Les buttes des Îles : Des trésors à découvrir d’un canton à l’autre

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Des plus célèbres Demoiselles à la Butte ronde et son trésor caché, en passant par la Butte-du-Vent ou la Big Hill, les buttes des Îles sculptent non seulement le paysage, mais nourrissent aussi l’imaginaire collectif. Si certaines s’imposent au regard et sont les chouchous des photographes de tout acabit, alors que d’autres se font presqu’oublier, elles ont toutes le point commun de regorger d’histoires qui se racontent parfois dans les livres, mais surtout dans les cuisines. Elles sont ainsi parfois presqu’insaisissables, toujours fascinantes, qu’elles servent de repères pour les marins, d’abri pour le vent ou de lieu de plaisance. Alors qu’elles revêtent leur verdure et que la belle saison revient nous donner envie d’y grimper, le prétexte est parfait pour raconter leurs secrets en un survol du Havre-Aubert à la Grande Entrée.

1Petite précision avant de commencer, en prenant pour point de départ la définition que Chantal Naud dans son Dictionnaire des régionalismes du français parlé des Îles de la Madeleine donne au mot « butte » : « Colline ; monticule naturel plus ou moins haut dont le paysage des Îles de la Madeleine est ponctué ». La liste pourrait être exhaustive et sujette à discussion, plusieurs caps étant d’anciennes buttes grugées par la mer, et des carrières en ayant fait disparaître d’autres au grand désarroi de plusieurs, voici donc un parcours sans prétention des plus connues d’entre elles.

Île d’entrée
Du bateau, c’est certainement la première qui frappe l’œil et marque la traversée du continent vers les Îles, ou s’inscrit dans la mémoire comme dernier souvenir au retour quand l’Archipel s’éloigne. La Big Hill, du haut de ses 174 mètres, est le point culminant des Îles qui offre un panorama de 
360 degrés époustouflant, et est entourée d’autres buttes laissées à l’état sauvage pour le bonheur du troupeau de vaches qui s’y prélassent dans un cadre des plus bucolique.

Île Brion
2La Butte-du-Mort, au nord-ouest de l’Île Brion, est la source de nombreuses légendes. Anselme Chiasson en parle dans Les légendes des Îles de la Madeleine. L’histoire raconte que suite à un naufrage, un homme y serait monté pour faire la sentinelle pendant que l’équipage s’affairait à sauver le plus d’effets possibles à bord du navire. Il avait emmené la cloche du bateau avec lui pour avertir ses compatriotes si une voile se présentait à l’horizon. Il n’est jamais redescendu, on l’a trouvé mort au pied d’un arbre en haut de la butte.

Havre-Aubert
L’origine du nom des Demoiselles est lui aussi sujet de discorde entre les historiens et par le fait même au sein de la population. Leur histoire, marquée par le passage de Cartier, est fortement liée à la vie maritime, du temps des Bretons ou des Normands, selon les sources. On vient y mouiller pour se réfugier, et selon Chantal Naud, certains anciens parlaient même du canton des Demoiselles. Les Demoiselles, composées en fait d’une butte plus élevée, qui serait la demoiselle, et d’une plus petite qu’on appelle la Butte de la Croix où est érigée une croix qui a été bénite par Mgr. Plessis en 1811. Les cérémonies religieuses du 15 août en l’honneur de Notre-Dame-de-l’Assomption sont célébrées dans la chapelle au pied de la croix. Une statue de la patronne des Acadiens trône aussi dans une grotte, sur le flanc de la Butte de la Croix. Les Demoiselles offrent une vue privilégiée sur l’Île d’entrée et sur le site historique de La Grave.
3
–    À ne pas oublier dans le coin… Dans le coin du Lac Solitaire entre La Montagne et Bassin, plusieurs buttes permettent aux amateurs de ski de s’en donner à cœur joie, et aux amoureux de la nature de profiter d’une des rares forêts madeliniennes.

L’Étang-du-Nord
La Butte du vent est aussi un des sommets élevés de l’archipel où sont installés les tours émettrices-réceptrices des stations et câble radio-télé. Plus boisée que la Big Hill, on y monte aussi pour admirer la vue, autant sur le Havre-aux-basques que sur Fatima ou Havre-aux-maisons. Certains vont même jusqu’à aller y cueillir l’eau de Pâques dans une source dans les nombreux sentiers à son pied. L’hiver, c’est aussi un rendez-vous incontournable pour les amoureux du ski de fond et de la raquette.

