Récit d’aventures commerçantes – Hiver 2017

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C’est le début d’un cycle nouveau. Partir en voyage commercial avec son enfant prend une tout autre signification à la notion de travail. Il impose un rythme nouveau. Malgré l’âge de mon « partenaire d’affaires », une complicité au-delà des années s’installe rapidement dans cette migration temporaire vers l’Asie… Lieu de nos prochaines semaines. Un projet qui demande une bonne dose d’écoute, d’ouverture à la nouveauté et de lâcher-prise avec à ce que ce qui peut devenir le meilleur ami du voyage : l’imprévisible. Voyager, c’est aussi être capable de se mettre dans la peau de l’autre tout en conservant la sienne, c’est percevoir les signes et les suivre comme si le jeu était tracé. Se mettre en posture d’apprenant. Parce que voyager, c’est apprendre. Et voyager pour affaire avec son enfant? Un défi qui vaut la peine d’être vécu…

Je ne me suis pas présenté. Plusieurs suivent mes récits depuis un moment, quelques années ou le début…il y a déjà 10 ans. 10 ans ! Pour les nouveaux, bonjour et bienvenue à bord de cette 10e édition « d’aventures commerciales » à saveur parfois épicée, quelques fois amère (ça fait partie de l’expérience !), mais la plupart du temps agréable et combien plaisante de vous les faire vivre avec moi, cette fois-ci avec nous. Je m’appelle Marie-Ève et j’ai des boutiques spécialisées dans l’importation aux Îles-de-la-Madeleine, îles de mes racines, îles de mon ancrage le plus ferme, jamais encore détrônées par toutes ces merveilles du monde, ces lieux mystiques, disons-le, découverts au fil de mes années de « globetrotteuse ».

Ma partenaire a 8 ans. Elle se nomme Anaïs, mais pour les besoins du voyage, elle sera nommée « Ana », prénom qui traverse les langues et facilite l’association plus vite avec nos interlocuteurs. Elle ne se rappelle pas de sa dernière visite en Thaïlande, à 1 an et quelques mois … Elle avait une gardienne du nom de Satiorm. Elle était déjà courageuse d’accepter de quitter ses parents quelques heures par jour pour qu’il puisse magasiner et effectuer leur travail parfois complexe de recherche et d’achats.

gt_4Aujourd’hui Ana est la plus jeune travailleuse du Globe-Trotter. Elle accepte sans broncher, ou presque, de parcourir les marchés, de faire mille pas dans les ruelles de la ville effervescente… De patienter devant les commerçants et les choix de sa mère qui malgré l’expérience des années peut parfois s’avérer un exercice d’endurance. L’essentiel ; la mettre dans le projet. Lui demander conseil sur mes choix, et pourquoi pas, faire des choix par elle-même. Choix de couleurs, de motifs, de grandeurs ou de modèles… car magasiner, bien que cette tâche demeure plaisante, après des dizaines de jours de marché, intérieur ou extérieur, avec climatisation ou ventilo, sous le soleil plombant ou le soir après des heures de marches, non, ce n’est pas une tâche toujours gracieuse… Dans les odeurs parfois douces de fruits frais ou de noix de coco aux odeurs acrimonieuses des égouts et d’une gestion douteuse des matières résiduelles d’une ville peuplée, Anaïs vit sans le dire, des expériences surprenantes où elle est confrontée à elle-même dans sa naïveté d’enfant de deuxième année du primaire.

Il est 1 h 34 du matin en décalage horaire, une relation incompatible avec moi. Un effort inhumain pour demeurer éveillée le jour d’ici, afin de prendre le rythme suggéré dans ce fuseau horaire. Dans ce coin du globe, 12 h nous sépare de nos amis au Québec, 11h des Îles-de-la-Madeleine. Nous sommes au futur, bien que la quête demeure le présent. Le corps s’habitue lentement mais sûrement. Il aime la brise chaude sur sa peau sous les 31 degrés de Bangkok, camouflés d’un épais coussin de « smog » offert par l’activité industrielle. Bangkok m’inspire chaque année même si je la « respire mal ». En échange d’un froid qui dérange et du vent qui ne décape pas juste la peinture sur notre bardeau de maison, c’est le compromis de vivre ici quelques semaines par année depuis 10 ans déjà. Voyageant par tous les moyens de transport possible, du tuk-tuk au bateau, parfois la moto, le « Skytrain »… et même le vélo !

J’apprends toujours… de nouveaux mots dans cette langue ardue où le même mot peut avoir plusieurs significations, ce qui rend son apprentissage tordu et faisant partie des zones de lâcher-prise de mes derniers séjours.

Je revois mes fournisseurs, mes agents qui sont manifestement contents de nous voir. Et quoi dire de leurs réactions à la vue de mon Anaïs. Jadis bébé en terre asiatique… Quelle chance que je me suis donnée. Quelle chance que je lui ai donnée! Elle en est déjà reconnaissante. Permettre à son enfant d’ouvrir son cœur à l’autre, de s’exprimer dans une autre langue, d’apprendre à se faire confiance dans un autre lieu, loin de ses racines. L’occasion rêvée pour laisser le jugement dans ses valises, au 30e étage de notre édifice dans le quartier Pratunam.

La routine qui s’installe…

gt_3Le plus dur pour elle, ce n’est pas le travail…de mini-commerçante. Anaïs se lève chaque matin et accepte sa maman comme professeur pour lui transmettre du savoir et garder le lien avec l’école. L’école à la maison en voyage. L’école d’une vie trépidante, d’un apprentissage des mœurs de l’autre tout en se rappelant nos valeurs propres. Prendre des décisions, pleurer, avoir chaud, être fatiguée, mais s’écouter, se pardonner et recommencer.

Ce 10e voyage commercial implique de nombreux déplacements. Nous survolerons les grandes villes de 4 pays; de la Thaïlande au Népal, de l’Inde à Bali en Indonésie… Dans ce mouvement, Anaïs effectuera sa routine de travaux scolaires 5 matins par semaine. Une est déjà passée… Il nous en reste 7… Ce voyage de plus de 60 jours lui permettra de perfectionner son anglais, de balbutier des expressions de chaque pays (elle connaît déjà les bases de politesse du thaï) et fait le geste de remerciement commun des Thaïlandais, mains rassemblées au cœur et tête penchée… Elle a aussi comme mission de se laisser toucher par les différences sans jugements, de découvrir l’humain dans un langage universel, celui du cœur.

Il n’y en aura pas de facile, mais avec de l’écoute et de l’ouverture comme je vous disais plus haut… Notre « team » vivra l’inoubliable.

Ah oui… Pour finir ce premier récit… Nous avons un troisième partenaire avec nous du nom de Abbhaya, petit chien bien vivant, mais fait de plastique, lol ! Il est le chien voyageur de l’école St-Pierre, école primaire de Anaïs. « Abbhaya » qui signifie « sans crainte » en hindi, langue parlée en Inde. Les expériences d’Abbhaya feront l’objet d’un mini-blogue canin pour un groupe de lecteur restreint.

Merci encore une fois, de partager nos aventures avec vous et vos amis-es si vous le voulez… car voyager, c’est aussi à travers les mots…