Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

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Par Donald Longuépée
Extrait 10 de 10


Des mots d’amour… encore et encore!

Un mot relie toutes les personnes que j’ai nommées et dont je vous ai parlé trop brièvement au cours de ces textes et toutes les autres dont je meurs d’envie de vous parler, de vous nommer, ce mot est : AUTHENTICITÉ. Des gens debout qui te regardent dans les yeux lorsque tu leur parles, des ouvriers de la Vérité, des gens qui ne jugent pas, des gens qui savent écouter, des amoureux et amoureuses de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent et qui les ont choisies pour broder leurs rêves les plus fous et les plus nobles, les plus beaux. Des gens qu’il fait bon rencontrer, entendre rire, entendre nous raconter, entendre dans leur sourire cet innommable goût de vivre et de chanter la VIE dans le concert de cette mer encore sauvage et indomptable, malgré la modernité arrivée à leurs côtes, à leurs rives, à leurs portes et dans leurs chaumières de nuits en nuits étoilées et ce, depuis des lunes. Ce sont mes héroïnes et mes héros bien à moi qui m’ont inspiré et qui ont permis à plus d’un, de nous « amouracher » de la vie et de vivre avec l’essentiel, même lorsqu’on croit qu’il ne nous reste plus rien… Ces personnes et toutes les autres ainsi que ces HAUTS-LIEUX de mémoire sont l’incarnation des héroïnes et des héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent…

Dans un effort de mémoire collectif osé mais combien méritoire, j’aimerais tellement qu’on revoie la toponymie des Îles de la Madeleine pour nous assurer de ne jamais oublier les gens qui, par leurs actions, leurs réalisations, ont écrit notre histoire – LA VRAIE – et ont marqué à tout jamais nos vies. Les plus grands parmi les grands, et ce dans différents domaines.  Un groupe de travail pourrait être mandaté pour mener à bien et avec intégrité un tel projet.  Les modalités de fonctionnement de cette initiative sont à déterminer, mais il n’y a pas plus grand héritage, je crois, que nous pourrions ainsi léguer aux générations madeleiniennes à venir !

Même si tous les toponymes restent à valider, certaines des héroïnes et certains des héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent pourraient ainsi s’inscrire dans notre mémoire collective.  Pourquoi le sentier vert qui traverse les Îles ne porterait-il pas le nom de Hugo à Serge Barrette; pourquoi le futur Centre multisports ne porterait-il pas le nom de Centre multisports André à Félix Poirier ; pourquoi l’Hôpital ne porterait-il pas le nom du docteur Eudore Labrie ou celui du docteur Jean-François à Eugène Solomon et que chacune de ses ailes, le nom de médecins et de professionnels de la santé; pourquoi ne pas construire enfin une salle de spectacle et lui donner le nom de Rosaire à Johnny Vigneau; pourquoi le poste de police ne porterait-il pas le nom d’Edmond à Ernest Renaud; pourquoi le CLSC ne porterait-il pas le nom de Garde Clothide au Grand Jean Hubert; pourquoi la Polyvalente ne porterait-elle pas le nom de Sœur Rose-Délima à Alcide Gaudet et chacune de ses ailes, le nom de nos bâtisseurs en éducation; pourquoi le Musée de la mer ne porterait-il pas le nom de Frédéric à Fred Landry; pourquoi la Route 199 ne porterait-elle pas le nom de Denise Leblanc-Bantey à Redger; pourquoi l’aéroport des Îles ne porterait-il pas le nom de Jean à Raymond Lapierre qui fut ministre fédéral du Transport; pourquoi chacun des ports des Îles ne porterait-il pas le nom de nos plus célèbres loups de mer; et combien d’autres toponymes pourraient encore et encore honorer les ingénieux et vaillants architectes de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent…

Je laisse un petit mot à nos amis visiteurs qui se rendent aux Îles, surtout ceux qui y vont pour la première fois. Afin de bien vivre au rythme des Îles, avant votre départ prenez soin de télécharger gratuitement le Magazine Les Îles à l’adresse suivante: www.magazinelesiles.com ou de le consulter électroniquement durant votre séjour ; et dès votre arrivée, n’oubliez pas de vous procurer le Guide touristique officiel disponible au bureau de l’Association touristique des Îles situé à la sortie du traversier sur le Quai de Cap-aux-Meules ; ni de syntoniser la station de Radio CFIM 92.7 FM « Le Son de la Mer » ; ni de vous brancher sur le Portail officiel des Îles de de la Madeleine ; et non plus, évidemment, de vous procurer un exemplaire de l’hebdomadaire Le Radar, disponible partout sur les Îles.

