Les Îles en rouge, la Gaspésie en bleu

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Seule la circonscription des Îles-de-la-Madeleine est passée aux libéraux avec réélection du député défait en 2012, Germain Chevarie. Bonaventure, une circonscription qui fut longtemps sous un règne libéral sans partage, a résisté à la vague rouge qui a déferlé sur le Québec.

Le politologue Jean Bernatchez, de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), relève que le vote dans l’Est du Québec a été très différent de celui du reste de la province. «

Dans chacune des circonscriptions, relève M. Bernatchez, les résultats sont assez convaincants à la fois du côté du Parti québécois et du Parti libéral. Il n’est pas rare que les candidats aient obtenu plus de 50 % des voix. » Il n’y a pas eu de luttes à trois en Gaspésie ou au Bas-Saint-Laurent comme il y en a eu dans d’autres régions du Québec, ajoute-t-il.

Dossiers régionaux

Réélu dans Gaspé pour un second mandat, le député du Parti québécois (PQ) Gaétan Lelièvre pense que son parti aurait pu faire une meilleure campagne électorale. « On aurait pu, croit le député de Gaspé, amener une plateforme plus complète qui correspondait plus aux réalités de l’ensemble du Québec et de certaines régions, notamment de la Gaspésie. C’est du jamais vu et on doit apprendre, comme gouvernement, comme parti. »

Gaétan Lelièvre croit que le PQ doit faire un examen de conscience sur les raisons de sa défaite. Par contre, le député de Gaspé indique qu’il continuera à défendre les dossiers de la région et demeurera vigilant sur les dossiers de la cimenterie de Port-Daniel, de l’éolien, du chemin de fer.

Il estime que le chef du PLQ, Philippe Couillard a été « très tiède » sur ces dossiers lors de son passage dans la région. « À partir des déclarations que Philippe Couillard a faites au cours des derniers jours, ces dossiers ne sont pas sécurisés », juge Gaétan Lelièvre.

Cette préoccupation est aussi partagée par le maire de Gaspé, Daniel Côté, qui se montre inquiet relativement aux intentions du nouveau gouvernement dans le dossier de l’éolien.

Il rappelle que Philippe Couillard s’est dit favorable à l’implantation des 800 MW d’énergie éolienne annoncés par le gouvernement Marois.  Le nouveau chef du gouvernement a manifesté son intention de prendre une pause après. « Ça a l’air simple, relève Daniel Côté, de dire on va prendre une pause, mais ça veut dire d’un autre côté qu’on va faire prendre une pause à 1200 travailleurs de la Gaspésie et des Îles, qu’on devrait faire prendre une pause aux 5000 travailleurs québécois de l’éolien qui oeuvrent dans des domaines très spécialisés. »

Par ailleurs, le maire de Gaspé souhaite que le nouveau gouvernement respecte le plan de relance de la Gaspésie qui était sous la responsabilité de l’ex-ministre Gaétan Lelièvre, maintenant redevenu simple député.

Pas d’inquiétudes à Bonaventure

Le Parti québécois misait aussi beaucoup sur son appui sans réserve, un investissement de 350 millions, au projet de cimenterie de Port-Daniel-Gascons. Ce fut tout juste suffisant pour faire réélire le député sortant de Bonaventure, Sylvain Roy, qui l’emporte avec une majorité d’un peu moins de 900 voix sur son rival libéral, le député sortant de 2012, Damien Arsenault. La lutte a été serrée tout au long de la soirée.

La défaite a été amère pour M. Arsenault qui n’a pu reprendre le château fort libéral de Bonaventure. « Je trouve ça, commente le candidat défait, un peu malheureux pour le comté de Bonaventure aussi pour le comté de Gaspé parce qu’on a maintenant un gouvernement majoritaire très fort libéral avec un programme extrêmement intéressant à l’échelle du Québec, avec des retombées qui auraient pu être très importantes pour la région. »

Les résultats n’inquiètent pas outre mesure le maire de Port-Daniel-Gascons, Henri Grenier, qui demeure optimiste concernant la réalisation du projet de cimenterie. Il rappelle que lors de son passage dimanche dernier à Bonaventure, le chef du PLQ, Philippe Couillard, a réitéré son appui au projet. « Il l’a dit clairement », assure M. Grenier.

Les Îles et l’emploi

Aux Îles-de-la-Madeleine, le candidat libéral Germain Chevarie a repris sa revanche sur la députée sortante du PQ, Jeannine Richard, qui l’avait défait en 2012. Germain Chevarie attribue sa victoire au travail effectué sur le terrain pendant la campagne électorale. « On mise sur l’emploi, les Îles sont en difficulté présentement. Il faut remettre les îles en mouvement et la population des Îles a compris qu’il était important d’avoir un gouvernement solide », souligne le nouveau député.

L’avenir de l’usine de transformation de produits marins Cap-sur-Mer, cédée à L.A. Trading du Nouveau-Brunswick, a été un des principaux enjeux de la campagne. Le nouveau député a vertement critiqué sa rivale péquiste Jeannine Richard pour sa gestion de ce dossier. Il a notamment accusé Mme Richard d’avoir cédé l’usine à des intérêts étrangers et de ne pas avoir privilégié une cession à des intérêts madelinots. L’usine emploie 400 personnes.

La Coalition avenir Québec (CAQ) et Québec Solidaire (QS) n’ont pas vraiment su s’imposer en Gaspésie et aux Îles. Tous les résultats des candidats de QS sont sous la moyenne nationale obtenue par le parti, soit 7,6 %.

Même chose pour la CAQ. Yvan Blanchard dans Gaspé a obtenu la confiance de plus de 6 % des électeurs ce qui est nettement moins que le parti qui a obtenu environ 23 % des votes. François Legault s’était notamment prononcé contre le projet de cimenterie de Port-Daniel ainsi que contre le développement de la filière éolienne.