Le loup-marin : Une industrie, trois communautés, une réalité et des problématiques importantes

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Dans le cadre du Rendez-vous loup-marin, le Centre d’interprétation du phoque et l’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine ont organisé une rencontre avec les intervenants du milieu et les invités du Nunavut et de Terre-Neuve, le vendredi 1er mars 2013, à Grande-Entrée.Plus d’une vingtaine de personnes étaient présentes pour entendre parler de la réalité des trois communautés, soit les Îles-de-la-Madeleine, le Nunavut et Terre-Neuve. Le représentant des Îles était M. Denis Longuépée, président de l’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine, celle du Nunavut était Mme Aaju Peter, avocate, activiste et récipiendaire de l’Ordre du Canada, et le représentant de Terre-Neuve était M. Eldred Woodford, président de la Canadian Sealers Association. Ces trois personnes sont très impliquées dans le développement économique et la défense de l’image de la chasse aux phoques dans leur communauté, au Canda ainsi que partout dans le monde. Il s’agit d’une cause qui leur tient vraiment à cœur, car cela fait partie de leur tradition et qu’ils croient en la nécessité de contrôler la ressource afin de rétablir l’équilibre écologique, économique et médiatique.Les échanges avec les intervenants ont été très intéressants et chacun a pu en apprendre beaucoup sur la réalité des autres communautés. Du côté du Nunavut, Aaju Peter a, entre autres, parlé de l’augmentation rapide des troupeaux de phoques du Groenland dans sa région. Ceux-ci « voyagent en groupes et détruisent tout », dit-elle. Et comme le disent les aînés de sa communauté : « S’il y a surpopulation d’une espèce, les animaux seront malades et plusieurs crèveront de faim. Une population en santé cela ne veut pas dire le plus d’animaux possibles. Il faut contrôler la population d’une espèce pour que celle-ci soit en santé. »Elle rappelle que les chasseurs inuit pratiquent encore le partage des biens. Ainsi, quand ils chassent, ils partagent la viande avec les autres membres de la communauté. Ils ne reçoivent pas d’argent pour cela. Et comme les marchés se ferment, ils ne peuvent pas vendre les peaux ou sinon à très bas prix. C’est donc une problématique majeure pour cette communauté.Concernant la clause de l’embargo européen permettant aux Inuit de chasser de façon traditionnelle et pour la subsistance, il s’agit d’une clause inapplicable et inacceptable pour les Inuit. « C’est comme si on leur demandait de vivre des centaines d’années en arrière. Eux aussi veulent vivre en 2013. Et puis, quand une peau est à vendre, comment détermine-t-on que l’animal a été abattu par un Inuit pour des raisons de subsistance et de façon traditionnelle?  Ce que les parlementaires européens voudraient serait de la peau d’animal abattu par des Esquimaux qui mangent de la viande crue et qui chassent avec le harpon. » Pourtant, tous les chasseurs chassent pour des raisons de subsistance, qu’ils soient Inuit, des Îles-de-la-Madeleine ou de Terre-Neuve.Eldred Woodford a fait part de sa participation au World Trade Organisation en Suisse, en février dernier. On a alors appris que les États-Unis n’appuyaient pas l’embargo de l’Union européenne, car celui-ci a été fait sur des bases émotionnelles. Il a aussi parlé du dernier encan de fourrure, à Copenhague, où les fourrures d’animaux se sont très bien vendues, particulièrement celle de vison qui a atteint les meilleurs prix jusqu’à ce jour. Le vison est la fourrure sur laquelle on se base pour déterminer la valeur des autres fourrures. Malheureusement, celle de loup-marin fait face à une discrimination pour des raisons morales. S’il n’y avait pas ces embargos sur les produits du loup-marin, on pourrait donc obtenir d’excellents prix pour sa fourrure. Eldred a cependant remarqué que le monde commence à ouvrir les yeux à ce sujet, car il réalise que cela peut créer un précédent et peut devenir inquiétant pour le marché des autres fourrures.Les deux invités du Nunavut et de Terre-Neuve ont tenu à remercier le Rendez-vous loup-marin de les avoir invités à participer aux activités de la semaine. Ceux-ci ont réalisé qu’ils avaient beaucoup à apprendre et ont été impressionnés par l’événement et touché par les hommages rendus à deux chasseurs madelinots, Jean-Claude Lapierre et Ghislain Cyr. Comme le disait Eldred Woodford : « Nous n’avons rien de semblable à Terre-Neuve ». Aaju Peter a mentionné qu’elle a compris qu’il faut changer d’approche et a trouvé particulièrement intéressante cette façon d’aller dans la communauté et de faire de l’éducation d’abord chez soi. Elle prévoit d’ailleurs s’inspirer de la soirée hommage du Rendez-vous loup-marin et faire cela dans sa communauté.De son côté, Denis Longuépée a rappelé que les populations de loups-marins ne sont pas en danger. Elles sont plutôt en surpopulation et cela a des impacts graves sur l’écosystème. Tout comme ses collègues du Nunavut et de Terre-Neuve, il se dit très « optimiste quant à l’avenir de la chasse, car maintenant les trois communautés travaillent côte à côte et allient leurs forces et leurs voix pour défendre les droits des chasseurs et pour rappeler la nécessité de contrôler les populations de loups-marins afin de rétablir l’équilibre. »L’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine et le Centre d’interprétation du phoque sont fiers de cette initiative et croient aussi qu’il s’agit d’un pas important pour l’avenir des communautés. Les gens présents sont repartis avec plus de connaissances et sensibilisés sur le sujet. Déjà, l’Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine et le Centre d’interprétation du phoque pensent aux activités de l’an prochain et aux façons d’inclure à nouveau nos partenaires du Nunavut et de Terre-Neuve dans le Rendez-vous loup-marin 2014.

Sur la photo : Aaju Peter, Denis Longuépée et Eldred Woodford.Source : Association des chasseurs de phoques des Îles-de-la-Madeleine