Sciences : L’épave maudite d’un navire de guerre suédois vieux de 450 ans livre ses secrets

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Le plus grand et le plus puissant, c’est ainsi qu’était décrit le Mars, un bateau de guerre suédois. Nommé en l’honneur du dieu romain de la guerre, il a malheureusement fini au fond de la Baltique, emportant avec lui un véritable trésor. Mais quelques années après sa découverte, les chercheurs lui ont ajouté un nouvelle adjectif : l’épave la mieux conservée pour les bateaux de ce type, représentant la première génération des énormes bateaux de guerre à trois mâts européens.

« Les historiens en savent beaucoup sur les bateaux du 17ème siècle, mais très peu sur ceux du 16ème siècle« , précise Johan Rönnby, professeur d’archéologie maritime, qui a étudié le géant de 60 mètres.

Un bateau unique

« C’est le lien qui nous manquait. Les années 1500 sont une période importante car c’est à ce moment que les premiers trois-mâts ont été construits« , explique le chercheur au National Geographic. Les scientifiques ont déjà découvert plusieurs galions, des modèles un peu plus récents que celui du Mars, mais aucun était aussi bien conservé que ce dernier.

Pour préserver le navire, Johan Rönnby et son équipe ont décidé de laisser le Mars au fond de l’océan et d’utiliser des scanners en trois dimensions et des photographies pour étudier et partager l’épave avec le monde sans la mettre en danger. Dans ce but, ils sont aidés par Richard Lundgren, co-propriétaire d’Ocean Discovery, une entreprise de plongeurs professionnels qui assistent les archéologues.

Tous ensemble, ils ont ainsi pu réaliser des photo-mosaïques ainsi que des reconstructions en 3D. En effet, sortir le bateau de l’océan pourrait être coûteux et surtout considérablement endommager l’épave. Heureusement, les scanners utilisés par les chercheurs sont ultra-précis, à 2 mm près, de quoi les satisfaire largement.

Grâce à des outils et techniques récentes, ils espèrent retracer les dernières minutes du navire, de son équipe et d’en savoir plus sur le comportement des marins lors d’une bataille navale.

 Trouver le Mars

Pendant de nombreuses années, chasseurs de trésors, archéologues ou amateurs d’histoire ont tenté de mettre la main sur l’épave du Mars. Mais ce n’est qu’au printemps 2011 qu’un groupe de plongeurs a découvert l’épave tant cherchée par 75 mètres de fond. Car, d’après la légende, un spectre s’est réveillé au cœur de la bataille qui a coulé le navire avec une seule mission : empêcher le Mars d’être jamais découvert.

Pour Richard Lundgen, son frère Ingemar et Fredrik Skogh, l’épave est donc l’apogée de 20 ans de recherches. Les trois hommes rêvaient de cette découverte depuis leur rencontre avec le Vasa, un navire de guerre du Musée de Stockholm. Le Mars a coulé le 31 mai 1564, au large des côtes de l’île d’Öland, en Suède. L’épave s’est alors posée sur le fond marin sur le flanc droit.

Les faibles niveaux de sédiments, les courants plutôt lents, l’eau saumâtre ainsi que l’absence de tarets, réputés pour attaquer les côtes des bateaux, ont contribué à son état de conservation incroyable. La particularité du Mars ? D’après Richard Lundgen, le navire n’a pas coulé à cause d’un défaut de conception ou d’un mauvais équipage. « Le Mars était une machine de guerre en état qui a fait des merveilles dans les batailles« , explique-t-il.

Mais alors, que lui est-il arrivé ? Le Mars a coulé avec l’ensemble de ses canons, plus d’une centaine, ses marins et tout le nécessaire pour mener un bateau à la guerre, y compris huit sortes de bières ! « Ce navire avait une puissance de tir inégalée à cette époque. Et ce sont ces canons justement qui ont joué un rôle dans cette fin tragique« , ajoute-il.

Une fin en flammes

Engagés contre des forces danoises, les Suédois les ont mises en déroute dès le premier jour de la bataille. Mais aidés par des soldats allemands, les Danois n’ont pas tardé à reprendre l’avantage. Le deuxième jour, les Allemands ont inondé le Mars de boules de feu afin de pouvoir l’aborder. Alors que la poudre à canon ne cessait d’alimenter le feu, la chaleur est devenue si intense que les canons ont littéralement explosé, détaille Johan Rönnby. De quoi faire couler le navire facilement.

Néanmoins, la légende offre une toute autre histoire. A l’époque, les rois suédois tentaient de consolider leurs positions. « Mais l’Église Catholique leur posait un sérieux problème car elle était très puissante« , ajoute le chercheur. Afin de diminuer ce pouvoir, des rois comme Erik XIV, qui avait ordonné la construction du Mars, confisquaient les cloches des églises pour en faire des canons. D’après la légende, ce serait donc ces cloches qui auraient condamné le navire.

« Ce n’est pas qu’un navire, c’est un champ de bataille. En plongeant dans l’épave, on est très près du terrible feu qu’il y a eu à bord, des gens qui se sont entretués. Tout explosait et brûlait. Finalement, je pense que c’est le but de l’archéologie : discuter des aspects humains d’un site« , ajoute Johan Rönnby.

Pour accentuer encore le côté remarquable de la découverte, le Mars n’a pas coulé qu’avec des canons et d’autres équipements de l’époque. Il a aussi coulé avec un véritable trésor, notamment des pièces d’argent. Pour l’heure, les chercheurs n’en ont dénichées que quelques unes mais leur valeur atteindrait plusieurs milliers d’euros. Selon un rapport, il y en aurait plusieurs milliers à l’intérieur.