Quand les églises racontent les Îles

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Que l’on soit croyant ou non, les monuments architecturaux que sont les églises des Îles de la Madeleine, racontent à leur façon l’histoire du peuple qui les ont bâties. Véritables empreintes dans le paysage madelinot, elles ont toutes un récit différent à raconter. Les unes modernes, les autres de style plus classique, leurs clochers, leurs toitures, leurs autels, comportent en leur structure un peu de vent, d’air salin, d’histoire et faut-il ajouter, de prières. Témoins religieux de drames humains autant que de grandes joies familiales, elles sont à elles seules, les traces bien visibles d’un peuple chrétien qui fit de sa Foi, une partie incontournable des assises de son histoire.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.36.21Havre-Aubert
Inaugurée en 1963, cette église fut la première d’une série de temples aux lignes modernes qui se voulaient plus proches du renouveau évangélique initié par le Concile Vatican II, l’année auparavant en 1962. Première paroisse des Îles de la Madeleine fondée en 1793, une année seulement après l’arrivée de  l’Abbé Alain et ses quelques 250 fidèles venus de Miquelon, la paroisse Notre-Dame de la Visitation de Havre-Aubert est aujourd’hui habitée de 697 fidèles. Au début des années soixante, l’ancienne église d’un style s’apparentant au gothique était devenue bien trop petite pour la population. À une époque ou les architectes pouvaient se permettre presque toutes les fantaisies dans la construction des nouveaux temples modernes, c’est sous la gouverne du Père Lionel Lafrance puis par la suite du Père Esdras Nadeau, que fut décidé la destruction de l’ancienne église et la construction de l’église actuelle. Parmi les exigences incontournables figurait la nécessité d’une plus grande capacité de places et à un coût le plus bas possible. Comme la construction la plus simple est celle d’une structure en «A», ainsi fut-il décidé de construire ce temple moderne, premier-né de ce style architectural aux Îles. D’autres allaient suivre par la suite, mais ce fut à Havre-Aubert que la compétition débuta.

Un des attraits principaux de cette église demeure l’immense fresque tissée à la main par M.Rosaire Vigneau, homme de théâtre, professeur et artiste bien connu aux Îles. À elle seule, cette œuvre vaut le détour. Quant à la construction proprement dite, il s’agit d’une immense toiture posée sur des assises recouvertes de pierres. Bien des ouvriers madelinots reçurent une formation spécialisée afin d’être en mesure de monter une telle structure. Aujourd’hui, tout comme ce fut le cas pour l’ancienne petite église de bois, les visiteurs peuvent admirer du haut des buttes Demoiselles ou de « La butte de la croix » ce temple qui domine gracieusement les hauteurs du village de Havre-Aubert.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.36.42Bassin
L’histoire des Îles de la Madeleine porte en ses pages bien des églises détruites par des incendies. La foudre ne semblant pas aimer particulièrement les clochers, bien des catastrophes eurent pour origine un feu dans ces constructions de bois pointant vers le ciel. Tel fut le cas de la première église construite à Bassin. Cette paroisse fut d’ailleurs la quatrième fondée sur le territoire de l’archipel en 1877. C’est lors d’une visite aux Îles en 1865 que Mgr McIntyre, alors évêque du diocèse de Charlottetown, remarqua que Bassin était situé au centre de l’Île de Havre Aubert et qu’en conséquence, il était plus que normal que les paroissiens habitant cette partie de l’île aient leur église. Ainsi fut inaugurée l’église de Bassin en 1873 et la paroisse fondée quatre ans plus tard, soit en 1877. Malheureusement, ce bel édifice au clocher bien particulier qui ressemblait aux temples orthodoxes disparut sous les flammes en 1936. Ainsi fut construite la nouvelle église actuelle. Comptant aujourd’hui 1031 paroissiens, la paroisse de Bassin peut être fière d’un temple bien particulier, à la toiture rouge et aux deux clochers très symboliques des anciennes cathédrales.

