Québec et Ottawa sur le point de s’entendre sur l’exploitation pétrolière

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Le premier ministre Stephen Harper a annoncé mardi qu’Ottawa et Québec sont « en bonne position » pour déposer le cadre législatif qui ouvrira la voie à l’exploitation pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent, malgré les multiples risques identifiés dans l’étude environnementale portant sur cette région maritime.

Cette nouvelle étape suit l’annonce, en mars 2011, de la signature d’un accord Canada-Québec qui marquait la première étape en vue de l’exploitation d’éventuelles ressources d’énergies fossiles tirées du sous-sol marin.

En vertu de cette entente, le gouvernement du Québec doit notamment obtenir l’ensemble des redevances que généreraient des projets développés dans la portion québécoise du golfe. Ottawa a conclu des accords similaires avec Terre-Neuve-et-Labrador en 1985 et avec la Nouvelle-Écosse en 1986.

« L’accord favorisera l’exploitation sécuritaire et respectueuse de l’environnement des ressources pétrolières de la région, aidera à créer des centaines d’emplois, générera des recettes et favorisera la croissance économique au Québec et au Canada », a fait valoir Stephen Harper mardi, lors de son passage à Sept-Îles.

Le gouvernement du Canada estime que le golfe du Saint-Laurent et les régions environnantes recèlent un potentiel de 1000 milliards de mètres cubes de gaz et de 1,5 milliard de barils de pétrole. Mais aucune ressource n’a jusqu’ici été identifiée dans la portion québécoise, malgré des décennies de recherche. Le secteur le plus connu, celui de Old Harry, n’a jamais fait l’objet de forage pour déterminer la présence de pétrole ou de gaz.

Risques majeurs

Selon le texte d’un communiqué émis par le bureau du premier ministre conservateur, toute exploitation devrait se faire de façon « responsable ». « Aucun projet d’exploitation n’ira de l’avant tant qu’il n’aura pas été réputé sûr pour l’environnement et pour les Canadiens », affirme aussi le communiqué.

Les risques environnementaux sont d’ailleurs majeurs et nombreux, selon ce qui se dégage du rapport de l’évaluation environnementale stratégique menée pour la partie québécoise du golfe.

Ce document souligne qu’il demeure « plusieurs lacunes » dans l’état actuel des connaissances sur le Golfe. Les carences concernent les technologies d’exploration et d’exploitation, les composantes des milieux physique, biologique et humain, ainsi que les « effets environnementaux potentiels des activités d’exploration et d’exploitation, ainsi que des déversements accidentels ».

Comment récupérer le pétrole?

On ignore par exemple comment récupérer du pétrole « lorsqu’il y a présence de glace ». On connaît relativement peu de choses des « courants et de l’évolution de ceux-ci en fonction des changements climatiques ». Les données nous manquent pour bien évaluer le mouvement et les aires de fréquentation des espèces menacées. Et les scientifiques ne comprennent pas encore bien l’acidification et le phénomène de l’hypoxie des eaux du Saint-Laurent.

« Il est donc entendu que plusieurs données factuelles précises ne sont actuellement pas disponibles et ne permettent pas d’avoir une appréciation optimale des effets sur l’environnement que pourrait avoir un « projet » donné d’exploration ou d’exploitation pétrolière ou gazière », insiste le rapport, publié en septembre 2013.

Le document met aussi en lumière notre incapacité à répondre à une éventuelle marée noire. « La capacité d’intervention en cas de déversement accidentel en mer est actuellement déficiente pour répondre à d’éventuels accidents majeurs, même ceux qui pourraient impliquer le transport maritime existant. »

La chose est d’autant plus problématique que le gouvernement Harper a réalisé d’« importantes coupes » dans son service d’urgence environnemental, mais aussi en recherche sur le Saint-Laurent.

 

 

Photo: M. Bonato /  Tourisme Îles de la Madeleine