Suroît, une histoire de cœur!

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Partager, en chansons et en musique, un vécu, des histoires, des palabres, c’est transporter avec soi l’attachement à une terre natale, un sens du partage et de la communion. Suroît, c’est d’abord et avant tout une aventure humaine, une histoire de cœur!

Que ce soit pour raconter leurs jeux d’enfants sur une patinoire quelque part dans les Îles, un naufrage qui a concerné des familles proches, peut-être les leurs, des déversements pétroliers, une chasse aux phoques, un repas au foie de phoque, une naissance ou un décès, Suroît a évolué au rythme des Madelinots. Parfois avec un vent fort, parfois avec une brise légère, mais sans arrêt et depuis toujours, ils ont diffusé les Îles partout où ils sont passés.

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Henri-Paul Bénard

Raconter les Îles de la Madeleine en chansons et en musique partout dans le monde, c’est permettre à différentes cultures d’ici et d’ailleurs de découvrir un lieu exceptionnel, une contrée unique baignée par une culture francophone à la limite d’un pays. C’est le tour de force que Suroît a réussi.

Leur œuvre est empreinte de délicatesse, de tendresse, de promesses, mais surtout d’une vitalité de combattants, digne des Madelinots.

Jamais ils n’ont oublié. Ils reconnaissent, ils se souviennent.

Amis est un mot qui qualifie Suroît. Amis d’ici, amis d’ailleurs, amis présents, amis disparus, l’amitié avec Suroît n’est jamais passagère. Ils ont su transgresser le passage du temps, ils ont toujours su maintenir vivantes, dans leur esprit, ces personnes rencontrées un jour, sans jamais les oublier. C’est un retour constant pour marquer l’amitié et dire que l’aventure continue.

Ils transmettent des souvenirs bien enfouis au dedans d’eux à travers leurs chansons, leurs mélodies, j’oserais dire leurs mélopées. Bien sûr, ils vous parleront de leur origine, mais surtout, ils vous la chanteront. Ils ont gravé dans le cœur, et graveront en vous, pour toujours, cet héritage qu’ils transportent avec eux.

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Félix Leblanc

Ils ont dû s’expatrier, à plus d’un égard, pour faire entendre leurs chansons et leur musique. Influencés par d’innombrables pays, de multiples légendes et coutumes, par des rencontres heureuses, des repas gastronomiques dans des lieux distincts et hétéroclites, loin ou près des villes, ils ont créé un son unique, celui de leurs Îles.

De cet amalgame de styles, d’influences et de rencontres est née une musique du cœur, une musique qui dit, parle, raconte et navigue. Des paroles senties, ressenties, associées, refoulées, peinées qui expriment des torrents d’histoires, celles des îles, de la vie qui s’y rattache, d’une préoccupation environnementale, d’une indépendance, d’une souveraineté, d’un isolement, d’une solitude et parfois même d’un exil.

Suroît laisse une marque indélébile dans le cœur de tous ceux qu’ils rencontrent par une multitude de mots, de notes à l’image d’une vie remplie, d’une vie qui ne se calcule pas en argent, mais en moments vécus, en souvenirs impérissables, en instants magiques. Chaque membre de Suroît qui, de près ou de loin, a vécu ces heures inoubliables, les portera sa vie durant avec lui.

Pour les membres du groupe, l’Acadie est-elle une inspiration inscrite dans les gènes? On ne saurait le dire, mais tout le monde peut s’entendre pour affirmer que de Lafayette à Belle-Ile-en-Mer, du Nouveau-Brunswick à la Nouvelle-Écosse ou du Québec à l’Europe, Suroît diffuse ses racines, qu’on peut qualifier d’Acadiennes madeliniennes, dans lesquelles circule l’énergie nécessaire pour faire ressortir le meilleur de nous, par sa musique, sa danse et sa vivacité.

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André Cummings

La popularité de Suroît a franchi les barrières géographiques, les artistes ont transporté ce qu’ils sont, au-delà des frontières. Ils ont su faire entendre ce qui les représente, et faire aimer et découvrir leur musique. Que ce soit en Suisse, en France, en Louisiane ou ailleurs, il y a toujours quelqu’un qui fredonne une chanson de Suroît, qui en connait les paroles par cœur et qui danse au son de leur musique.

Qui pourrait croire que Suroît a vécu du body surfing durant certains spectacles, en Belgique par exemple? Qui a dit que nous ne sommes pas prophètes dans notre pays? Eh bien, voilà un bel exemple que celui de Suroît : une popularité qui a dépassé les frontières canadiennes. Les membres de Suroît peuvent se qualifier de Madelinots, d’Acadiens et de Québécois, mais avant tout cela, il faut ajouter, bien humblement, de musiciens.

Suroît n’a jamais prétendu avoir une musique commerciale, la preuve en est qu’ils n’ont presque pas tourné dans les radios du Québec; cela n’a pas empêché les amateurs et leurs admirateurs de partout dans le monde de posséder la collection complète de leur discographie. Par contre, les radios des provinces maritimes se sont fait un plaisir de faire découvrir, sinon de faire entendre leur musique.

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Réal Longuépée

Les membres de Suroît peuvent affirmer, avec fierté, avoir su faire entendre leur musique dans leur langue, le français, bien sûr, agrémenté d’un merveilleux accent, ce qui leur donne leur unicité. Ils ont exporté leurs chansons et leurs histoires dans la francophonie, et partout, on a célébré leur talent.

Au fil du temps, Suroît existe depuis 40 ans, ils ont toujours respecté leur identité de Madelinots. Ils ont raconté leur vie, celle de leurs familles, de leurs parentés et de leurs voisins; ils ont parlé du temps qu’il fait là-bas, de comment la nature et ses instabilités ont su influencer leur vie, comment leur isolement en a fait un peuple unique avec un langage bien particulier, comment les valeurs qu’ils ont véhiculées venaient de leur être profond, d’un peuple fier et accueillant.

Madelinots, Acadiens ou Québécois, avant tout, les membres de Suroît méritent le titre d’ambassadeurs d’une culture singulière, celle des Îles de la Madeleine.

« Avec leur accent, ils vous parleront de leur pays tout en causant d’autres choses. » – Gilles Vigneault

Par Lorraine Pouliot
© Magazine LES ÎLES