COMMUNIQUÉ INTÉGRAL
Aux Îles de la Madeleine, l’expression fait image….Quand on roule un poisson dans la farine, c’est que tout est prêt pour le faire frire et le manger!
Dans la saga de la vente au privé du Phare de l’Anse-à la Cabane qui oppose des citoyens des îles-de-la-Madeleine au Ministère Pêches et Océans (MPO) et à leur Municipalité, on dirait bien que le Comité de sauvegarde du Phare (CSP), la Corporation pour la sauvegarde du patrimoine bâti de l’Île du Havre-Aubert (Corporation), plusieurs autres organismes, les citoyens, voire le Conseil municipal lui-même se sont fait rouler dans la farine. La vente par le MPO, a été confirmée au CSP, le 21 octobre 2013 :
« La promesse d’achat a été signée pour la cession du Phare en septembre dernier par les deux parties. […] Dans ces conditions, nous ne pouvons plus interrompre le processus de disposition en faveur de madame Mercier qui est sur le point de procéder avec le déménagement de ses bâtiments.»
Le phare sera déménagé (prévision début novembre) sur le terrain de M. Pierre Lavallée, ex-président de BPR et Mme Louise Mercier, responsable de l’acquisition. Le ministère Pêches et Océans (MPO) ne semblait pas savoir le 15 octobre 2013 qu’il y avait une promesse d’achat signée depuis septembre. En réponse à sa demande de surseoir à la vente, il avait alors écrit au Comité de sauvegarde du Phare :
«Nous vous confirmons que même si le Ministère est sur le point d’officialiser la vente, nous allons attendre des éclaircissements rapidement de votre Comité et de la Municipalité. »
Le Conseil aurait approuvé la cession sans l’information pertinenteCertains conseillers municipaux sortants ont écrit au Comité de sauvegarde du Phare suite à l’envoi du premier communiqué. L’un d’eux dit : «Je crois que nous (les élus et les fonctionnaires) sommes tous un peu responsables de la mauvaise gestion de ce dossier même si avec l’information que nous avons reçue, il était probablement logique de prendre cette orientation… Maintenant avec ce que l’on sait, je crois que l’information était en partie fausse , incomplète et probablement complaisante.».Depuis 2003, la municipalité n’a pas répondu à l’appel des citoyensComme si le manque d’information n’était pas suffisant, le Conseil n’aurait pas de mémoire….et ses fonctionnaires non plus! Ainsi, le maire Joël Arseneau, en rencontre avec les citoyens de l’Île du Havre-Aubert mardi soir (dans le cadre de la campagne électorale) est resté stupéfait d’apprendre que la Corporation pour la sauvegarde du patrimoine bâti du Hâvre-Aubert avait, avec d’autres organismes du milieu, formellement déposé à la municipalité en 2003, une résolution dans le sens de conserver le phare dans la communauté, une résolution appuyée par une pétition de quelque 2000 signatures.La démarche auprès de la municipalité s’inscrivait dans la suite de l’événement de trois jours de visites d’interprétation du Phare, organisé conjointement par la Corporation et le Centre nautique de l’Istorlet. Ces visites, à l’automne, avaient attiré presque 600 visiteurs. Mme Rita Castonguay, directrice de l’Istorlet et membre du conseil de la Corporation en 2003, possède encore aujourd’hui la magnifique collection de panneaux explicatifs de tous les phares des îles, préparée pour l’occasion… de même qu’une documentation unique et impressionnante supportant un projet de route des phares aux îles.
La rencontre du maire sortant avec les citoyens du HâvreMardi soir, Mme Fabienne Chevrier, membre fondatrice en 1992 de la Corporation, a lu intégralement la résolution déposée à la municipalité en 2003. M. Arseneau n’en avait jamais entendu parler… Sa réponse : j’ai été élu maire en 2005. Selon toute vraisemblance, les fonctionnaires de la municipalité qui sont là depuis plus de 10 ans n’auraient pas, en 8 ans, transmis cette information au maire.En plus des 2000 signatures de citoyens, les organismes suivants s’ajoutaient à la Corporation pour la requête auprès de la Municipalité : le Centre nautique de l’Istorlet, le Musée de la mer, Tourisme Havre-Aubert et Arrimage, la Corporation culturelle des Îles-de-la-Madeleine. La résolution précisait que «les phares devaient rester la propriété de la Municipalité des Îles de la madeleine ou d’un organisme à but non lucratif bien implanté et reconnu dans le milieu». La résolution suggérait également le classement historique du phare de l’Anse-à-la-Cabane et de ses dépendances.
M. Arseneau a dit que « depuis qu’il était en poste, il n’y avait pas eu d’intérêt pour le Phare dans la communauté et que la proposition de M. Lavallée avait été vraiment bienvenue ». Dans la foulée de cette proposition et pour raison d’érosion appréhendée, le directeur de l’aménagement (à la municipalité depuis la fin des années 70) écrivait et faisait (en 2013) téléphoner son équipe aux signataires de la demande patrimoniale pour accélérer l’acquisition du Phare, leur demandant de retirer leur signature.Pour résumer la soirée qui a largement porté sur le Phare, voici le témoignage de Francine Cormier, une madeleinienne de la diaspora en vacances sur le Chemin du phare :«Après la réunion d’hier soir, je conclus que tous les efforts, l’énergie et le temps que les citoyens ont donné pour la sauvegarde du phare depuis plus de 10 ans, les pétitions signées par des milliers de personnes, la municipalité a tout mis ça au classeur no. 13 (poubelle) car le maire nous a bien dit hier qu’il n’avait pas vu ça. C’est d’une honte inexplicable. »Manger le poisson… bien sûr!Tout le monde sait que manger du poisson ne nous apprend pas à le pêcher ! Il y a aux Îles de la Madeleine, plein de bons pêcheurs… qui savent lancer une ligne, tendre des filets, draguer les fonds et même… déjouer le homard ! La saison de pêche au «Phare de l’Anse-à-la-Cabane» n’est pas finie…C’est qu’il y a plein de monde qui, comme le Comité de sauvegarde du Phare, considère que le Phare est un bien patrimonial à protéger certes mais qu’il doit rester, sinon revenir, dans la communauté pour être accessible au public.
Source : Comité de sauvegarde du Phare