–    À ne pas oublier dans le coin… La Butte du Cap Chat, des Arsène, du Cap Vert, et la Butte-du-Lac en plein cœur de Fatima au pied de laquelle s’étend un marécage. Notons aussi le Cap de Cap-aux-Meules surplombant 
le port.

5Havre-aux-Maisons
La Butte ronde, qui surplombe le phare du Cap Alright et son Moine-Qui-Prie aujourd’hui disparu, est elle aussi ornée d’une croix, qui s’illumine le soir. Cette butte rocheuse a donné naissance à plusieurs légendes concernant un trésor à son pied. Référons-nous une fois de plus à Anselme Chiasson qui énonce ainsi une des versions les plus populaires : « Un Bourque, de Barachois, déménagé sur la côte Nord des Îles, disait qu’il y a un endroit d’où on voit les sept îles et que c’est dans le flanc de cette montagne, du côté nord, qu’un trésor est enterré ». Durant la période estivale, la Fête populaire de l’Île aux trésors a même lieu dans le canton proposant un rallye aux participants. Tout près, il ne faut pas oublier les majestueuses Buttes pelées, grugées par une carrière et sujettes à de nombreux combats citoyens pour en protéger les richesses naturelles en réglementant notamment les constructions résidentielles, qui émerveillent l’œil et méritent qu’on 
s’y attarde.

Bien que sur les cartes géographiques officielles elle porte le nom du Mont Alice, cette montagnette située à 
Havre-aux-maisons au nord de la Petite Baie, porte depuis le milieu du XIXe siècle le nom de son premier propriétaire Simon Thériault, surnommé Mounette, décédé en 1876. 
On y monte depuis des générations pour admirer les
couchers de soleil.

6La Butte-du-Nègre
Les informateurs ne s’entendent pas sur les fondements historiques de cette légende. Selon les uns, il s’agit d’un navire américain qui aurait coulé et dont tout l’équipage aurait péri. Les corps vinrent à la côte et on les enterra. Parmi eux, se trouvait un nègre. D’autres affirment que tout l’équipage était nègre, ce qui n’est guère plus plausible.  Enfin, quelques-uns soutiennent que seul un nègre noyé fut trouvé à la côte. L’unanimité est faite sur un point : Un nègre noyé fut trouvé à la côte vers 1870. Comme c’était la coutume à l’époque, on l’enterra dans le buttereau de sable adjacent et sans plus de formalités. Peu après, on commença à voir une lumière dans la nuit au-dessus du dit buttereau. Le nègre était sans cesse déterré. Et à chaque fois, la lumière réapparut et le nègre, déterré. Pendant trois ans, le manège dura, jusqu’à ce que les Madelinots lui construisirent un cercueil. Il n’est plus revenu à la surface, mais une atmosphère étrange a toujours régné sur les lieux. Les chevaux prenaient peur, les roues de charrettes se détachaient… « Et même en 1954, quand le gouvernement voulut construire la route qui relie la dune du Sud à la Pointe-aux-loups, comme le tracé longeait le flanc de ce buttereau, on ne tient point compte des avertissements de la population et on dut reprendre ce tronçon de route par trois fois. Il s’ensablait à chaque fois. On abandonna respectueusement le premier tracé pour faire passer la voie à quelques cents pieds de ce buttereau. » 
( Anselme Chiasson ).

7Grosse Île et Grande Entrée  
À Grosse-Île, la Rock Forest est une montagne qui fait le bonheur des amateurs de plein air, été comme hiver. Le Cap Dauphin aussi a déjà servi de pistes de ski alpin à ce que les palabres racontent… À Grande-Entrée, ce sont les Chevaliers de Colomb qui ont érigé la croix sur la Butte où se trouve l’Auberge La Salicorne, qui a été récemment retirée dans le cadre des rénovations de l’entreprise. Cette butte offre une vue privilégiée sur l’Île Boudreau.

Source : Magazine LES ÎLES / Par Sara Dignard