La dernière saison de pêche a été bonne, mais moins payante pour les Madelinots

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Finalement, la pêche aura été bonne aux Îles-de-la-Madeleine en 2020. Par contre, elle n’aura pas eu les mêmes retombées économiques que ce qu’elle rapporte habituellement dans l’archipel.

Selon les données préliminaires de Pêches et Océans Canada, le volume des débarquements durant la dernière saison aura été, dans l’ensemble, similaire et parfois même meilleur à celui de 2019. Toutefois, si les débarquements ont été plus nombreux, la valeur au débarquement a chuté pour presque toutes les espèces.

C’est le cas notamment de la pêche au homard qui constitue 62 % des espèces pêchées aux Îles, mais qui représente 76 % des 90 millions de dollars reçus au débarquement pour l’ensemble des pêches commerciales en 2020.

Les 325 homardiers des Îles ont débarqué 6095 tonnes la saison dernière comparativement à 5393 tonnes en 2019. C’est du jamais vu. Ils ont par contre reçu 26 % moins d’argent pour leurs prises, si on compare aux prix reçus en 2019.

En 2019, une autre année record pour les débarquements, les homardiers madelinots avaient empoché 79 millions de dollars.

Cette année, même si les pêcheurs ont reçu moins qu’en 2019, ils ont encaissé un montant supérieur de trois millions de dollars à la valeur moyenne des débarquements effectués de 2016 à 2019.

C’est ce qui fait dire au directeur du Secteur Îles-de-la-Madeleine pour Pêches et Océans Canada, Cédric Arseneau, que les prises records de 2020 ont tout de même permis aux homardiers de stabiliser les revenus. Le fait qu’on est des débarquements extraordinaires nous permet d’avoir des revenus intéressants, relève-t-il.

Les pêcheurs ne sont donc pas sortis en vain. Si on compare la situation à la fin de l’année avec les inquiétudes qu’on avait aux mois d’avril et de mars, on doit considérer qu’on s’en est bien tiré, souligne M. Arseneau. On se demandait même si on allait avoir une saison de pêche. Et les inquiétudes au niveau de la flottille étaient à savoir dans un contexte si défavorable si nous devions sortir.

«Heureusement que nous sommes sortis, sinon le manque à gagner aurait été significatif et étonnamment les marchés ont probablement mieux réagi que ce qu’on aurait pu le croire.» – Cédric Arseneau, directeur du Secteur Îles-de-la-Madeleine pour Pêches et Océans Canada.

Effectivement, si les homardiers avaient décidé de demeurer à quai, la situation économique des Îles en aurait durement souffert. La santé économique des îles, relève M. Arseneau, est dépendante de façon très, très importante de l’apport économique de la pêche et je vois difficilement la communauté se passer d’un revenu de 60 ou 70 millions dans une année.

Prix du crabe en baisse

À une exception près, toutes les autres pêcheries, le crabe des neiges, le crabe commun, le flétan, le pétoncle, ont aussi été moins rentables qu’au cours des quatre dernières années.

Généralement, le crabe des neiges est la ressource du golfe avec la plus haute valeur au débarquement. Le confinement du printemps, la fermeture des restaurants ont fait mal.

Aux Iles, selon les données préliminaires de Pêches et Océans Canada, les 39 détenteurs de permis ont rapporté à quai 2088 tonnes soit 43 tonnes de moins qu’en 2019, mais ont reçu 16 millions de dollars pour leurs débarquements comparativement à 29,8 millions en 2019. Encore là, il va falloir voir ce qui s’est passé en 2019 , souligne M. Arseneau.

Il rappelle que le prix du crabe a atteint des sommets records en 2019. On voit qu’il y a une tendance qui était très positive dans les années récentes, dans le domaine des crustacés, qui a connu une interruption dans ces années-ci, probablement due à la COVID, ce qui nous ramène à ce qu’on voyait souvent il y a deux ou trois ans.

Le homard et le crabe des neiges ont représenté 82 % de l’ensemble des prises en 2020 pour 94 % de la valeur au débarquement.

Et pour 2021?

Reste que cette saison, sous le signe de la COVID-19, n’a ressemblé à aucune autre.

Elle aura quand même permis aux flottilles de valider les mesures sanitaires pour protéger les travailleurs, de vérifier la résilience du marché et possiblement de répondre aux inquiétudes et aux questionnements sur la pertinence d’une pêche dans un contexte de pandémie.

Ces leçons pourraient être encore utiles au printemps 2021 même si les associations de pêcheurs jugent que des ajustements devront être faits.

LA UNE : Comme bien des secteurs de l’économie, la saison de pêche 2020 a été bousculée par la pandémie de COVID-19 (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / GUY LEBLANC