Jean-Pierre Léger, amoureux des Îles, philanthrope et ambassadeur

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« Je suis vraiment tombé en amour avec les Îles ! »
Cette petite phrase de Jean-Pierre Léger, bien sentie, témoigne de son attachement profond pour les Îles-de-la-Madeleine.

Né à Montréal en 1945, Jean-Pierre Léger a grandi dans les cuisines du restaurant que ses parents, Hélène et René Léger, ont fondé en 1951, le St-Hubert Bar-B-Q. À partir de 1966, Jean-Pierre gravira les échelons de l’entreprise, de la cuisine à la salle à manger, du service à la gestion, pour éventuellement devenir l’unique actionnaire et le grand patron de ce qui est devenu le Groupe St-Hubert, avec 117 restaurants, deux usines de production alimentaire, deux centres de distribution et plus de 10 000 employés.

L’amoureux des Îles

Comment l’un des entrepreneurs les plus remarquables du Québec est-il tombé en amour avec les Îles ? Le premier voyage de Jean-Pierre Léger aux Îles remonte au mois de septembre 1973. C’est sa sœur aînée, Claire, qui avait entendu parler des Îles et qui convainc Jean-Pierre de l’accompagner. C’est un voyage décidé à la dernière minute. Ils apprennent que le Madeleine fait la liaison entre Montréal et les Îles, mais que le bateau vient de partir en direction de Québec… Sans hésitation, Jean-Pierre, sa future épouse, sa sœur Claire, son mari et leur fils filent vers Québec dans l’auto de Jean-Pierre. Ils arrivent à temps pour monter sur le Madeleine. Jean-Pierre voit, avec un peu d’appréhension, son « station wagon » être soulevé par un palan pour être déposé dans la cale du bateau. Après une escale à Matane et une traversée du golfe sans heurts, le Madeleine accoste à Cap-aux-Meules et les Léger s’installent au camping de Fatima pour une semaine.

À cette époque, les Îles n’étaient pas considérées comme une destination touristique. Pour Jean-Pierre, c’est une découverte. Il voit un coin de pays unique au Québec. La mer tout autour, de grandes plages de sable fin, des buttes arrondies, des maisons colorées. Des gens accueillants, qui prennent le temps de s’arrêter et de jaser avec lui. De plus, il fait beau toute la semaine.

Jean-Pierre n’a jamais oublié ce premier voyage et il s’est juré de revenir.

Après avoir fondé une famille, Jean-Pierre revient aux Îles à l’été 1990 avec son épouse et ses deux filles. Il loue un chalet à Portage-du-Cap, près de la plage. Comme le chalet est équipé de grands chaudrons, les Léger mangent du homard une grande partie de la semaine, souvent le midi et le soir. Ils visitent toutes les Îles. Jean-Pierre se promène sur les quais, parle avec des pêcheurs. Ce séjour renforce son amour pour les Îles. Il se sent bien dans cet environnement et il apprécie l’authenticité des gens qu’il rencontre.

Par la suite, Jean-Pierre revient souvent aux Îles, à l’Auberge Havre-sur-Mer. Ces nombreux séjours lui permettent de mieux connaître le village de Bassin, ses habitants, ses falaises, son port de pêche de l’Anse-à-la-Cabane, sa dune de l’ouest, sa « montagne ». Et c’est au Bassin que Jean-Pierre choisit, en 2006, de construire sa maison et de devenir un citoyen et un contribuable des Îles.

Je demande à Jean-Pierre de me décrire son amour des Îles.

« Comment ne pas tomber en amour avec les Îles ? Tout d’abord, le paysage, la beauté des lieux. C’est un archipel en pleine mer, loin de toute côte extérieure, avec des plages à l’infini, des falaises rouges, des maisons typiques colorées. C’est unique au Québec. Et on est au Québec. On y parle français.

Pour un Montréalais comme moi, c’est dépaysant, et c’est ça qui est intéressant. C’est comme si on était sur une autre planète ! De plus, quand tu es aux Îles, tu n’as pas le choix, tu changes de vitesse. Les gens prennent plus leur temps. Ça fait partie de la vie aux Îles. Tu apprends à vivre avec la nature, à son rythme. Avec le temps, j’ai rencontré de plus en plus de gens des Îles et j’ai appris à mieux les connaître. J’ai eu l’impression de tranquillement y prendre pays.

