Les petites salles de spectacles condamnées à s’organiser

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Avec la fermeture prochaine du Divan Orange à Montréal et la fermeture récente du Cercle à Québec, les petites salles de spectacles alternatives seraient condamnées à s’organiser si elles souhaitent survivre aux prochaines années.
 
C’est du moins l’opinion de Jon Weisz de la firme de développement d’artistes Indie Montréal, qui participait lundi à une discussion sur les lieux de diffusion alternatifs en marge des activités de la Bourse RIDEAU à Québec.

«Via notre agence de spectacles, on constate qu’il est de plus en plus évident que les petites salles de spectacles du Québec ont des difficultés et vont toutes fermer s’il ne se passe pas quelque chose. La plupart travaillent bénévolement sur la partie culturelle», affirme M. Weisz, qui a décidé il y a quelques mois de tenter d’amener ces petites salles à former une association.

«J’ai contacté une dizaine de salles et plusieurs se sont montrées intéressées. L’association serait la SMAQ pour Scènes de musique alternative du Québec. Nous avons aussi de belles discussions avec la Bourse RIDEAU et la Société de développement des entreprises culturelles [SODEC] du Québec», poursuit-il.

M. Weisz ne souhaite pas que son association touche seulement les salles de la métropole, mais également celles de Québec et des régions. «Nous ne voulons pas être centrés uniquement sur Montréal. Éventuellement, on viserait à avoir un poids qui contribuerait à assurer l’avenir des petites salles. Vous savez, en France, les petites salles son très subventionnées.»

Manque d’appui

Plusieurs participants à la discussion ont d’ailleurs déploré le manque d’appui reçu par ces petits lieux de diffusion au Québec et la compétition reçue des municipalités et de leurs diffuseurs. «Je me fais souvent dire que je suis « juste un bar »», déplore Sébastien Cummings, de la salle Les Pas Perdus des Îles-de-la-Madeleine. «Mais les profits du resto et du bar financent souvent la salle de spectacle!»

«Un jour, ma Ville a fait un 5 à 7 gratuit devant mon établissement avec le même band qui se produisait chez moi six jours plus tard… Les gens voyaient la marquise où j’annonçais le spectacle», poursuit M. Cummings, qui déplore aussi la compétition déloyale de certains festivals. «Ils faudrait que mes concurrents aient les mêmes exigences que moi, et ce n’est pas le cas quand on voit des festivals qui engagent des gens payés au noir qui ne déclarent pas leurs pourboires!»

Joëlle Turcotte, copropriétaire du Zaricot de Saint-Hyacinthe, va plus loin. «Face à la Ville, qui possède une salle régionale qui fonctionne avec son propre diffuseur, nos sommes comme une épine dans leur pied. On est comme une nuisance. Ils n’ont aucun intérêt envers nous», déplore-t-elle.

La plupart des participants à la discussion souhaitaient également un changement du statut légal de ces petites salles de spectacle. «Par exemple, si on pouvait organiser des spectacles pour les mineurs sans vendre d’alcool», a souligné Marie-Ève Bouchard, du Club Soda à Montréal.

Pas payant

Plusieurs propriétaires de bars-spectacles ont d’ailleurs souligné qu’ils feraient plus d’argent en… cessant de présenter des spectacles. «Moi, j’ai un café, bar, restaurant et salle de spectacles et demain, si j’arrête de faire des shows, j’ai plus d’argent dans mes poches», a déclaré un jeune homme d’affaires de Frelighsburg.

Karl-Emmanuel Picard, copropriétaire du bar L’Anti de Québec, abondait dans le même sens. «Je faisais plus d’argent avant d’acheter un bar-spectacle», a lancé celui qui est aussi propriétaire du promoteur de spectacles District 7.

Julien Senez-Gagnon, l’un des responsables des communications du Divan Orange, a pour sa part souligné la difficulté de s’organiser pour ces petits établissements. «On voudrait bien, par exemple, se mettre ensemble pour faire des achats de bière, mais la précarité financière de nos établissements est un obstacle à l’organisation», a-t-il résumé.

PAR :  IAN BUSSIÈRES 

LA UNE : Des représentants de petites salles de spectacles ont pris part à une discussion portant sur leur avenir (voire leur survie) au Maelstrom, dans Saint-Roch. Sur la photo : Marie-Ève Bouchard, du Club Soda (Montréal), Joëlle Turcotte du Zaricot (Saint-Hyacinthe), Karl-Emmanuel Picard du bar L’Anti (Québec) et Sébastien Cummings des Pas Perdus (Îles-de-la-Madeleine).