Les habitants des Îles-de-la-Madeleine montrent leur débrouillardise.
Par STÉPHANIE GENDRON
Des pêcheurs aident à protéger les Îles-de-la-Madeleine des tempêtes en donnant leurs vieux casiers à homards pour retenir le sable, plutôt que de les jeter.
Les casiers installés sur la plage s’emplissent de sable avec le mouvement de l’eau et du vent. Les dunes peuvent ainsi se reconstruire afin de protéger les maisons et les routes qui sont situées derrière.
Les dunes de sable peuvent être brisées par les vagues lors de tempêtes ou par des brèches causées par les VTT ou les piétons qui circulent à travers elles. Les casiers à homards les rendent plus résistantes.
«Si on maintient 10 % du sable, ça va être un succès pour nous, parce que ça va consolider la dune. C’est ça qui assure une vraie protection contre les tempêtes», affirme Jean-Philippe Dinelle, chargé de projet au comité des zones d’intervention prioritaire (ZIP) des Îles.
La méthode est répandue dans plusieurs régions, mais la plupart du temps des branches sont utilisées. Aux Îles-de-la-Madeleine, on utilise des casiers à homards fournis gratuitement par les pêcheurs, un matériau qui a fait ses preuves lors d’essais effectués il y a quelques années.
«Les pêcheurs vont habituellement porter leurs cages au Centre de gestion des matières résiduelles des Îles-de-la-Madeleine et doivent même payer un certain montant pour s’en débarrasser. Nous, on les collecte et on enlève les matériaux qui ne sont pas biodégradables», dit Jean-Philippe Dinelle.
Les cages sont installées et attachées, puis retenues par du cordage. On y ajoute du sable dragué qui serait autrement renvoyé au large, pour plus de succès.
Barrière naturelle
L’organisme Attention FragÎles et le comité ZIP ont installé plus de 200 casiers à homards et des recharges de sable il y a quelques jours à la Pointe de la Grande-Entrée.
L’opération a été peu coûteuse. Pêches et Océans Canada a fait le transport du sable, et il en aura coûté environ 75 000 $ pour quatre opérations similaires, dont deux impliquant des casiers à homards.
Ces installations ne sont pas si vulnérables aux grosses tempêtes, parce que les restaurations de dunes sont faites un peu en retrait du littoral.
Mieux que la roche
Certains mettent en doute ces méthodes peu agressives lorsqu’ils voient le sable disparaître après une grosse tempête. Ils se demandent si des murs d’enrochement ne seraient pas préférables pour protéger les bâtiments et les routes.
«La roche, à moyen et long terme, ça va aggraver la situation. La mer frappe ces enrochements-là et repart avec la plage qui est devant. Après ça, la mer rentre plus fort et ce sont des roches qui se promènent. On a des exemples flagrants», a dit Serge Bourgeois, directeur général de l’aménagement du territoire et urbanisme aux Îles-de-la-Madeleine, qui a pu survoler le territoire en hélicoptère récemment, après la grosse tempête de la fin novembre.
«Là où il y a des enrochements, on voit clairement qu’aux extrémités ou entre deux enrochements, ç’a fait des entonnoirs et ça rentre avec beaucoup plus de force», a ajouté M. Bourgeois.