Texte d’opinion : Le transport aérien régional

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Par Donald Longuépée


Je ne suis pas un spécialiste en transport aérien. Je n’habite plus les Îles de la Madeleine depuis plus de 28 ans. Mais mon attachement et ma passion pour les Îles me motivent à vous partager ma réflexion sur le dossier du transport aérien régional qui constitue, rien de moins, que l’épicentre pour l’avenir de l’Archipel madelinot.

De nombreux autres dossiers, aux Îles, sont fort préoccupants et exigent une vigie et un suivi excessivement serrés. Je pense ici, notamment, à la préservation et au développement de nos ressources en matière de pêche, à l’industrie touristique et son adaptabilité à notre réalité insulaire, à l’érosion et à l’aménagement de notre territoire, à l’approvisionnement en eau potable, à la gestion et le traitement de nos déchets, à la pénurie de main-d’œuvre ainsi qu’à la communication à l’ère Internet.

Mais j’estime que l’enjeu du transport, et de façon toute particulière le transport aérien, vient en tête de liste, tout comme le transport maritime et routier. La fragilité de notre Communauté et sa possible résilience est tributaire du transport comme lien avec la Grande terre. Le lancement du Ponchon, le 2 février de l’an 1910, est devenue, à ce jour, la plus belle, la plus singulière et la plus haute expression historique de cette insularité.

Dans un texte plus étoffé, il serait intéressant de retracer l’évolution du transport aux Îles, et en particulier du transport aérien et ses difficultés jamais résolues depuis que les avions atterrissaient sur les dunes. Je pourrais y nuancer ma pensée.

Au risque de choquer, j’affirme que tant et aussi longtemps que nous ne trouverons pas une solution pérenne à ce dossier, aucun dossier n’aura été résolu aux Îles. C’est le dossier de tous les dossiers.

Dans le contexte actuel, l’heure est aux urgences.  Qui dit « urgence » dit court terme !  Les débats fusent quant aux problèmes liés au transport aérien et aux solutions à y apporter.  Tout en étant conscient que nous devons y apporter très rapidement des solutions à court terme, je considère que seule une véritable solution à long terme pourra apporter une vraie solution durable.  Je propose donc que la Communauté maritime des Îles, le gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral et tous les intervenants au dossier s’assoient avec la Coopérative de Transport Maritime et Aérien (CTMA) afin d’inviter cette dernière à ajouter un volet aérien à son créneau existant.  Du même coup, la CTMA retrouverait cette lettre de noblesse initialement inscrite dans sa mission lors de sa fondation, soit le volet aérien.

Et pourquoi ne pas profiter de la mise en place de cette nouvelle mission pour revisiter, dépoussiérer et revoir en profondeur la structure administrative de la CTMA. Quel beau défi !

Depuis plus de 76 ans la CTMA, malgré tout le progrès qui reste à faire, a contribué et continue à contribuer de façon magistrale et colossale au développement de de toutes les facette de nos Îles, et en particulier de son économie. La CTMA est une incontournable aux Îles dans tous les domaines et constitue un employeur majeur pour les Îles, en plus d’être un lieu décisionnel de chez nous. Sans la CTMA, les Îles ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui.

La CTMA a développé une puissante expertise aux chapitres du transport maritime et routier et j’ai la profonde conviction, que cette coopérative de transport est capable de relever avec brio ce gigantesque défi. Une expertise de chez nous au service de la population madeleinienne et de la population québécoise et pourquoi ne pas rêver à de possibles dessertes à plus long terme qui pourraient transcender le territoire québécois. Un transporteur aérien dont le siège social serait aux Îles de la Madeleine, un lieu décisionnel chez nous par des gens de chez nous. Imaginons les effets bénéfiques ! Cela pourrait mener, à terme, à une création très certainement de 100 à 150 emplois permanents (à évaluer et à déterminer) très bien rémunérés. L’équivalent d’une deuxième mine de sel aux Îles !!!

Il y a de l’expertise non négligeable en transport aérien aux Îles, mais il est évident que la CTMA, pour ajouter ce volet à leurs offres de service devrait mettre toute une équipe dédiée à sa mise en place et devrait être accompagnée par les deux ordres de gouvernement que sont Québec et Ottawa, ainsi que par la Communauté maritime et les diverses instances majeures en place aux Îles.

Paris ne s’est pas fait en un jour. Donnons-nous le temps de prendre des décisions justes et éclairées. Quel beau projet collectif et structurant pour et par les jeunes et moins jeunes Madeleiniennes et Madelinots !

Je profite de l’occasion pour féliciter le gouvernement fédéral, j’en n’’ai pas souvent eu l’occasion ma vie durant, d’avoir confirmé la construction d’un nouveau traversier pour la liaison Les-Îles-Souris. Et quelle géniale idée que de lui donner le nom de Jean Lapierre. Quelle heureuse reconnaissance la Communauté maritime des Îles pourrait initier avec le gouvernement du Québec afin que le futur bateau reliant notamment les Îles à Montréal, porte le nom de Denise Leblanc-Bantey. Et pourquoi l’Aéroport des Îles ne porterait pas le nom de Gilbert Carbonneau.

Trois grands Humanistes au regard universel et Ambassadeurs invétérés des Îles de la Madeleine. D’une intégrité irréprochable, Denise Leblanc-Bantey, Jean Lapierre et Gilbert Carbonneau sont parmi les plus authentiques personnes que j’aie rencontrées dans ma vie. Trois personnes passionnées qui, par leur sensibilité, leur écoute et leur simplicité, ont incarné dans tous les fibres de leur être, notre insularité et sa grandeur. Trois figures de proue parmi les plus marquantes des cinquante dernières années de l’Histoire des Îles qui ont fait entrer, par leurs actions et comme nul autre, les Îles de la Madeleine dans la modernité!

LA UNE :  Un DC-3 de la Maritime Central Airways décharge le courrier et le fret à Fatima en 1948. Tiré de «Les Îles de la Madeleine par l’abbé Proulx»