Pêche au homard : les prises sont abondantes, mais les prix en baisse

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Après trois semaines de pêche, le prix payé au débarquement s’établit à 4,08 $ la livre de homard. Le même prix qu’après la crise de 2008.

La saison n’avait pas trop mal commencé pour les pêcheurs de la Gaspésie et des Îles. À 6,40 $ la livre au débarquement au cours de la première semaine, le prix du homard était comparable à celui de l’an dernier.

Réticents à entamer la saison, les pêcheurs craignaient les effets d’un marché anémique en raison du confinement. Plusieurs redoutaient un début de saison à 3 $ la livre.

Les promesses de la première semaine semblent maintenant s’estomper. Les pêcheurs ont reçu 5,01 $ la livre la seconde semaine et ils recevront près de 1 $ de moins pour leur troisième semaine de pêche.

Aux Îles-de-la-Madeleine, le directeur général de Fruits de mer Madeleine, Pierre Déraspe, souligne que cette période de l’année est toujours plus difficile puisqu’il y a généralement une abondance de produits en provenance des Maritimes sur le marché. Et les prix sont à l’avenant.

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Plusieurs homards sont empilés dans une caisse. PHOTO : RADIO-CANADA / NICOLAS STEINBACH
Cette année avec la pandémie, c’est pire. Les États-Unis ne paient pas tellement cher et le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse ont baissé leur prix terriblement, commente le directeur de l’AQIPAssociation québécoise de l’industrie de la pêche, Jean-Paul Gagné.

Le prix payé au débarquement du homard par les industriels est, comme l’an dernier, de 75 % sur les premiers 3 $ payés à la livre par les trois meilleurs acheteurs sur le marché américain, et de 90 % sur l’excédant.

Succès dans les supermarchés

Ce printemps, les homardiers de la Gaspésie et des Îles ont mis leurs premières cages à l’eau le 9 mai.

Le 15 mai, toutes les flottilles de homardiers du Québec et des Maritimes avaient repris leurs activités.

Au Québec, l’industrie a pu profiter des premiers jours du long congé de la fête des Patriotes pour faire la promotion du homard vivant. On a eu une très bonne réponse des chaînes du Québec, commente Bill Sheehan, président de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche.

Quatre semaines plus tard, la situation est plus critique. La ressource est abondante et même si les poissonneries et les supermarchés battent des records de vente, certains transformateurs sont inquiets.

«La capture est de beaucoup supérieure à ce qui peut se consommer en homard vivant présentement.» – Bill Sheehan, vice-président de E.Gagnon et fils et président de l’Association québécoise de l’industrie de la pêche

Même si la vente en supermarché va très bien, le marché demeure limité, relève M. Sheehan. C’est un produit qui est vivant, dit-il, on ne peut pas le laisser traîner trois, quatre ou cinq jours. C’est difficile avec les nouvelles normes en magasin. Les gens doivent faire la file, respecter le deux mètres.

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Le départ des pêcheurs du quai de Caribou en Nouvelle-Écosse (archives). PHOTO : CBC/BRETT RUSKIN

À cela s’ajoute la concurrence du homard des provinces maritimes.

On se retrouve, au début juin, avec beaucoup de homard en inventaire. Il est plus difficile à vendre vivant. On commence à être vraiment saturé. On va vraiment avoir besoin d’aide, de restaurateurs, de nouveaux consommateurs , souligne Bill Sheehan.

Ressources abondantes

Les capacités de stockage des usines sont donc mises à l’épreuve. De notre côté, on est encore correct, affirme Bill Sheehan, mais les choses se compliquent de jour en jour. Ça commence être lourd à supporter. La limite approche.

Il y a une limite à le garder vivant dans les piscines, il y a une limite en temps et une limite en capacité.

La congestion à l’intérieur des usines était l’une des appréhensions des pêcheurs au début de la saison. Le directeur du Regroupement des pêcheurs du sud de la Gaspésie, O’Neil Cloutier craignait un effondrement des prix ou même un arrêt des achats en raison de cette accumulation dans les usines.

Aux Îles-de-la-Madeleine, Pierre Deraspe demeure cependant optimiste. Il croit que la situation se redressera d’ici quelques semaines.

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Sitôt débarqués, les homards sont placés dans des caisses, puis acheminés vers les viviers des différentes usines de l’archipel (archives). PHOTO : RADIO-CANADA

Fruits de mer Madeleine n’a pas de difficulté pour le moment à écouler son homard. Les acheteurs américains et japonais sont là, assure M. Déraspe.

Le directeur de l’usine se dit surpris des résultats et même content pour les travailleurs d’usine qui ont pu retrouver leur gagne-pain.

Néanmoins, le Madelinot compte aussi sur la reprise et le déconfinement, notamment celui des casinos aux États-Unis, pour affermir et augmenter la valeur des ventes.

PAR Joane Bérubé

LA UNE : L’an dernier, le débarquement des homards aux Îles-de-la-Madeleine s’est traduit en 78,5 millions de dollars, ce qui représente environ la moitié de la valeur des prises du Québec (archives). PHOTO : COMITÉ DE LA MISE À L’EAU