Un madelinot qui m’a aidé à mieux comprendre les Îles, son histoire et ses gens, c’est Wellie Lebel. Quel raconteur ! C’est une personne que j’aurais aimé connaître davantage. Monsieur Lebel était, pour moi, un témoin extraordinaire de la vie des Îles des années 1920, 1930, 1940 et 1950. Il s’exprimait très bien, avec simplicité et sagesse. Il dégageait une force tranquille. Je regrette de ne pas avoir invité Radio-Canada à réaliser une longue entrevue d’une heure avec ce grand personnage pour que son témoignage soit entendu à la grandeur du Québec. »

Le philanthrope

photo JPL2 (002)Jean-Pierre Léger est reconnu au Québec et aux Îles pour sa grande générosité. « C’est ma sœur Claire qui a éveillé en moi la fibre philanthropique.» Alors que Jean-Pierre prenait la direction de St-Hubert, sa sœur lui signale qu’il n’y a pas de comité des dons dans l’entreprise. La culture de la philanthropie était moins développée chez les francophones du Québec que chez les anglophones. Comme le dit Jean-Pierre : « Jusqu’à la fin des années 1950, les francophones du Québec étaient des porteurs d’eau. » On n’avait jamais eu l’opportunité de développer la culture philanthropique.
St-Hubert a formé un comité des dons et, en 2012, a mis en place la Fondation St-Hubert. Aujourd’hui, c’est plus de 5,3 millions de dollars qui ont été redistribués à la collectivité par la Fondation.

Depuis la vente du Groupe St-Hubert aux Entreprises Cara en 2016, Jean-Pierre et sa sœur Claire ont créé la « Fondation de Claire et Jean-Pierre Léger » dont la mission est de favoriser le mieux-être des communautés.

Pourquoi cet engagement soutenu de Jean-Pierre Léger en philanthropie ? « J’ai découvert que c’est important, quand tu en as les moyens, de contribuer activement au développement de la communauté, de redonner au suivant, de soutenir la société qui t’a fait grandir. En encourageant des individus, des groupes et des organismes qui ont un impact significatif au sein des communautés, c’est investir dans l’avenir. Voir ses activités se développer, c’est le rêve de toute organisation! D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été un rêveur. Et c’est très gratifiant d’aider les gens autour de soi. »

Aux Îles, Jean-Pierre appuie plusieurs causes qu’il affectionne. Sans son important soutien financier et son engagement personnel au projet de la Résidence Plaisance des Îles pour aînés, il y a trois ans, le projet n’aurait pas pu démarrer.

Jean-Pierre s’implique activement dans le projet de l’École de cirque des Îles. Il a été touché quand la directrice de l’École a présenté les activités du cirque social qui permettent à des jeunes de 12 ans et plus de reprendre leur vie en main. Ça lui rappelait son enfance et son adolescence. « J’ai eu des problèmes d’apprentissage, quand j’étais jeune. J’avais un déficit d’attention. J’en ai souffert. Aujourd’hui, on me donnerait un diagnostic de TDAH. »

Jean-Pierre organise régulièrement des activités pour aider financièrement Entraide communautaire des Îles. Il soutient des artisans et des artistes des Îles. Il a fait un don de deux pianos à queue, un pour l’Église Saint-Pierre de Lavernière et un pour le Vieux Treuil.

Jean-Pierre Léger offre aussi son aide à d’autres personnes et organismes dont les besoins correspondent à ses valeurs humaines. Mais, comme il le dit : « Je ne peux pas être partout. »

L’ambassadeur, parfois « quêteux »

Jean-Pierre Léger est un grand ambassadeur des Îles. Lorsqu’il parle des Îles à ses amis et collègues de la « grand’terre », il est enthousiaste et convaincant. Au cours des années, de nombreuses personnes sont venues visiter les Îles à la suite de ses recommandations.

Il est aussi un « quêteux » exceptionnel sur le « continent », au bénéfice de la population des Îles. Jean-Pierre a joué un
rôle essentiel lors des deux campagnes majeures de financement de la Fondation Madeli-Aide qui ont rapporté 1,5 million $ en 2006-2011 et 1,6 million $ en 2012-2017. Son grand pouvoir d’influence auprès des dirigeants des institutions financières et des grandes compagnies du Québec a assuré le succès de ces deux campagnes. Aujourd’hui, Jean-Pierre est co-président, avec monsieur Guy Cormier, président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, de la campagne de financement 2018 – 2023 dont l’objectif est de 2 millions $.

Lorsque la Fondation Santé de l’Archipel a lancé sa campagne de financement pour l’achat d’équipements de radiologie, en 2015, Jean-Pierre Léger et son bon ami Franklin Delaney sont allés « à la quête » à Montréal et sont revenus avec un montant de 750 000 $.

Enfin, Jean-Pierre s’est engagé à recueillir des dons de 2 millions $ pour aider au financement du projet de Résidence Plaisance des Îles.

Dans ces trois dossiers, le rôle exemplaire de Jean-Pierre comme entrepreneur socialement responsable et premier donateur majeur lui permet de convaincre les autres grands donateurs du « continent » de contribuer généreusement à notre communauté.

Malgré tous ses succès, Jean-Pierre Léger demeure un homme simple et accessible. Nous sommes privilégiés d’avoir, parmi nous, un homme de coeur et un citoyen engagé comme lui.

Merci, Jean-Pierre !

PAR Léonard Aucoin
Source : Magazine LES ÎLES