Le chemin des Chalets est maintenant non viable dans sa forme actuelle

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Avec la météo clémente de cet été, on a sans doute oublié qu’il y a un an à peine nous subissions les assauts d’une tempête majeure (Dorian) qui assurément restera gravée dans la mémoire collective tout comme celle de novembre 2018 qui, rappelons-nous, avait coupé toutes communications avec la grande terre. En ce qui concerne plus spécifiquement Dorian, c’est plutôt le secteur du chemin des Chalets qui fut sans contredit le plus touché. En effet, comme on peut le voir sur les photos qui ci-haut, la force des vagues a littéralement démoli des bâtiments poussant même certains d’entre eux hors de leur site d’implantation jusqu’au milieu de la route, voire même jusqu’à l’étang situé en arrière.

Par ailleurs, comme on peut le constater sur la photo à la une, prise 2010 ce n’était pas la première fois que ce secteur se faisait malmener par un événement météorologique extrême.

Effectivement, lors de cette tempête où étaient combiné vents violents du cadran Est et surcote de marée, un des chalets avait même dérivé comme un bateau dans la baie de Plaisance. Face à ce constat et aux prévisions des experts, dès mars 2011, le conseil municipal adoptait une résolution signifiant aux propriétaires que la Municipalité n’investirait plus aucune somme d’argent pour l’entretien des infrastructures s’y retrouvant et qu’il allait éventuellement procéder à la fermeture du chemin. Depuis ce temps, au fil des ans, ce secteur qui, a une certaine époque, était constitué d’une dune bordière qui lui servait de protection, s’est graduellement détérioré pour passer d’un site hautement vulnérable à un site non viable particulièrement après le passage de Dorian qui, comme on le sait, a entraîné un niveau de destruction jamais vu auparavant. C’est d’ailleurs dans les jours qui ont suivi le passage de cette tempête post tropicale que, le ministère de la Sécurité publique (MSP) et celui de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) ont tous deux transmis des avis à la Municipalité lesquels recommandent, la fermeture du chemin pour des raisons de sécurité publique et environnementales. Ces avis, accompagnés d’une lettre signée par le directeur général, ont été transmis à chacun des propriétaires le 17 août dernier.

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Que disent au juste ces avis ministériels?
Pour le MSP, il est clair que d’une part « la réparation et la reconstruction du chemin des Chalets et des bâtiments qui s’y trouvent ne sont pas recommandées » et que, d’autre part, « il est recommandé de procéder au retrait permanent des bâtiments et à la fermeture du chemin des Chalets ». Le ministère précise :

« Conséquemment, il est recommandé de procéder au retrait permanent des bâtiments et à la fermeture du chemin des Chalets. Le retrait des éléments exposés est la seule solution jugée sécuritaire qui permet la réduction des risques liés à l’érosion et à la submersion côtières à cet endroit et d’éviter que se produise un sinistre qui porterait atteinte à la sécurité des personnes et des intervenants d’urgence ainsi qu’à l’intégrité des biens. »

Quant au MELCC, il nous informe qu’il sera désormais impossible de construire une installation septique conforme à la réglementation dans le secteur du chemin des Chalets, et ce, peu importe le coût de construction. En effet, puisque les bâtiments du secteur concerné sont situés dans une zone constituée de milieux humides ou hydriques et submergée à l’occasion, et que ce secteur est situé dans le littoral, le MELCC fait plusieurs constats dont les principaux sont les suivants :

« La bande riveraine de 10 mètres, mesurée à partir de la ligne des hautes eaux, est majoritairement absente du secteur et le chemin des Chalets est maintenant situé dans le littoral et toute construction ici autorisée ne serait pas conforme à la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables (incluant les dispositions qui ont été intégrées à la réglementation municipale). Aucun système de traitement et d’évacuation des eaux usées d’origine domestique ne peut être installé ou réparé en conformité avec le Règlement sur l’évacuation et le traitement des eaux usées des résidences isolées. Ce règlement dont l’application revient à la municipalité empêche que les installations soient situées dans une zone susceptible d’être submergée. Or, comme le secteur du chemin des Chalets serait localisé dans ledit littoral, aucun système de traitement et d’évacuation des eaux usées d’origine domestique ne pourrait y être installé ou réparé. »

Finalement, dans une lettre plus récente adressée au directeur général, le MELCC enjoint avec insistance la Municipalité à faire appliquer la réglementation sur le traitement des eaux usées en nous rappelant que c’est une responsabilité clairement dévolue au palier municipal.

