Contrairement au tourisme, le homard est au rendez-vous aux îles de la Madeleine

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Si l’industrie touristique a de la difficulté à garder la tête hors de l’eau aux îles de la Madeleine à cause de la pandémie, l’autre pilier économique de l’archipel, la pêche au homard, va avantageusement tirer son épingle du jeu.

Cette année, on n’était même pas censé pêcher. Il y en a qui disaient qu’on n’allait pas pouvoir pêcher à cause du coronavirus, se souvient Hilaire Chevarie, l’un des 325 pêcheurs-propriétaires des îles de la Madeleine.

Et pourtant, selon le capitaine de L’Accalmie II, les pêcheurs des îles pourraient bien connaître l’une de leurs meilleures saisons en ce qui a trait au volume de homards capturés dans leurs cages. Monétairement, ce ne sera pas mieux que l’an passé, mais en quantité de volume de homards, c’est la plus grosse année à vie, on n’a jamais vu ça aux îles, s’extasie-t-il.

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« On a été bien surpris de pouvoir pêcher et, en plus, c’est parti pour être une excellente saison », affirme le capitaine Hilaire Chevarie. PHOTO : RADIO-CANADA / VALÉRIE GAMACHE

À l’ouverture de la saison, le prix du homard versé au quai a été fixé à 6,40 $/livre aux îles de la Madeleine; c’est un peu moins que le prix moyen de l’an dernier qui s’élevait à 6,64 $. Et au fil des semaines, le prix a baissé, tout comme les profits. Là, il serait rendu à 4,75 $ environ. L’an passé, si ça n’était pas 7 $, ça n’était pas loin, mais comme la quantité est plus grande [cette année], ça compense, fait remarquer M. Chevarie.

Et puis, l’incertitude entourant le début de la saison ailleurs dans le golfe a avantagé les pêcheurs de l’archipel. Les homardiers des îles de la Madeleine ont pris le large en même temps que ceux de la Gaspésie, et en avance sur ceux des provinces maritimes, explique le député péquiste des îles de la Madeleine, Joël Arseneau.

En Gaspésie, ils ont reporté leur date devant l’incertitude et on était en avance d’une semaine sur l’Île-du-Prince-Édouard, ce qui n’a jamais été le cas. Même chose pour le Nouveau-Brunswick. Pour une première historique, les pêcheurs madelinots étaient les premiers sur le marché, dit-il.

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Le député des îles de la Madeleine, Joël Arseneau, affirme que la saison sera loin d’être catastrophique malgré l’incertitude initiale liée à la pandémie. PHOTO : RADIO-CANADA / VALÉRIE GAMACHE

Les États-Unis, qui représentent 42 % du marché canadien, ont eu de l’appétit pour le homard des îles, malgré la pandémie. La crainte était que les États-Unis soient confinés et qu’il n’y ait pas trop d’intérêt pour le homard, mais le prix était bon dès les premières semaines pour permettre d’absorber l’essentiel des prises, ajoute le député provincial.

«À la surprise générale, le homard s’est bien vendu, surtout dans les premières semaines, ce qui fait que le prix a permis aux homardiers de faire leurs frais. On présume que la saison sera loin d’être catastrophique. » – Joël Arseneau, député péquiste des îles de la Madeleine

Les pêcheurs madelinots avaient enregistré l’an dernier une saison record, la valeur des débarquements ayant atteint 78,5 millions de dollars. On ne s’attend pas à de tels résultats financiers cette année, mais la saison ne sera pas aussi catastrophique qu’on l’appréhendait.

Sur le quai de Cap-aux-Meules, les pêcheurs affichent leur confiance face à ce bilan provisoire tout en demeurant discrets sur leurs prises. Vous en avez rapporté combien aujourd’hui capitaine?, demande-t-on. Hilaire Chevarie hésite et esquive : D’habitude, un pêcheur ne dit pas ses pêches!

Il faudra donc attendre la fermeture de la pêche, le 11 juillet, pour évaluer la saison du capitaine Chevarie et de son équipage, mais aussi pour voir à quel point cette saison, qui a bien failli ne jamais avoir lieu, s’avérera finalement profitable.

LA UNE : Le nombre de prises de homard est à la hausse aux îles de la Madeleine, mais le prix de ce crustacé invertébré est à la baisse. PHOTO : RADIO-CANADA / VALÉRIE GAMACHE