Pour un débat plus étendu sur l’exploration gazière

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C’est le premier constat qui ressort de la soirée de consultation sur la mise en valeur de l’exploitation des hydrocarbures dans les bassins de la baie des Chaleurs, d’Antiscoti et de Madeleine.

Une trentaine de personnes ont répondu, mardi soir, à Gaspé, à l’invitation de Genivar qui a organisé trois rencontres en Gaspésie. Mandatée par Québec pour réaliser le programme d’évaluations environnementales stratégiques, Genivar présente pour l’occasion un rapport préliminaire sur les futures activités d’exploitation et d’exploration gazière et pétrolière dans le golfe.

À Gaspé, où un groupe de citoyens s’est mobilisé pour le maintien d’un moratoire sur les activités des entreprises gazières et pétrolières dans le golfe, les gens présents à la rencontre ont souligné la rigueur du travail de Genivar. Un des citoyens, Simon-Philppe Lalonde, a d’ailleurs profité de la tribune pour relever que le constat de Genivar venait renforcer ces convictions. « Juste à voir ce que vous avez présenté là, on n’est pas prêts », a lancé M. Lalonde. 

Processus peu connuD’autres ont critiqué le manque de publicité entourant la consultation. Ils ont souligné que beaucoup de gens en Gaspésie ignoraient que la consultation était en cours et ont demandé à Genivar d’en améliorer la promotion. Ils ont en outre noté la méconnaissance générale des impacts de l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe sur la faune, la flore, les activités de pêche et la qualité de vie.

C’est d’ailleurs ce que relève le professeur et chercheur de l’UQAR, Émilien Pelletier. L’océanographe, spécialisé en écotoxicologie, estime que le document de consultation n’est pas à la portée de tous. Sa compréhension demande, poursuit M. Pelletier, des connaissances spécialisées.

Il relève que le travail de Genivar n’est pas de remettre en question l’exploitation pétrolière dans le golfe. « C’est pour ajouter des éléments au rapport, en particulier des perceptions, des dangers annoncés par les gens. Les gens vont aller encore une fois répéter leurs craintes de voir une industrie mettre en danger d’autres industries. C’est le problème de la consultation, on consulte pourquoi au juste? », demande le chercheur. 

Une analyse des étapes à franchirD’après Émilien Pelletier, ce rapport est par contre très important. « Il propose d’établir tout le schéma de travail, toutes les étapes de travail pour arriver à l’exploitation pétrolière dans une dizaine d’années. […] Ce rapport ne questionne pas ou non d’avoir une exploitation pétrolière dans le golfe. Il le tient en fait pour acquis au départ », analyse l’océanographe.

Le site Internet de l’évaluation environnementale stratégique où il est indiqué que le « programme d’EES contribuera à réunir toutes les conditions nécessaires au développement harmonieux des ressources pétrolières et gazières que recèle le sous-sol marin québécois » corrobore cette interprétation de la consultation.

Lors de son passage à Gaspé, Genivar a complété ce propos en indiquant que si Québec décidait de lever le moratoire, il sera essentiel d’établir un cadre légal sur les hydrocarbures pour prévoir le versement de redevances à la hauteur des risques encourus. 

La tournée se poursuitLa consultation sur la mise en valeur des hydrocarbures dans les bassins de la baie des Chaleurs, d’Antiscoti et Madeleine est en cours depuis le 3 octobre.

La tournée de consultations publiques de Genivar dans les villes côtières et maritimes de la Basse-Côte-Nord, de la Côte-Nord et de la région de la Gaspésie-Les Îles a été lancée le 19 octobre à Havre-Saint-Pierre et se terminera le 9 novembre à Cap-aux-Meules. Genivar sera à Chandler, mercredi, et Bonaventure, jeudi.

D’autres consultations ont lieu auprès des communautés autochtones et d’organismes régionaux et nationaux. Genivar a aussi lancé une consultation en ligne. Les gens ont jusqu’au 2 décembre pour y participer.

L’évaluation du golfe Saint-Laurent arrive après celle de l’estuaire. L’ensemble des deux études porte sur un territoire de 140 000 km2.

Genivar déposera son rapport final au gouvernement en 2012. Le gouvernement ne ferme pas la porte à davantage de consultation à la suite de cet exercice.