Les aventures commerçantes…

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Et si la confiance était toujours avec vous? 

La vie change si vite que, parfois, tenter de naviguer dans la direction contraire au vent demande trop de temps. Du temps que nous pourrions simplement utiliser pour vivre et nous laisser porter vers notre véritable destination. 

Je suis Marie-Eve, propriétaire des boutiques Le Globe-Trotter et artisane de ce récit qui relate le tracé que j’emprunte chaque année depuis bientôt 10 ans afin de dénicher ce « je-ne-sais-quoi » qui marquera votre visite en boutique, au printemps, en été ou en automne. L’hiver, c’est ici que je suis. Avec vous, par écrit. Depuis plusieurs années pour certains ou à peine depuis quelques lignes pour d’autres. Je tenterai de vous transmettre les raisons derrière ma passion, comme si raison et passion pouvaient se côtoyer. ? Et pourquoi pas? 

Non, je n’ai toujours pas vendu cette belle entreprise que je porte et supporte et aime malgré la charge qu’elle représente et le poids des années. La transaction qui devait avoir lieu après plusieurs semaines de rêve et l’écriture de nouvelles possibilités a finalement été annulée pour différentes raisons dans une prise de décision qui nous a certes transformés, l’acheteur concerné et moi-même. « Ce n’est que partie remise », comme dirait le dicton. 

Et c’est parti! Êtes-vous prêt? « Détachez votre tuque », explorez le contraire de vos habitudes et des dictons populaires et parcourez ces lignes avec nous… Ayez confiance, vous y trouverez une partie de vous-même. ? 

Pour briser la routine, c’est un ami qui m’accompagne cette année dans la première partie du voyage : la Thaïlande. 

Retour aux sources… 

Après ces barbants vols Montréal-Vancouver – Incheon-Bangkok, nous arrivons à la fois suants, puants et heureux; l’un, dans la nouveauté et l’autre, excitée de partager cette expérience devenue routine en ce neuvième séjour dans la grande ville thaïlandaise. Peut-être vis-je un peu par procuration du bonheur des autres? Bref, je joue à la guide, amoureuse de cette culture et de ses lieux, et tout cela me plaît. 

Je dois admettre qu’entre Montréal et Bangkok, j’ai encore moins de cachette avec la deuxième… Cependant, je ne m’y aventurerais pas au volant. Bien que très téméraire par moments, il ne m’est jamais venu à l’esprit de conduire une Toyota Corolla rose ou jaune (voiture de taxi typique ici) ou un auto-pousse (tuk tuk), et encore moins une moto. Et, pour ceux qui me connaissent, la moto me fait pourtant de l’œil, tel un beau gars du Havre-aux-Maisons. C’est tout dire. 

Et voilà, des décalages horaires qui n’en finissent plus et des rires de fatigue qui surprennent même les Thaïs… Rencontres avec mes agents, toujours heureux de me revoir, mais comme mon apprentissage de la langue n’a jamais évolué au-delà d’un an et demi (âge de mon langage thaï), définitivement je ne comprends pas trop, mais je peux comprendre avec mon intelligence émotionnelle qu’ils se foutent souvent de ma gueule de fofolle québécoise un peu trop exubérante pour l’Asiatique commun! 

Changements climatiques : Le froid à Bangkok, est-ce possible? 

Après seulement trois jours à sillonner les quartiers d’affaires et les marchés… à respirer les effluves du duriam (ce fruit interdit sous peine d’amende dans les chambres d’hôtel ? dont je vous ai déjà parlé) ou encore du poisson frit, du curry, de la noix de coco ou de l’essence des tuks tuks… nous avons déjà bien avancé les achats et coché plusieurs tâches sur notre liste d’épicerie vestimentaire. 

Essayer des vêtements… et voir la réaction mitigée de mon partenaire : « C’est de très mauvais goût », « J’aime » ou « Tu ressembles à une baleine ». Sentir les larmes monter comme une marée de rire à n’en plus respirer sa vie… Moments de complicité et d’échanges francs pour arriver à des décisions éclairées, tout en respectant des budgets très serrés en ces années de précarité. Malgré tout, j’adore mon travail! 

Mea-culpa, car, je dois l’admettre, ce n’est pas toujours un plaisir pour moi d’essayer des vêtements, de me déshabiller et me rhabiller pour la énième fois… Rien d’excitant ici, messieurs, simplement une commerçante dégoulinante de sueur qui ne dévoile rien de très séduisant. Bref, une tâche parmi tant d’autres de ce rôle qui me fait tout de même sourire et qui m’a tant appris au fil des années, tissant sur ma courtepointe du monde bien des souvenirs, des rires et parfois du découragement, « Allez, c’est pas fini! », me chuchotant moi-même souvent à l’oreille. 

Les Français et la magie des hasards… 

Dans ces quartiers où je pose chaque année mes jours de janvier, il me fait plaisir de constater que je trouve encore plaisir et adrénaline, malgré tout le temps qui passe. Ce qui me rend le plus heureuse, c’est sans doute le fruit de la providence et, de toute évidence, l’humanité des échanges qui s’engagent sur ses pas. La surprise que je lis dans le visage de mon partenaire lorsque, dans la même journée, je croise Véro, une amie du Québec, qui a une boutique à Joliette; Ritchie, qui a une boutique à Saint-Sauveur; Bastien, qui fait les marchés en Bretagne; et Rachel avec sa fille Libby qui ont des boutiques à Vancouver. 