Particularités
Autant l’extérieur se distingue par son originalité, autant l’intérieur surprend par sa simplicité. Le décor est sobre, mais il porte aussi en ses murs de longs textes sur l’histoire bien spéciale de cette paroisse. Quant aux icônes du chemin de croix posées sur ses murs, il s’agit là de la plus belle pièce maîtresse de ce lieu de prières. Nichée au bas des collines qu’on appelle «La montagne» et sur un plateau face à la mer, l’église Saint François-Xavier de Bassin, assise en ce pays de pêcheurs et construite en bois de naufrages, embellit assurément un paysage qui n’en finit plus de charmer les visiteurs et les résidants.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.36.56La Vernière
L’église Saint-Pierre de La Vernière, véritable joyau architectural, tout de bois, est dit-on la deuxième plus grande église de ce type en Amérique. Chargée d’histoire plus que toutes les autres réunies, cette troisième église des Îles qui dessert 2589 fidèles fut construite entre 1872 et 1881. Loin de ce qu’elle est aujourd’hui, elle fut d’abord une humble chapelle qui est aujourd’hui le transept de l’actuel édifice. Entourée de légendes, de bois issu de deux naufrages avec le même chargement, d’un écroulement des structures suite à une tempête et d’un feu dû à la foudre en plus d’une guerre à finir avec le diable, rien de moins, ce lieu du culte catholique peut tenir en haleine pendant des heures le moindre passionné d’histoire. Afin d’en mesurer toute la teneur, il faut y entrer.

Les arches de la voûte sont à l’image des grandes églises de ce monde. Ses bois y sont d’un patiné qui raconte une époque et la richesse architecturale de son autel tient d’un temps où le temps ne comptait pas quand il s’agissait de faire du beau avec les boiseries. Les ouvriers vinrent de partout. Ils étaient de Pointe-Basse, de Havre-aux-Maisons, de Cap-aux-Meules, de Havre-Aubert, de Charlottetown à l’Île-du-Prince-Édouard et même d’Angleterre.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.37.26Un bref historique attend le visiteur dès l’entrée et les références ne manquent pas tout au long de la visite. L’on a qu’à laisser porter le regard et l’imaginaire s’emplit de lui-même. Les lithographies qui illustrent en 14 stations la vie de Jésus sont l’œuvre du Frère Athanase del. Lasnier et furent imprimées à New York en 1880. D’autres œuvres de grande valeur y sont exposées en ce lieu sacré, comme ce tableau de Saint-Pierre tenant les clefs du Royaume, une œuvre datant de 1888 et réalisée par le peintre Naphtali Rochon, spécialiste d’art sacré. Tous les murs et le plafond furent tour à tour peints tout de blanc puis décapés et remis à leur état naturel. D’ailleurs, plusieurs années après la réforme de Vatican II, un ouvrier du nom de Saül Déraspe, alors âgé de 78 ans, décida de reconstruire avec exactitude à l’aide de photos, l’ancienne balustrade et la Chaire. Pour bien des croyants, alors qu’ils observent longuement les veinures du bois sur une façade de cette chaire, ils y perçoivent l’ombre du Christ qui vient vers eux. Pour qui souhaite connaître la profondeur et la valeur des ancêtres qui ont façonné le passé de nos origines chrétiennes, l’église de La Vernière n’est même pas une option. Elle demeure un passage obligé.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.37.10Cap-aux-Meules
Comme Ève de la côte d’Adam dans la Genèse, la paroisse Saint-André de Cap-aux-Meules est issue de la trop grande paroisse de La Vernière et par conséquent, la plus jeune paroisse des Îles de la Madeleine. Fondée en 1960, les paroissiens d’aujourd’hui au nombre de 1106 ont vu l’inauguration de leur église en 1966 sous la gouverne du Père Lionel Lafrance. D’un style résolument moderne, courant initié sur l’archipel par la construction de l’église de Havre-Aubert, celle de Cap-aux-Meules établissait alors un tout nouveau et audacieux concept de construction. En effet, sous une apparence relativement simple, une structure d’acier en pointe de clocher se cache sous un recouvrement de bois dont la base est recouverte de pierre.

