

Hydro-Québec fait de la télésurveillance de son réseau, «ça peut être fait à partir des Îles-de-la-Madeleine», propose M. Lapierre. Des employés madelinots de la société d’État ont une expertise en réseaux autonomes, des systèmes aussi présents dans le Nord québécois. «Il pourrait y avoir une équipe volante à partir des Îles», suggère le maire.

La société d’État se fait rassurante : «Hydro-Québec s’est engagée à garder ce niveau d’emplois [80] aux Îles-de-la-Madeleine», a déclaré Anick Dumaresq, conseillère en relations avec le milieu pour Hydro-Québec. Elle n’a toutefois pas été en mesure de préciser de quelle manière.

Hydro-Québec sera aux Îles les 19 et 20 juin, à la Maison de la culture de Havre-aux-Maisons, pour informer et consulter les Madelinots.

 

 

LA UNE : Hydro-Québec étudiera les fonds marins cet été dans le corridor où le câble sous-marin sera enfoui, ont expliqué le chef de projet Louis-Philippe Bérubé et la conseillère en relations avec le milieu Anick Dumaresq.