Régionair : le projet sera rentable après trois ans d’activité, affirment les promoteurs

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Une aide financière de 20 M$ est réclamée au gouvernement du Québec pour les premières années, selon le plan d’affaires consulté par Radio-Canada.

Le plan d’affaires provisoire sur lequel travaillent les promoteurs de Régionair sera déposé sous peu auprès du gouvernement du Québec. Selon un scénario optimiste, l’entreprise parapublique, qui cherchera à remplacer Air Canada dans certaines régions de l’Est-du-Québec, générera des profits de plus d’un million de dollars annuellement, tout en offrant des billets à des prix accessibles.

Régionair ne serait pas un transporteur à proprement parler. Constitué des municipalités et des MRCMunicipalité régionale de comté desservies, il ferait affaire avec des transporteurs existants pour offrir un vol quotidien aller-retour entre la Côte-Nord, Québec et Montréal, et un autre entre les Îles-de-la-Madeleine, Gaspé et les grands centres.

Puisque ces vols feraient escale à Mont-Joli, l’aéroport serait desservi par deux vols quotidiens. Mont-Joli deviendrait en quelque sorte le hub à l’est de Québec, selon un plan d’affaires daté du 21 juillet et dont Radio-Canada a obtenu copie.

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Liaisons projetées par Régionair. PHOTO : RADIO-CANADA
Le plan prévoit donc des contrats de service avec des compagnies telles qu’Air Inuit, Air Creebec et PAL pour offrir ces liaisons. Pascan Aviation, qui propose aussi de prendre la relève d’Air Canada, pourrait également être greffé au projet.
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L’aéroport de Mont-Joli serait le point de transit pour les vols entre Québec, Montréal et l’Est-du-Québec. PHOTO : RADIO-CANADA / JEAN-FRANÇOIS DESCHÊNES

Des trois scénarios détaillés dans le plan d’affaires, celui qualifié d’optimiste permettrait d’engranger des revenus frôlant les 10 millions de dollars tout en dégageant des surplus de 1,2 million de dollars. Il s’agit d’ailleurs du scénario qui est privilégié.

Il prévoit l’utilisation de deux appareils de type DASH-8 100 de 37 sièges. Fait à noter, Régionair desservirait aussi l’aéroport de Rivière-du-Loup. Une liaison entre Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre est aussi dans les cartons.

 

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Prix estimé des billets. PHOTO : RADIO-CANADA

Le scénario qualifié de réaliste évoque des surplus annuels de 338 000 $. Par contre, il présenterait plusieurs défis logistiques puisqu’un des deux appareils utilisés serait de moindre capacité.

Le dernier scénario, le pessimiste, prévoit des pertes annuelles d’un million de dollars, en raison du fait que certains avions devraient voler vides afin de respecter les horaires.

Selon le président de la Régie intermunicipale de l’Aéroport de Mont-Joli, Bruno Paradis, les transporteurs privés regardent d’un bon œil le projet, qui pourrait s’avérer une alternative à la subvention directe d’un transporteur aérien par Québec.

Pour eux, oui, peut-être qu’il y a moins de profit, mais il y a une stabilité, explique M. Paradis, qui ajoute que les contrats entre Régionair et un ou des transporteurs privés seraient d’une durée de trois à cinq ans.

Le projet Régionair est déposé par la Régie intermunicipale de l’Aéroport régional de Mont-Joli, formée par les MRCMunicipalité régionale de comté de La Mitis, de La Matanie, de La Matapédia et de Rimouski-Neigette.

Aide de 20 millions de dollars

Le projet a beau être emballant pour les voyageurs, une condition demeure : Régionair doit être aidé par le gouvernement du Québec lors de ses trois premières années d’activité. Une aide d’environ 20 millions de dollars est évoquée pour permettre l’envol de Régionair.

Les revenus dégagés pendant ces trois premières années constitueront le budget pour les trois années suivantes, peut-on lire dans le plan d’affaires. L’incertitude due à la pandémie justifie d’autant plus l’aide financière de Québec, selon les promoteurs.

Il faut changer le paradigme. Pour nous, le transport aérien, c’est un service et non un produit, ajoute Bruno Paradis.

Puisque ce sont les municipalités, donc les citoyens, qui seraient propriétaires de Régionair, M. Paradis croit que l’offre correspondrait davantage à ce que le milieu réclame depuis des années.

Cette propriété publique implique un devoir de transparence, poursuit le président de la Régie.

Air Canada : partenaire essentiel malgré tout

Même si Air Canada est impopulaire auprès des passagers et des élus, et que son retrait a provoqué bien des remous, il demeure un partenaire nécessaire à la réalisation du projet de Régionair, peut-on lire dans le plan d’affaires.

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Air Canada pourrait offrir des tarifs réduits lors de correspondances à Montréal vers des destinations internationales. PHOTO : EVAN MITSUI / EVAN MITSUI

L’objectif est qu’un passager puisse, par exemple, réserver en ligne un billet Gaspé-Montréal-Paris, comme au temps d’Air Canada, et bénéficier d’un tarif réduit et d’une correspondance.

Selon le plan d’affaires, 70 % des voyageurs québécois à destination de l’Aéroport Pierre-Elliott-Trudeau n’ont pas Montréal comme destination, d’où l’importance d’un partenariat avec un transporteur qui offre des vols ailleurs au pays et dans le monde.

Pas une solution à court terme

Le projet de Régionair pourrait être mis en place dans un an environ. Dans un premier temps, Québec devra se pencher sur une solution d’urgence pour cet automne. Il est probable que le gouvernement décide alors d’aider financièrement directement un ou des transporteurs aériens à court terme.

Selon nos informations, trois autres projets sont actuellement à l’étude, soit le projet coopératif TREQ, la subvention directe aux entreprises de transport aérien, et la création d’un transporteur national.

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Daniel Côté, maire de Gaspé. PHOTO : RADIO-CANADA / CBC

Le maire de Gaspé, Daniel Côté, responsable du dossier aérien à l’Union des municipalités du Québec, ne veut pas se prononcer avant d’avoir évalué dans le détail toutes les options.

Cependant, il mentionne par écrit que si Québec retient la proposition de Régionair, Gaspé sera assurément intéressée à faire partie de la régie intermunicipale propriétaire de l’entreprise.

Mais avant d’arriver là, on doit finir l’analyse des modèles, soumettre une recommandation au ministre et laisser le ministre statuer, a-t-il poursuivi.

Son homologue de la Fédération québécoise des municipalités, le maire des Îles-de-la-Madeleine Jonathan Lapierre, fait preuve de la même prudence. En entrevue, il a indiqué que les projets vont être analysés avec leurs avantages et leurs inconvénients, et c’est le meilleur dossier qui sera choisi par le gouvernement.

LA UNE : Air Inuit est l’un des transporteurs ciblés par le projet de Régionair. PHOTO : RADIO-CANADA / ARIANE PERRON-LANGLOIS