Particularités
Pour qui entre dans cette église, le dépaysement est réussi. D’une simplicité presque déconcertante, le fidèle se sent presque écrasé sous les immenses poutres de bois qui semblent être soutenues de nulle part alors que tout au fond du chœur, un Christ détaché de la souffrance de la croix, donne l’impression d’apparaître dans un trait de lumière naturelle qui émane de l’immense baie vitrée encastrée dans la structure du clocher. Plus le fidèle approche de la balustrade, plus il a l’impression d’avancer vers la lumière céleste. Afin d’en arriver à cet effet, les besoins en construction furent un véritable tour de force d’autant plus que l’apparence extérieure souhaitée se voulait le symbole d’une colombe. Alors que la place centrale de tout l’édifice en fait le corps extérieur, une partie administrative à l’est et la partie correspondante du côté ouest consacrée au presbytère, forment du haut des airs, le dessin presque parfait d’un oiseau dont les ailes seraient déployées. En somme, il s’agit effectivement d’une représentation de l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe. Avec la construction de ce deuxième lieu de prière moderne, le temps des cathédrales gothiques ou classiques était bien révolu. Comme la Foi, l’architecture des lieux de prières entrait dans une autre époque.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.37.34Fatima
S’il est une œuvre architecturale dont le style et la représentativité sortent de l’ordinaire, c’est bien l’église de la paroisse Notre-Dame du Rosaire de Fatima. Sixième paroisse des Îles, fondée en 1948 et aujourd’hui au service de 2504 fidèles, son lieu de prière fut construit en 1967. Directement inspiré de la mouvance moderne, tout l’ensemble de cette construction repose sur une symbolique maritime. Ainsi, l’extérieur a la forme d’une coquille alors que l’intérieur se révèle comme un hymne aux travailleurs de la mer. Quand les fidèles y entrent, ils sont immédiatement envoûtés par le style architectural particulier des lieux. Même la lampe du sanctuaire qui normalement devrait être rouge, éclaire de couleur verte en plus d’avoir la forme d’un feu de position sur un navire. On dit qu’il a fallu une permission spéciale du Vatican pour afficher ainsi cette lampe qui symbolise la présence du Christ en cette église.

Particularités  
Il ne suffit que d’énumérer les symboles pour se rendre compte à quel point les concepteurs ont tout misés sur la vie et les outils des gens de mer. L’autel symbolise un quai d’accostage, les portes des confessionnaux sont dotées de hublots, les blocs de pierre supportant les bancs représentent les pierres de pesées dans les cages à homard alors que les liens reliant les luminaires du plafond font penser aux câbles reliant les casiers entre eux au fond de la mer. Un immense filet décore le chœur de l’église et l’inégalité des marches menant à l’autel ressemble au ressac de la vague arrivant sur la plage. Un Christ détaché de sa croix et de la souffrance, semble monter vers le ciel et des fonds baptismaux coule sur la pierre une eau, symbole de pureté alors qu’une épitaphe gravée sur un tombeau symbolique est adressée aux victimes de la mer. Absolument tout dans ce temple respire le vent, la mer et la vie qui y demeure omniprésente. Même la forme du plancher arrive en un creuset comme au fond du rouleau de la vague, juste au pied de l’autel.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.37.44Havre-aux-Maisons
Deuxième paroisse des Îles fondée en 1846, Sainte-Madeleine de Havre-aux-Maisons n’a pas toujours eu son église là où elle se trouve présentement. L’ancienne église de style traditionnel située le long de la plage non loin de l’actuel «Vieux couvent» fut désacralisée et vendue à des intérêts privés avant de disparaître au cours d’un incendie le 20 août 1973. C’est en 1968 que les 1,977 fidèles de cette paroisse assistaient à l’inauguration de leur nouvelle église à la forme particulière d’un demi-cercle. Toujours dans la mouvance moderne des années soixante, elle est la dernière réalisation à caractère religieux sur l’archipel qui fit appel à ce style moderne. D’ailleurs, le curé de l’époque, le Père Alfred Gallant, passionné des chevaux, aurait dit-on bien aimé cette construction puisqu’on pouvait y trouver la forme d’un fer à cheval. Une impression de grand espace tout en étant à proximité de l’autel peut surprendre le visiteur. En effet, la disposition des bancs rappelle les anciens chapiteaux où le spectateur, bien que loin de la scène, voyait très bien ce qui se passait dans l’arène. On a d’ailleurs pris soin de prendre une partie de l’espace en le dotant d’un mur amovible, créant ainsi une petite chapelle au besoin.