La position du conseil municipal
Lors de sa séance régulière du 8 septembre 2020, les membres du conseil ont adopté une résolution qui réaffirme son intention de mettre en oeuvre les recommandations qui lui ont été soumises par les deux ministères concernés.

Par ce geste, la Municipalité a pris officiellement acte du fait que selon les avis reçus du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques et le ministère de la Sécurité publique, les bâtiments se trouvant de part et d’autre du chemin des Chalets seraient en danger imminent en cas de survenance d’une tempête et que les installations septiques ne peuvent être réparées et remplacées. En conséquence, il est donc important que les propriétaires concernés soient bien au fait de leurs responsabilités, quant à leurs propriétés, quant aux tiers, et ce, vu le risque imminent de destruction de leurs propriétés et qui leur appartient, idéalement d’ici le 30 novembre 2020, de prendre les mesures qu’ils jugeront utiles et, principalement de relocaliser leurs chalets, et ce, en conformité avec la correspondance transmise par le directeur général le 17 août 2020.

L’avenir du secteur
Plusieurs propriétaires de terrains ont manifesté le souhait de pouvoir continuer d’utiliser leur propriété à des fins de villégiature temporaire, non pas avec un chalet, mais plutôt avec un véhicule récréatif. Le conseil, ouvert à cette proposition, a tout de même pris soin de vérifier auprès du MELCC si cette option était réaliste dans le contexte actuel. C’est donc tout juste avant la tenue de la séance de septembre que le ministère nous transmettait l’information suivante :

« À ce sujet, comme il ne s’agit pas de constructions, d’ouvrages ou de travaux, la section 3.3 de la Politique de protection des rives du littoral et des plaines inondables (PPRLPI) ne semble pas s’appliquer pour une roulotte temporaire. Toutefois, les eaux usées doivent être gérées adéquatement et la roulotte doit être mobile et non installée de façon permanente. Il ne doit pas avoir d’aménagement associé (patio, gazebo, etc.). »

On comprend que la réponse est oui, mais que les conditions sont claires. On parle ici d’un véhicule de camping qui ne sera pas rattaché à une installation septique (même à une fosse scellée) et qui ne sera pas pourvu de commodités comme un balcon, un patio, etc. Par ailleurs, lors de la séance, les citoyens concernés ont proposé la mise sur pied d’un comité afin d’assurer une meilleure communication avec la Municipalité, proposition que les élus ont acceptée et précisant toutefois que si l’option d’une zone de villégiature temporaire apparaissait réaliste aujourd’hui rien ne garantissait son maintien à moyen et long terme.

Une situation difficile qui demande beaucoup de résilience
La Municipalité est consciente que cet état de situation peut être difficile à accepter pour les propriétaires impliqués, surtout dans le contexte où aucun programme d’aide financière ne s’applique à des résidences secondaires. Néanmoins, lorsqu’on se rappelle les dégâts importants laissés par les tempêtes de novembre 2018 et de septembre 2019 et que l’on considère les avis des experts qui ont suivis ainsi que les prédictions qui sont portées à notre attention en matière de changements climatiques, il faut maintenant admettre que le secteur du chemin des Chalets est devenu incontestablement non viable dans sa forme actuelle.

La Municipalité profite de l’occasion pour remercier les propriétaires qui ont compris le message et accepté l’inévitable en procédant au déménagement de leur bâtiment en des lieux sûrs en espérant que ceux qui restent emboiteront le pas avant qu’une autre tempête majeure nous surprenne.

Source : Municipalité des Îles-de-la-Madeleine