Zizanie chez les pêcheurs de homards

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Les pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine s’opposent à l’identifiant de plastique qu’ils doivent installer à chaque prise et qui permet aux consommateurs de connaître la provenance du homard qui se retrouve dans leur assiette. Résultat : 195 des 235 pêcheurs claquent la porte de leur association.

Ces membres récalcitrants en veulent avant tout à l’Association des pêcheurs propriétaires des Îles-de-la-Madeleine (APPÎM), qu’ils accusent de mal les représenter. Par conséquent, ces 195 pêcheurs viennent de fonder leur propre association : le Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles. Avec la soixantaine de membres que compte l’Association des pêcheurs côtiers des Îles, qui regroupe principalement les pêcheurs de homards anglophones, ainsi que la trentaine de membres qui demeurent au sein de l’APPÎM, les 325 pêcheurs de homard madelinots sont maintenant divisés au sein de trois organisations.

«Mal représentés»

Le porte-parole du nouveau rassemblement, Jacques Bourbeau, déplore le fait que l’Office des pêcheurs des Îles, qui devrait chapeauter les trois associations de pêcheurs, soit dirigé par les mêmes personnes que l’APPÎM. «Les pêcheurs sont très mal représentés et c’est pas démocratique, allègue le conseiller du nouvel organisme. Le directeur de l’Office est le directeur de l’APPÎM.»

«L’identifiant a été décidé au-dessus de la tête des pêcheurs, continue-t-il. Les 325 pêcheurs n’ont pas été convoqués ni consultés.» Mais l’obligation de poser un identifiant du Marine Stewardship Council à une patte de chaque homard ne constitue pas la seule pomme de discorde. La tenue d’un journal de bord, imposée par Pêches et Océans Canada, provoque aussi la grogne chez la majorité des pêcheurs. «On est contre parce que c’est complètement inutile», estime Jacques Bourbeau. Selon lui, ce journal de bord ne sert que la science. «Les trois quarts des cases à remplir, c’est une farce, croit le conseiller. On peut pas bâtir une base de données scientifiques à partir de données qui sont pas fiables!»

Le printemps dernier, la mise en place de ce journal de bord a provoqué une crise. «Il s’est créé un mouvement de contestation, raconte le directeur de l’APPÎM, Léonard Poirier. On a reproché à l’Association de pas s’opposer à cette nouvelle norme. On a fait l’objet de manifestations devant les bureaux de l’APPÎM. On a dû fermer nos locaux pendant cinq semaines! Ça a perturbé nos travaux.»

«Les pêcheurs des Îles ont été les derniers à devoir se conformer», précise M. Poirier. Les pêcheurs de homards de la Gaspésie n’ont pas contesté l’installation des identifiants servant à la traçabilité ni la tenue du journal de bord. «En Gaspésie, c’est la même chose, croit M. Bourbeau. Les pêcheurs se sont fait rentrer le journal de bord dans la gorge. C’est juste qu’ils se sont pas organisés pour contester.»

Démission

Devant le manque de confiance manifesté à l’égard du directeur de l’APPÎM, Léonard Poirier a démissionné de son mandat de négociateur en chef du plan de pêche, qui fixe notamment le prix du homard au débarquement. M. Poirier exerçait ce rôle depuis 25 ans. «Je peux pas aller négocier dans un contexte de division», indique-t-il.

Le porte-parole du Rassemblement des pêcheurs et pêcheuses des côtes des Îles croit, pour sa part, que la démission de M. Poirier n’aura aucune conséquence. «Ces personnages se donnent beaucoup d’importance, croit Jacques Bourbeau. C’est pas la négociation de l’ALÉNA!»

Collaboration spéciale Johanne Fournier
Avec André Bécu (collaboration spéciale)

LA UNE : Les pêcheurs de homards des Îles-de-la-Madeleine s’opposent à l’identifiant de plastique qu’ils doivent installer à chaque prise et qui permet aux consommateurs de connaître la provenance du homard qui se retrouve dans leur assiette.