Particularités
L’autel est d’une sobriété qui invite au silence et à la prière. Tout de blanc et décoré de statues sculptées dans le bois, le regard ne peut presque pas se porter ailleurs que vers l’office religieux. Des vitraux aux couleurs chatoyantes, créations des ateliers Pierre Osterrath ornent de longues fenêtres verticales, inondant de couleurs un intérieur mural toujours aussi sobre que l’avant du sanctuaire. D’autres vitraux plus figuratifs de l’histoire des fondateurs de la paroisse ornent les fenêtres de la chapelle, rappelant ainsi la Foi des fondateurs. Dehors, à flanc de colline et non loin du temple, une grotte consacrée à Notre-Dame du Perpétuel Secours témoigne du sacrifice de trois fils de la paroisse, tombés au combat lors de la Deuxième Guerre mondiale. Cette crypte fut d’abord l’œuvre de Maria à Isidore Boudreau dont le fils Edmond partit combattre sur le front. Sa mère ayant promis de faire ériger une statue à la vierge si son fils revenait sain et sauf entreprit de tenir sa promesse. Le fils étant revenu dans le giron familial, la promesse fut tenue et demeure encore aujourd’hui, alors que la statue de la Vierge, du haut de la colline,  porte le regard sur toute la baie de Plaisance.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.37.52Pointe-aux-Loups
Véritable petit oasis entre l’Île de Havre-aux-Maisons et Grosse-Île, Pointe-aux-Loups a aussi sa petite église. La plus petite paroisse catholique des Îles fondée en 1948 et consacrée sous l’appellation d’Immaculée Conception ressemble à s’y méprendre à l’église de Havre-Aubert. D’un style moderne identique, elle fut construite en novembre 1966 afin que les 175 fidèles de ce petit village puissent y célébrer la messe de Noël la même année. Personne ne peut confirmer que le curé de l’époque, le Père Yvon Cormier, originaire de Havre-Aubert y était pour quelque chose, mais il était essentiel pour les habitants de ce village, d’avoir au centre de leur communauté, le symbole de leur appartenance à la Foi chrétienne. Voisine du petit cimetière qui l’entoure et construite au cœur du village, le charme de cette église n’a d’égal que les plages sablonneuses qui entourent ce petit îlot et les racines d’appartenance profondes des gens qui y habitent.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.38.03Grande-Entrée
Créée en 1925, la paroisse Sacré-Cœur de Jésus de Grande-Entrée fut la cinquième paroisse des Îles avec ses 622 fidèles. L’histoire de cette communauté ne s’arrête cependant pas là. Village très commercial à l’autre bout de l’archipel jusqu’au milieu du siècle dernier, Grande-Entrée est devenue la capitale des pêcheurs de homard des Îles. Peut-être est-ce pour cela que l’intérieur de leur église reflète brillamment tous les aspects des métiers de la mer. D’ailleurs, bien que fondée en 1925, une première petite chapelle fut érigée sur La Pointe du même village dès 1887, témoignant ainsi de la Foi des premières familles acadiennes s’étant installées non loin de l’entrée de cette belle baie naturelle.

Particularités
140520_553in_incendie-eglise-sacre-coeur_sn635-620x350Dernière petite église rurale traditionnelle de confession catholique conservée aux Îles, elle fut construite encore une fois avec du bois de bateau naufragé en plus des restes de la première petite chapelle de La Pointe en 1899. Avec les années, on a rebâti son clocher, la façade principale et ajouté un jubé qui du coup, a presque doublé la capacité de l’assistance religieuse. Construite de matériaux simples et sans grandes fioritures, un artiste local y a créé de superbes sculptures qui engendrent un lien indéfectible entre la croyance religieuse des gens de la place et tous les métiers de la mer qui sont le quotidien des fidèles. Tout dans cette église rappelle la mer. Même les chandeliers posés sur l’autel ont la forme d’un bateau et on dit qu’avant 1903, on utilisait une petite cloche de navire pour les appels de l’angélus. Par la suite, celle-ci fut remplacée par une cloche coulée à la fonderie Le Royer à Paris en 1885. Depuis nombre d’années, on célèbre l’ouverture de la pêche au homard par une messe solennelle en cette église et cet évènement est maintenant considéré comme une partie essentielle du patrimoine collectif de tous les fidèles des Îles de la Madeleine. Un grand défi attend maintenant les gens de cette paroisse. Car ce monument des Îles-de-la-Madeleine a été la proie des flammes le 20 mai 2014 et l’édifice est une perte totale. Un comité de paroissiens du village de Grande-Entrée à été mis sur pied pour reconstruire l’église.

