Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent

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Par Donald Longuépée
Extrait 9 de 10


Mes complices, amis et confesseurs

Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, ce sont aussi mes complices, amis et confesseurs : les phares, les ports, les églises, les plages, les couchers et les levers de soleil, les buttes, les lagunes… Le Phare de Pointe-Basse où, assis sur les marches, j’ai lu plusieurs centaines de volumes; le Phare du Borgot, qui est sur l’écran de veille de mon ordinateur et d’où j’ai contemplé tant de couchers de soleil, tout comme à la Belle-Anse, sur la Butte à Mounette à la Petite-Baie au Havre-aux-Maisons et sur la Butte du Vent; le Phare de l’île Brion où, une nuit, j’ai dormi malgré la visite de quelques souris; et le Phare de l’Anse-à-la-Cabane, majestueux, que toujours je vais saluer à chacune de mes visites aux Îles. Et les ports qui m’ont enseigné que lorsqu’on pleure le départ d’êtres chers qui prennent le traversier, et que l’on voit ce point noir disparaître à l’horizon, quelque part ailleurs un point noir apparaît, un nouvel arrivage, un autre lieu d’accueil, un nouvel accostage… La vie des va-et-vient, jamais les mêmes, sur une mer jamais la même qui vient border et consoler avec ses embruns et ses écumes mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent… où comme toute Madeleinienne et comme tout Madelinot qui demeure sur la « grande terre », « Je ne suis plus de l’équipage, mais passager » … Mais je le demeurerai à tout jamais dans mon cœur…. Ces plages, aussi, dont j’ai la grande fierté de dire que les ai marchées au complet sans aucune exception.  Ces dunes mes sœurs éternelles…

Puis, il y a le « Compostelle » de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, amoureusement baptisé Sentiers entre Vents et Marées.  Quelle belle initiative de mes héroïnes et de mes héros bien à moi que sont Carole à Nicolas à Isaac à Onésime Turbide, Claire à Edmond à Isidore à Jean Boudreau, Fernande à Léo à Léon au défunt Léon Petitpas, Jean à Armand à Pit à Win Bouffard, Réal à Wellie à Alex au p’tit Laurent Jomphe et Carole à Raymond à Gildas à Nelson Longuépée.  Marcher les Îles, sentir les Îles, respirer les Îles, goûter les Îles, frôler les Îles, toucher les Îles… Se laisser enivrer par le Beau, par le Vrai, par le Silence, par la rencontre à Soi, par le mouvement incessant, audible et doux de la mer, par le crissement feutré de nos pas sur le sable, par les caresses discrètes de la brume et les confidences chuchotées par le vent.

Il y a aussi beaucoup d’autres de mes héroïnes et de mes héros de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, dont j’aurais tellement aimé vous parler. Je le ferai un jour peut-être… Ce sont les gens d’affaires qui enrichissent mes Îles de leur expertise, de leur labeur en devenant des ressources précieuses et indispensables dans maints domaines. Ce sont le mouvement coopératif et ses pionniers qui ont balisé des grands pans de la structure socioéconomique madeleinienne.  Il y a celles et ceux qui ont permis la création des festivals, des Châteaux de sable, des compétitions de planche à voile, de la Course des petits bateaux, des courses de chevaux, du traditionnel « Feu de la Saint-Jean » à Fatima, de la mi-carême, des concours de cerfs-volants, de la Fête populaire du Cap-Vert et d’autres et d’autres encore. Que de Madeleiniennes et de Madelinots magnifiques se trouvent à l’origine et à l’organisation de ces événements qui, pour la majorité, existent toujours.

J’aurais aimé vous parler et rendre hommage à mes héroïnes et à mes héros bien à moi, originaires des Îles qui ont marqué la fonction publique madeleinienne, québécoise et canadienne, des jeunes qui ont performé de façon remarquable dans différents champs de spécialisation universitaire et les autres et les autres et les autres encore… J’aurais aimé vous parler des maisons madeleiniennes, de leur architecture et de leurs couleurs uniques par la variété; à vol d’oiseau, on croirait que ce sont des fruits sauvages… J’aurais aimé vous parler de l’église de Lavernière, qui est d’une beauté sublime, tout comme de l’église de Fatima, qui n’est rien de moins qu’une ode consacrée à la mer et à nos valeureux pêcheurs… J’aurais aimé saluer et louer l’industrie touristique et ses infatigables artisans et travailleurs… Et je ne vous ai pas parlé non plus des bénévoles qui sont le socle de notre archipel. Je ne vous ai pas parlé de la Fondation Madeli-aide créée le 5 août 1997 et qui a pour mission de « promouvoir les études auprès des jeunes des Îles de la Madeleine ». Son président-fondateur fut nul autre que Jean à Raymond Lapierre. Je n’ai pas soulevé le sujet captivant des hommes forts des Îles. Tout un chapitre serait à écrire sur les légendes que sont Jérôme à Numas Jomphe, Edmond à Ernest Renaud, Wilfrid à William Poirier et les autres, nombreux aussi d’Île en Île, de port en port. Mais encore davantage, j’aurais aimé vous parler de la communauté anglophone.  Des gens avec qui nous vivons côte à côte et que je respecte tant. C’est ensemble que nous avons bâti les Îles.  Une communauté à découvrir et à rencontrer, des gens vrais, fiers et magnifiques. Mais le temps me manque. Sachez que vous êtes aussi les héroïnes et les héros bien à moi de mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent.

Mes îles de mer, de sable, de brume et de vent, c’est l’appel infini des grands espaces en nos regards qui habillent et déshabillent l’horizon… ces grands espaces en nous, les espaces à naître, à nous apprendre à aimer, à nous dire JE T’AIME, avec pudeur et générosité. Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, c’est cette jeunesse en mouvance, d’émerveillement en émerveillement, c’est l’immuable grandeur d’âme de ses artisans-bâtisseurs qui s’érigent en véritables « Phares » dans mes nuits et mes dunes esseulées. Mes Îles de mer, de sable, de brume et de vent, c’est chacun de nous qui y sommes nés ou qui les avons choisies pour y vivre et exercer le plus beau métier de la Terre, celui de laboureur des fonds marins pour lesquels les peintres, les musiciens, les écrivains, les photographes, les conteurs et les sculpteurs ne tarissent pas d’éloges : « Partons la mer est belle, embarquons-nous pêcheurs… »

À bétôt

Donald à Donat à Clémé


1 Ce texte, avec quelques modifications, fut publié, pour la première fois, dans un ouvrage collectif, aux Éditions Création Bell’Arte, 2016, ISBN : 978-2-923033-66-2.


Donald Longuépée est né aux Îles de la Madeleine. Il a étudié en littérature à l’Université Laval et en administration à l’École des Hautes Études Commerciales de Montréal. Il est actuellement conseiller aux dossiers métropolitains à la direction générale de la Ville de Repentigny, et ce depuis 2006. En dehors de ses champs d’intérêt et d’expertise liés à son travail, la littérature, la spiritualité, l’histoire, la philosophie, les sciences, la psychologie et tout spécialement l’âme humaine exercent chez lui un attrait particulier.

 

Photo : Nancy Lachapelle