Hydro-Québec remet en question son projet de câbles sous-marins pour les Îles

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Hydro-Québec retourne à la table à dessin pour trouver la solution la plus optimale pour approvisionner les Îles-de-la-Madeleine en électricité. L’installation de câbles sous-marins est remise en question, car cette option s’avère beaucoup plus coûteuse que prévu.

Après avoir annoncé en 2018 que la centrale thermique alimentée au mazout qui fournit actuellement les Îles en électricité serait remplacée par un câble sous-marin se raccordant au réseau principal d’Hydro-Québec, la société d’État prend un pas de recul et relance ses études pour explorer d’autres scénarios d’approvisionnement en électricité pour l’archipel.

Les études d’avant-projet qui ont eu lieu l’été dernier ont révélé que l’installation de deux câbles sous-marins de 225 kilomètres reliant Percé à Cap-aux-Meules était plus complexe, et donc plus chère que ce qui était anticipé.

«On se doit, pour faire un travail diligent, faire un travail de bon père de famille, de raffiner l’analyse des études alternatives qui peuvent exister pour la transition énergétique des Îles,» a affirmé le directeur des réseaux autonomes chez Hydro-Québec, Richard Lagrange.

Hydro-Québec ne souhaite pas dévoiler les coûts prévus initialement pour le projet ni l’ampleur de la hausse de la facture liée aux nouvelles contraintes techniques. «On va attendre de terminer l’exercice avant d’avancer des chiffres,» a indiqué Richard Lagrange.


  Les explications d’Isabelle Larose à l’émission d’Est en est


Un projet basé sur des données des années 1980

Deux éléments sont notamment en cause dans l’augmentation des coûts prévus :

  1. Les fonds marins se sont transformés;
  2. Le courant sous-marin est plus puissant que ce qui avait initialement été documenté.

Dans ses analyses préliminaires, Hydro-Québec s’était basée sur certaines données géophysiques et géotechniques datant des années 1980. Elles présentaient un fond marin très sablonneux ce qui était un scénario idéal pour enfouir le câble sous l’eau à un coût raisonnable. L’étude d’avant-projet menée l’été dernier présente un fond marin beaucoup moins fourni en sable.

«Quand on a fait les relevés l’été passé, aux mêmes endroits, il n’y avait plus de sable.» – Richard Lagrange, directeur des réseaux autonomes chez Hydro-Québec

«Lorsqu’on fait face à des fonds de roches, on doit mettre des espèces de manteaux en ciment pour protéger le câble. Alors c’est sur que si, sur de grands tronçons, on en vient à être obligés à couvrir le câble de ces revêtements de ciment, c’est nettement plus dispendieux,» explique M. Lagrange.

Par ailleurs, une plus grande considération de l’érosion des berges pousse également Hydro-Québec à estimer un coût plus élevé au projet.

Le câble demeure l’option privilégiée

Hydro-Québec affirme que le raccordement au réseau principal d’hydroélectricité par un câble sous-marin permettrait de réduire les gaz à effet de serre de 94 % ainsi que de réduire considérablement les coûts présentement en vigueur avec la centrale au mazout.

«L’option du câble demeure de loin l’option privilégiée qu’Hydro-Québec conserve pour faire la transition énergétique des Îles, mais les coûts augmentent,» précise M. Lagrange.

Richard Lagrange indique toutefois que, quelle que soit la solution retenue par Hydro-Québec, les coûts seront plus bas que ceux engendrés actuellement par la centrale thermique. Le statu quo, c’est-à-dire le maintien de la production d’électricité à partir de mazout, ne fait pas partie des solutions envisagées.

La société d’État vise à terminer les analyses nécessaires à sa prise de décision au printemps 2021.

L’échéance de 2025 pour faire la transition énergétique reste envisageable, peu importe la solution choisie, dit Hydro-Québec. La société d’État admet tout de même que la COVID-19 pourrait retarder « au début 2026 » la mise en service.

LA UNE : Les Îles de la Madeleine sont alimentées en électricité par une centrale thermique à moteur diesel (archives). PHOTO : LUC PARADIS / RADIO-CANADA