Vives critiques de la consultation sur l’exploitation des hydrocarbures dans le Saint-Laurent

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La Conférence régionale des élus de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine (CREGIM) juge défavorablement le processus de consultation adopté par Québec dans le cadre de l’Évaluation environnementale stratégique (ÉES 2) sur la mise en valeur des hydrocarbures dans le golfe du St-Laurent.Après avoir analysé le rapport préliminaire de la firme Génivar, déposé au ministère des Ressources naturelles et de la Faune le 16 janvier, les élus de la Gaspésie concluent que beaucoup d’éléments manquent toujours pour prendre une décision éclairée sur la question de l’exploration et l’exploitation pétrolière et gazière dans le golfe.Le président de la CREGIM, Bertrand Berger, note, d’entrée de jeu, que les savoirs locaux des associations de pêcheurs, de mariculteurs, des groupes autochtones et des élus n’ont pas été pris en considération dans la récolte d’informations préparatoire à la constitution du rapport préliminaire.Une image fausséeBertrand Berger, président de la Conférence régionale des élus de la Gaspésie-Îles-de-la-MadeleineBertrand Berger constate aussi que le rapport présente une image de la région négative et peu réaliste sur le plan socioéconomique. Il est d’avis que les développements économiques des dernières années n’ont pas été pris en considération.Dans le mémoire déposé par la CREGIM, les auteurs relèvent que les termes « dégradation », « faible », « difficile » sont récurrents dans le rapport pour qualifier la situation économique de la région. Ils demandent de nuancer ces affirmations en ajoutant certaines données qui font état des progrès accomplis.La CREGIM soutient qu’il faut une évaluation environnementale portant sur l’ensemble du golfe, indépendamment des frontières entre les provinces. Selon l’organisme, le gouvernement fédéral aurait intérêt à s’entendre avec les provinces et les régions entourant le golfe pour harmoniser les différents cadres légaux en matière de gestion des ressources naturelles.Pour les élus, la consultation n’a pas permis aux populations locales de s’exprimer véritablement, ce qui leur fait dire que la faible importance accordée à la concertation dans l’ensemble du processus d’ÉES, fait douter du poids réel accordé à l’implication des communautés.Les chefs de file gaspésiens se demandent aussi pourquoi les communautés qui résident le long de l’estuaire n’ont pas été consultées. Selon eux, ces populations sont également exposées en raison de leur proximité avec le golfe et du phénomène des courants.Nombreuses incertitudesLa CREGIM soutient aussi que contrairement à ce qu’indique le rapport déposé par Génivar, le principe de production et de consommation responsable, l’un des 16 principes de développement durable, n’a pas été considéré dans l’analyse. Ainsi, les effets sociaux à long terme de la production d’hydrocarbures n’ont pas été répertoriés, selon l’organisme.La CREGIM indique aussi qu’il existe toujours plusieurs incertitudes scientifiques. Il n’y a pas, par exemple, d’étude systémique qui analyse les différents écosystèmes et leur interdépendance.Les élus mettent en doute également les critères qui ont guidé la firme Génivar pour inventorier et classer les zones de sensibilité. Ils se demandent notamment pourquoi la Baie-des-Chaleurs n’est pas considérée, au même titre que les littoraux madelinots et du Nord-Est de la Gaspésie, comme une zone de forte sensibilité.D’ailleurs, les auteurs du mémoire de la CREGIM demandent que la vulnérabilité de la région, en cas de catastrophe écologique, soit mise en lumière dans le rapport final.Une vraie consultation publiqueLa porte-parole de la Coalition Saint-Laurent, Danielle Giroux, ajoute sa voix à celle de la Gaspésie. Mme Giroux estime aussi que la consultation est incomplète.Elle dénonce surtout le fait que les populations locales n’ont pas pu répondre à l’avalanche de données réunies par Génivar.¨ « Même les scientifiques disent avoir manqué de temps pour analyser ce rapport qui sera très important pour l’avenir du golfe. Il faut vraiment comprendre qu’on va vivre avec le rapport final ensuite », soutient Mme Giroux.L’organisme, qui avait demandé, en vain, la prolongation de la période de consultation, exige maintenant un véritable exercice public. La coalition reproche au gouvernement d’avoir accordé, pour la première fois, le mandat de consulter le public, à une firme privée.Pour sa part, le chargé de projet de Génivar, Christian Couette, se contente de dire que le moment n’est pas encore venu de faire un débat en profondeur qui conduira à la décision d’aller de l’avant ou non avec l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent.Un texte de Richard Lavoie

 

 

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