Des crayons, du papier et des pilules

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Je n’ai pas eu d’enfant, mais j’ai été professeur. Trois années pour être exact et j’ai adoré mon expérience. C’était pendant les années soixante-dix. S’instruire et instruire nos semblables était la priorité de nos gouvernements. L’éducation et la santé étaient déjà les deux plus gros ministères, mais ils n’étaient pas encore « contaminés » par nos grands penseurs et gestionnaires comme ceux que nous avons d’aujourd’hui.

À la lumière de ce qui se passe de nos jours dans le monde de l’éducation, le tout alimenté par les médias, force est de reconnaître que le monstre a pris du galon et est devenu un panier de crabes dont chacun des princes un tant soit peu investis de pouvoir, travaille uniquement pour les intérêts de son groupe et pas nécessairement pour l’intérêt à la fois des enfants et des enseignants. Étrangement, ces deux entités sont passablement oubliées, noyées dans l’équation « qualité de l’enseignement vs coûts associés. » Derrière ce paravent se cachent bien des intérêts pas nécessairement voués au bien-être des enfants et des enseignants. Bien sûr, on me répondra que je suis de la vieille école. Curieusement, je n’en ai pas honte. J’ai toujours cru que les ingrédients majeurs pour la réussite scolaire d’un jeune tenaient en quelques articles et sujets peu nombreux, mais essentiels. D’abord de l’amour, un lieu sécuritaire, quelques crayons, du papier, de bons livres, un tableau, de la craie et un professeur imparfait, mais amoureux de ses classes et de son métier. OK! je vous entends déjà rire parce que je dois avoir l’air d’un dinosaure. Je vous l’accorde, mais remarquez bien que j’ai mentionné des gens et des outils essentiels de base. L’histoire du monde nous rappelle sans cesse que les crayons et le papier laissés dans des mains expertes furent des armes bien plus efficaces que les meilleurs épées et canons. Bien sûr, je ne rejette aucunement les ordinateurs, les calculettes, les I-Book et autres objets du genre. Ils sont des outils efficaces, mais encore faut-il qu’ils soient ce qu’ils doivent être. Des outils et non une fin en soi, le tout au service de profiteurs en tout genre. Gageons qu’il n’y a pas que dans le financement des partis politiques, les métiers de la construction et le monde médical qu’il y a magouille pour ne pas dire ce mot terrible : « collusion », sans conséquence bien sûr ici au Québec. La défunte commission Charbonneau en étant un parfait exemple. Il faut voir la liste exigée aux parents à chaque début des classes pour se rendre compte à quel point le système est rongé de l’intérieur. Les marques de crayons sont spécifiques, les cahiers, les quantités et même les endroits où acheter sont, non pas suggérés, mais « exigés ». Et là, on ne parle pas des spécialistes de souliers, de sacs à dos, etc., etc. Ayant été aussi moniteur en conduite automobile pendant 5 ans, j’ai vu des jeunes ados avec un agenda digne d’un chef d’État et poussés par une obsession de réussite tellement lourde que malheureusement, je l’ai constaté à quelques reprises, il ne leur restait que les moyens néfastes d’évasion que vous connaissez tous comme seule solution à leur angoisse.

Ce matin je suis tombé par hasard sur le commentaire suivant d’un parent exprimant sa colère sur un réseau social.

J’en ai marre! On demande à des enfants de 4 ans d’aller sur des bancs d’école et de ne pas bouger……. et de se concentrer….. et d’arrêter d’être dans la Lune…… et ça continue à 5 ans, 6 ans, 7 ans et tout à coup, ils sont diagnostiqués « trouble d’attention » et les joyeuses compagnies pharmaceutiques ont comme par hasard les pilules parfaites pour les calmer, les mettre dans le rang, les endormir. Bizarrement, ces enfants sont identifiés comme étant le problème. Comment se fait-il que personne ne pense à regarder le système d’éducation? – pourquoi? Sommes-nous devenus infaillibles comme société? Prétendent-ils que « notre système est parfait et que ce sont les enfants qui sont imparfaits? » C’est de la foutaise! Je suis prêt à en débattre n’importe quand et avec n’importe qui, car mon âme me dit que j’ai raison. Vous me direz : « Je suis prof et il y a vraiment des cas graves. » Et moi je vous répondrai : « une année sabbatique de liberté et d’amour sans école serait parfaite dans la plupart des cas. » Comment peut-on vouloir que tous les enfants aient les mêmes rêves, les mêmes besoins? Laissons les enfants rêver et vous verrez, ils changeront le monde, ce monde que nous avons vendu aux marchands de pilules et aux marchands de bidules.

 … Guy St-Onge

Lorsque l’on était plus jeune, les garçons et les filles parlaient et bougeaient en classe. Les professeurs faisaient souvent la police et se faisaient respecter. Aujourd’hui, les enfants n’ont plus le droit de bouger ni de parler, juste écouter et emmagasiner tout le « savoir » qu’on veut bien leur transmettre. Ils n’ont plus aucun sens de la critique, car c’est mal vu. Je suis heureuse d’avoir eu mes enfants à l’époque où les pilules ne régissaient pas le monde et je plains les parents d’aujourd’hui qui envoient leurs enfants à la manufacture de robots.

… Dominique Damien

Et les professeurs

Eux aussi sont les victimes du système. On exige tellement d’eux tout en les enfermant dans un carcan d’enseignement qui n’a rien d’humain. Classes trop nombreuses, enfants rois, parents irrespectueux, voire méprisants envers ceux qui s’occupent de leurs enfants plus qu’eux-mêmes ne le font, écarts énormes entre les meilleurs en classe et ceux ayant de graves problèmes réels d’apprentissage. Nivellement par le bas et soumission absolue à un régime dirigé par de supposés penseurs cachés dans de grandes tours à bureaux en ce super ministère de l’éducation.

Je suis entré à l’école à l’âge de six ans et sincèrement, je ne crois pas que cela a fait une énorme différence dans mon parcours de vie. On m’a permis d’être un enfant avant de devenir autre chose. Quand je revenais de l’école, mon père pouvait me demander : « As-tu été gentil avec la “maîtresse” aujourd’hui? » et je connaissais les conséquences d’une négation sans raison valable. Aujourd’hui, trop d’enfants se font demander : « l’institutrice a-t-elle été gentille avec toi aujourd’hui? »

 

Finalement, tous semblent malheureux dans le système actuel, sauf bien sûr, les vendeurs de pilules, les vendeurs de bébelles en tout genre et les ministres qui coupent dans les budgets les plus essentiels à l’équilibre d’un système d’éducation qui devrait être au centre du développement naturel des enfants tout en étant respectueux de la profession de celles et ceux qui ont pour tâche de cheminer avec eux.

Georges Gaudet