Prenez le temps d’aller voir les spectacles d’artistes de chez nous et d’ailleurs, d’aller rencontrer nos artisans et nos créateurs dans leurs boutiques et dans leurs ateliers, d’assister à un souper-conférence de Mario à Hénérie à Orcini Cyr, à son restaurant le Bistro Plongée Alpha de Grande-Entrée, « l’expert mondial de plongée sous les glaces, le Spieldberg des profondeurs » océanes, de marcher dans Les Sentiers entre Vents et Marées – le « Compostelle » madelinot – de fréquenter le site historique de La Grave à Havre-Aubert ainsi que les divers sites d’exception à différents endroits dans mes Îles, de vivre une journée à l’Île d’Entrée et d’aller – si possible – à l’Île Brion, d’aller voir de près l’Île du Corps-Mort ainsi que l’Île du Rocher-aux-Oiseaux, d’aller faire de l’équitation sur les plages, surtout au coucher du soleil, de vous promener à vélo, d’aller sur la Butte du Vent, de faire l’exploration des cavernes de surface en habit iso-thermique à Grande-Entrée lorsque la température le permet et qu’il y a des disponibilités, d’aller observer les oiseaux et les loups-marins, de cueillir des fruits sauvages en tout respect de la propriété privée, de fréquenter nos restaurants, même les casse-croûte offrent des repas de très grande qualité, de visiter nos églises et nos autres lieux où l’Histoire vous charmera, de vous promener sur les quais, dans chaque île; n’oubliez pas de demander aux gens de l’endroit que vous visitez de vous indiquer les vues les plus spectaculaires et pittoresques, d’aller à la rencontre des Madeleiniennes et des Madelinots qui seront si fiers d’échanger et de discuter avec vous. La chaleureuse et proverbiale hospitalité madelinienne vous enivrera de bonheur. N’oubliez surtout pas d’assister à un lever de soleil sur le quai de Grande-Entrée, ni d’aller à la pêche aux coques, ni de vous faire raconter l’histoire du Ponchon, ni d’emprunter le Chemin des amoureux en étant très prudent, tout en vous faisant expliquer ce toponyme, ni d’embrasser la mer, le sable, la brume et le vent pour moi…

Je vous livre ce texte en chantier, avec l’espoir de pouvoir en poursuivre l’écriture et le terminer un jour, pour rendre ainsi hommage à mes héroïnes et mes héros de mer, de sable, de brume et de vent, d’hier et d’aujourd’hui, les mères, les pères, les filles et les fils de ce chapelet d’Îles en plein milieu du Golfe Saint-Laurent comme ajouté au huitième jour de la création. Hommage à rendre à nos bâtisseurs et à leurs héritiers, cette jeunesse à pied d’œuvre avec leur pioche, leur archet, leur pinceau, leur crayon, et leurs bras et leurs rêves et leurs espoirs, posant ainsi ma pierre sur la cathédrale de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent. Mais, bien conscient aussi, comme l’écrivait avec tant d’à-propos le moine, ascète, philosophe, théologien et économiste allemand Anselm Grün : « Seul celui qui a la patience d’attendre le printemps, comme le jardinier, peut observer la naissance du bourgeon. Par son travail, le jardinier peut préparer la voie au printemps, mais il ne peut pas en précipiter l’arrivée. Le printemps arrive quand il veut, le jardinier ne peut que l’attendre. » Souhaitons-nous alors, pour paraphraser Chrétien Guillaume de Lamoignon de Malesherbes, mais dans le sens opposé de son propos que la livrée de fleurs soit ce que nous promettent les bourgeons.

Ce texte, même inachevé, est un temps d’arrêt dans ma vie pour te dire à toi, population madeleinienne, que je t’aime… que je t’aime pour ton âme, pour ton âme qui aime mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent… toi qui les rends si irrésistibles, toi qui en fais un havre de Paix et de Quiétude, un haut-lieu de ressourcement…

Je t’envoie ces mots, comme bouteille à la mer, un peu comme le fut Le Ponchon en ce 2 février de l’an 1910 dans ce qui est devenue la plus belle, la plus singulière et la plus haute expression historique de notre insularité… ces mots, je te les offre comme une gerbe de fleurs de pétales en écume, sans savoir si elle te parviendra un jour…

Avec toute ma tendresse et mon affection

Donald à Donat à Clémé


1 Ce texte, avec quelques modifications, fut publié, pour la première fois, dans un ouvrage collectif, aux Éditions Création Bell’Arte, 2016, ISBN : 978-2-923033-66-2.


Donald Longuépée est né aux Îles de la Madeleine. Il a étudié en littérature à l’Université Laval et en administration à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. Il est actuellement conseiller aux dossiers métropolitains à la direction générale de la Ville de Repentigny, et ce depuis 2006. En dehors de ses champs d’intérêt et d’expertise liés à son travail, la littérature, la spiritualité, l’histoire, la philosophie, les sciences, la psychologie et tout spécialement l’âme humaine exercent chez lui un attrait particulier.

 

Photo : Daniel Boudjack