La communauté anglicane des Îles
La communauté anglicane des Îles, quoique moins nombreuse que la communauté catholique, n’en a pas moins une riche histoire gravitant autour de trois églises. Chacune d’entre elles demeure unique et la visite en vaut le détour, indépendamment de votre nomination religieuse. Arrivés presque un demi-siècle plus tard que les premiers arrivants acadiens, les fidèles d’origines Irlandaise et Écossaise n’en étaient pas moins des gens d’une grande Foi comme en témoigne les temples qu’ils ont bâtis.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.38.21Île d’Entrée
Île d’Entrée Achevé en 1950, le bâtiment de l’église actuelle a remplacé la première et la plus petite église construite en 1895. L’ensemble du bâtiment a été entièrement construit par les résidents de l’endroit. En plus d’être une église paroissiale portant le nom de Toussaints «All Saint’s», elle a également le statut de «monument du régiment des Royal Rifles», à la mémoire des jeunes gens de L’Île-d’Entrée qui sont morts en tant que prisonniers de guerre japonais après la chute de Hong Kong pendant la Deuxième Guerre mondiale. Parmi les caractéristiques les plus remarquables de cette église, le visiteur remarquera l’impressionnante chaire qui fut transportée sur l’île d’Entrée après la fermeture de l’église anglicane «St Augustine» de Havre-Aubert au tournant du siècle dernier. La grande croix blanche qui se trouve à l’extérieur de l’église a été érigée en 1988, à la mémoire des marins pêcheurs de cette île qui furent perdus en mer.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.38.31Grosse Île
La construction de l’église de La Sainte Trinité « Holly Trinity » actuelle fut réalisée en 1928, et elle est la troisième à avoir été construite dans le village de Grosse-Île. La première fut érigée à Grosse-Île Nord en 1852 et fut remplacée par un plus grand bâtiment en 1877. En 1923, une tempête déplace l’église de sur ses fondations. On décide donc de construire le bâtiment actuel en un endroit un peu plus à l’abri des grandes rafales aux jours de tempêtes. Ce sont aussi les résidants locaux qui ont construit leur église, souvent en donnant des matériaux afin de terminer leur lieu de prière. L’intérieur possède une touche très traditionnelle alors que la principale attraction visuelle consiste en des vitraux d’une extrême originalité. Créés en 1986 par des artistes de l’Île-du-Prince-Édouard, on y voit Jésus qui appelle ses premiers disciples, mais en portant les vêtements traditionnels des pêcheurs, le tout avec en arrière plan, le paysage du Cap de l’Est.

Screen Shot 2014-07-22 at 11.38.40Old Harry
« St. Peter’s-by-the-Sea » est la plus ancienne église anglicane des Îles de la Madeleine. Achevée en 1917, l’église a été construite par les résidents locaux avec du bois récupéré d’un cargo qui s’est échoué deux ans plus tôt. Voilà encore une église construite à partir de bois récupéré d’un naufrage. L’intérieur de Saint-Pierre est un mélange unique d’éléments traditionnels et modernes.

L’attraction personnelle demeure toutefois les « Portes de l’éternité » sculptées à l’entrée de l’église. Le texte qui y est apposé juste à côté, témoigne d’une tragédie ou l’héroïsme d’un fidèle ne sera jamais oublié. Quant à la cloche de l’église, elle a été offerte par un bienfaiteur de l’Angleterre en 1917, au plus fort de la Première Guerre mondiale, et porte l’inscription: « Donne la paix à notre temps, Seigneur. »

Voilà qui résume la tournée de la plupart des églises des Îles de la Madeleine, particulièrement celles qui portent en leurs murs de petits et grands pans d’histoire, des traces de grandes joies comme de grandes tragédies. Le tour des Îles de la Madeleine par le biais de leurs églises n’est pas obligatoirement un acte de Foi, mais il est et demeurera longtemps un apprentissage original de la vie des insulaires, ceux qui étaient là avant ce jour, et ceux qui y demeurent encore aujourd’hui.

 

Photo : La UNE / Jean-François Noël
Source : Magazine LES ÎLES