On se croirait dans l’une des Co-op IGA des Îles-de-la-Madeleine, sillonnant les allées et saluant au passage nos voisins, amis ou membres de la famille. Étrange parallèle, mais une même sensation d’être un peu chez soi, à l’autre bout de la planète. 

Et cette rencontre, qui me replonge début vingtaine, avec notre nouvel ami Ken (de son nom occidental) ou Fhuri (de son nom thaï), élève finissant en cinéma ici. Merci à mon partenaire de voyage des Îles pour l’élan vers cette rencontre fortuite qui nous plonge dans la vie nocturne bangkokienne. Soirée techno au 9e étage du Sofitel So Bangkok, et le jet-set qui s’offre à nous. Étrangement, il fait si froid ici que c’est la première fois depuis toutes ces journées où le jeans et le blouson de cuir sont de mise. Une veillée sans fin, une première dans un bar gay pour ma part et une pluie de regards d’hommes inoffensifs et, à mon grand soulagement, doux et amicaux. On danse jusqu’à ne plus sentir nos jambes et on finit le cocktail avec des Français dans une taverne jazz vieille de presque 50 ans… Eh oui, ils sont partout ces Français… et on les aime, même à la lueur du jour. 

À l’étranger… on mange l’audace! 

« Et pour ceux qui trouvent que l’aventure est dangereuse, qu’ils essaient la routine : elle tue avant l’heure. » – Paulo Coelho, Le manuscrit retrouvé 

Voyageur, osez! Nous essayons tout ce qui nous inspire en Thaïlande. Oser est notre devise. Il faut oser si l’on veut être surpris. Tout devient une expérience. Tout devient bon (peut-être pas forcément au goût)… La sensation de goûter sans résister, par peur ou dégoût, a toujours provoqué en moi un grand sentiment de satisfaction. C’est une question de processus et non de résultat. 

Des fruits d’apparence douteuse, des aliments frits, de drôles de mixtures à boire, des poissons qui nous sont inconnus, des trucs séchés et des odeurs… Sur la route, un couple de Français sympathiques rencontré dans le rapide « SkyTrain » nous propose la visite d’un temple à Bangkok. Moment qui me prépare à cette méditation de trois jours dans le nord de la Thaïlande. En marche, nous rencontrons mes deux superhéros favoris… quel moment touchant! On savoure tous les hasards au grand plaisir de Sushi, petit toutou de la classe de deuxième de l’école de ma fille! Il nous accompagne et apprécie chaque moment en notre compagnie! Le voyez-vous sur la photo? 

Wat Umong Temple, Chiang Mai, nord de la Thaïlande 

Après une nuit de train tout de même confortable, nous arrivons à Chiang Mai dans le nord de la Thaïlande. Période de vacances du voyage où j’ai décidé de m’offrir le silence en cadeau. 

Je laisse mon partenaire à l’hôtel et pars en taxi direction Wat Umong… Comme si j’avais reçu une chaudière d’eau glacée en plein visage, je me sens saisie par la peur qu’engendre cette rencontre avec le silence. Les moines qui m’accueillent me demandent si je me sens prête à me recueillir. Je leur réponds que c’est un besoin, une évidence et que je suis ici pour apprendre à respirer. Autrement dit, oui, je suis prête. Effrayée? Absolument! 

Petite natte sur un plancher de béton, dans un dortoir de femmes de toutes origines, oreiller et couverture en main, je m’installe et me change pour me vêtir de blanc et aller retrouver mes semblables qui m’apparaissent dans un rythme qui n’est pas encore le mien. 

Un peu perdue, je plonge comme une enfant par imitation. Je balaie le plancher des feuilles qui tombent comme tombent les barrières du silence. Nous sommes rapidement liés les uns aux autres dans un projet de rencontre du moment présent, et de présence à nous-mêmes. 

Et quelques mots sont prononcés : Are you ok? De l’empathie du corps à une main qu’on pose sur l’épaule, de la sexagénaire au jeune Néerlandais, nous sommes liés et engagés dans l’apprentissage de la marche en lenteur, celle qui fait du moment présent un absolu ou une méditation. Autour, une nature de ruines et le son des oiseaux et des coqs qui se promènent par dizaines dans un magnifique amalgame de bruits. 

Il est 4 h 30, heure du réveil pour la première méditation. Je ne pense pas pouvoir affronter ces trois jours… 

Mais l’écriture m’a sauvée… C’est presque par kilomètres que les mots sont venus se déposer tels une envie d’aimer. Merci aussi à l’Australienne Claire, avec qui j’ai pu partager une partie de sa souffrance et dessiner notre envie de grandir. Merci à l’Anglais Ian, un charmant barbu avec qui la complicité s’est vite installée. Merci au Néerlandais Joseph, qui, du haut de ses 6 pieds 6 pouces m’a fait comprendre que mes pensées étaient bien comme le disent les bouddhistes : impermanentes. 

Nourrie, logée et vêtue pour environ 10 $ par jour, avec jeûne au souper, j’ai goûté à la vie de moine… en jaquette d’hôpital! :0 Et si c’était à refaire, je recommencerais et j’y emmènerais ma fille Anaïs pour que nous soyons davantage présentes l’une à l’autre. 

Je vous souhaite de vivre au moment présent sans jugement et de vous laisser toucher par la différence… 

Merci, chers lecteurs. À bientôt! 


Marie-Eve