ÉES2: Martine Ouellet et les intervenants régionaux réagissent

Publicité

Articles similaires

Une seconde année de surveillance du hareng printanier aux Îles

Un programme de surveillance communautaire entreprend sa seconde année...

Lysandre Cyr Langford présente son premier livre au Salon du livre de Québec

Le mercredi 10 avril dernier, Lysandre Cyr Langford, auteure...

La pollution plastique omniprésente sur nos berges

Organisation bleue publie aujourd'hui un rapport qui fait le...

 

La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, affirme avoir compris les conclusions de la deuxième évaluation environnementale stratégique (ÉES) sur l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent, même si, à ses yeux, des études plus élaborées seront nécessaires.Mme Ouellet soutient que l’étude réalisée par Génivar dresse un portrait de la situation, mais qu’elle ne constitue pas l’aboutissement d’une démarche.« On n’a pas encore commencé à explorer le gisement, rappelle Mme Ouellet, on parle particulièrement d’Old Harry, on doit encore parfaire les connaissances. On doit encore consulter les populations. L’étude est un élément important, mais ce n’est pas l’élément qui va clore le débat. »La ministre a déjà annoncé la mise sur pied de deux comités d’experts qui auront pour mission d’analyser les volets économique et technique, notamment pour approfondir certains aspects qui, selon la ministre, n’ont pas été étudiés en profondeur dans l’ÉES.« Certains chapitres m’ont laissée sur ma faim, soutient Martine Ouellet, en particulier celui sur de l’économie, où l’analyse est un peu légère. »La ministre croit qu’il ne faut pas mettre un frein aux projets en cours en raison des conclusions de l’ÉES.« On a deux choix : continuer à acheter notre pétrole à l’extérieur […] ou décider de l’exploiter. On pense que ça vaut la peine d’examiner la possibilité de l’exploiter, mais il faut qu’on ait une démarche avec l’ensemble des conséquences pour les impacts environnementaux, les moyens de mitigation qu’on peut mettre en place, les impacts sociaux et quels sont les impacts économiques. Ensemble, en tant que société, on va pouvoir décider si le jeu en vaut la chandelle. »Capacité d’interventionSelon l’étude de la firme Génivar, la capacité d’intervention actuelle en cas d’urgence est déficiente. La ministre des Ressources naturelles reconnaît que le plan d’urgence en cas de marée noir doit être amélioré.« C’est une responsabilité fédérale, souligne Martine Ouellet, mais on a une grande préoccupation de ça au Québec. On va s’assurer de faire le suivi de ça auprès du fédéral et de recommander des modifications pour s’assurer d’avoir la capacité d’intervention en cas d’urgence. »Réactions du milieuSelon le titulaire de la chaire de recherche en Écotoxicologie marine de l’Université du Québec à Rimouski, Émilien Pelletier, le rapport final de la firme Génivar est un document beaucoup plus sérieux que la version préliminaire. Il soutient que cette deuxième étude a été fortement influencée par les consultations publiques. Émilien Pelletier affirme que parmi les huit constats du rapport, la multiplicité des juridictions entourant le golfe du Saint-Laurent et la baie des Chaleurs représente le principal défi. « On a cinq provinces concernées en plus du gouvernement fédéral, précise M. Pelletier. Il va falloir beaucoup de bonne volonté des gouvernements et ça va prendre plusieurs années à avoir ce que le rapport souhaite, c’est-à-dire une seule entité. »L’Agglomération des Îles-de-la-Madeleine accueille très favorablement le rapport de Génivar. Le maire Joël Arseneau soutient que l’étude « donne raison à l’approche de précaution » qui est préconisée par le conseil de ville . Le manque de connaissances techniques et environnementales soulevé dans le rapport rejoint les éléments invoquées par l’Agglomération dans une une résolution adopté en juin 2010. Les élus s’étaient alors prononcés en faveur d’un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent.« Le danger, croit Joël Arseneau, c’est de faire miroiter des retombées extraordinaire pour le Québec et les communautés, alors que ce n’est pas un gisement [Old Harry] qui est avéré, c’est une structure géologique où on pense qu’il peut avoir des ressources. » Joel Arseneau est d’avis que Québec doit prendre le temps de bien faire les choses: « On commence déjà à engranger les profits virtuels, avant de savoir si c’est une bonne idée d’aller explorer parce qu’il y a des risques pour l’environnement, des risques pour nos économies liées à la pêche et au tourisme, et ce, dans l’ensemble des provinces du golfe. Je pense que c’est mettre la charrue devant les bœufs ».Quant aux pêcheurs des Îles, ils souhaitent que l’on crée une agence indépendante pour le pétrole. « Toutes les industries qui dépendent du golfe du St-Laurent, explique la porte-parole Annie Landry, doivent s’en remettent au gouvernement qui veut à tout prix aller de l’avant et à la compagnie qui va minimiser les risques pour faire plus de profits. Donc, quand on a une agence indépendante qui s’occupe de la sécurité, on a un tout un autre système de réglementation qui se met en place. »La ministre Martine Ouellet dit être « très à l’écoute » des préoccupations des Madelinots. Elle précise avoir ajouté une journée de consultations de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec dans l’archipel, notamment parce qu’elle connaît la sensibilité des insulaires envers l’exploitation des hydrocarbures dans le golfe.Les écologistes saluent l’ÉESAttention FragÎles, le mouvement pour la valorisation du patrimoine naturel madelinot, est satisfait que le l’étude environnementale stratégique constate que l’acceptabilité sociale est loin d’être acquise dans les communautés ceinturant le golfe du St-Laurent. Le mouvement réitère l’importance d’une étude du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). La présidente d’Attention Fragîles et porte-parole de la Coalition Saint-Laurent, Danielle Giroux, demande une étude exhaustive et complètes : « On demande de réelles consultations ce qui n’a pas encore été fait. »Le porte-parole de la coalition québécoise Non à une marée noire, Stéphane Poirier, est également heureux que l’étude accorde une aussi grande place à l’absence d’acceptabilité sociale. « C’est la preuve, selon M. Poirier, que c’est la mobilisation porte ses fruits. Si on voit que les gens ne s’occupent pas de la politique, on voit que la politique s’occupe de nous, d’où l’importance de noter les éléments scientifiques, qui nous permettent de dire que le fleuve St-Laurent est un milieu trop fragile pour permettre l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures. »

 

 

Pour en savoir plus