Le parc éolien de la Dune-du-Nord est maintenant en opération

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De l’énergie éolienne sur le réseau électrique des Îles-de-la-Madeleine

Après plus d’une décennie de planification et de développement, le parc éolien de la Dune-du-Nord est en opération commerciale depuis le 29 décembre 2020. L’énergie produite se retrouve sur le réseau d’Hydro-Québec et viendra alimenter les maisons, les commerces et les entreprises des Îles-de-la-Madeleine pour les vingt prochaines années. Ce projet qui a pris plusieurs années à se réaliser est maintenant pleinement opérationnel et permet à Hydro-Québec de réaliser des économies importantes sur les coûts de production de l’électricité tout en contribuant à réduire de 17 000 T Eq. CO 2 /an, soit de 15%, les émissions de GES de la centrale thermique de Cap-aux-Meules.

La communauté au cœur du projet

Rappelons que c’est depuis 2007 que la communauté réfléchit à l’installation d’un parc éolien aux Îles-de-la-Madeleine. Après la désastreuse aventure de l’éolienne à axe vertical de la Comorandière des années 1980-90, la municipalité a mené plusieurs consultations qui lui ont permis de déterminer les sites les plus appropriés pour l’installation des éoliennes. En prenant en considération différents facteurs, comme la protection du paysage, la proximité des habitations, la sécurité aérienne et l’impact sur l’environnement, le site de la Dune-du-Nord est retenu malgré les contraintes liées à la présence d’un habitat protégé pour le corème de Conrad.

C’est sur cette base qu’Hydro-Québec lançait, en 2015, un appel de propositions pour un approvisionnement de 6 MW en énergie éolienne qui contribuerait à réduire les coûts de production de l’électricité tout en diminuant l’impact environnemental lié à l’exploitation de la centrale thermique.

Dès le début du projet, la Communauté maritime a demandé à la Régie intermunicipale de l’énergie de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine d’agir en tant que partenaire communautaire du projet, s’assurant ainsi des retombées économiques à long terme de l‘exploitation du parc éolien. C’est ainsi que la Régie a réalisé l’ensemble des études préliminaires afin de bien documenter le site sur les plans environnemental et géotechnique, tout en poursuivant les études météorologiques en installant un mât de mesure qui permettait d’évaluer le potentiel éolien du site. En 2017, en accord avec la loi québécoise sur les espèces menacées et vulnérables, le gouvernement a demandé au BAPE de consulter le milieu sur les impacts de l’installation du parc sur le corème de Conrad. Cette consultation a permis à la Régie de présenter des mesures d’évitement, de réduction et de compensation permettant d’atténuer au maximum les impacts sur l’habitat du corème. À la suite de cette consultation, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques autorisait la poursuite du projet sous réserve de l’émission du certificat d’autorisation requis.

C’est finalement en mars 2018 qu’Hydro-Québec retenait la proposition de Plan A Capital et de Valeco énergie Québec pour l’implantation du parc éolien. Dès cette annonce, la société de projet Parc éolien Dune-du-Nord (PEDDN) formée de la Régie intermunicipale de l’énergie (50%), Plan A (25%) et Valeco (25%) entreprend le développement du projet.

Le développement du projet s’est déroulé en étroite collaboration avec le milieu. En effet, dès le début de son implication en 2015, la Régie a mis en place un comité de liaison qui se veut un forum d’échange entre les promoteurs et le milieu. Le Comité de liaison est formé des représentants de la municipalité, des organismes économiques, sociocommunautaires et environnementaux. Le Comité a accompagné la société de projet dans toutes les étapes de réalisation en apportant commentaires et suggestions, et en exprimant les attentes et les préoccupations du milieu en regard du projet. Maintenant que le parc éolien est en service, les membres du Comité de liaison ont convenu de poursuivre l’implication du Comité en assumant un rôle consultatif dans le suivi des opérations et pour faire le suivi d’une deuxième phase éventuelle du projet sur le site de la Dune-du-Nord.

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Lors de sa réalisation, le projet a fait face à plusieurs défis.

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La volonté ferme de tous les acteurs impliqués dans la promotion du projet était nécessaire afin de surmonter les défis qui sont survenus durant sa réalisation. Tout d’abord, le caractère insulaire des Îles-de-la-Madeleine présentait certaines contraintes qui ont compliqué la livraison des équipements et des pièces. La mobilisation de la grue, par exemple, devait être planifiée longtemps à l’avance afin de prévoir sa livraison et son assemblage aux Îles. De plus, la livraison des composantes d’éoliennes était compliquée par le fait que les aires de travail étaient limitées à un strict minimum afin de réduire l’empreinte sur l’habitat du corème de Conrad. Pour cette raison, les pales des éoliennes ont dû être entreposées au port de Cap-aux-Meules durant quelques semaines. Enfin, la pandémie mondiale de COVID-19 et les retards subséquents d’exécution du projet ont retardé l’assemblage des éoliennes jusqu’à l’automne dernier, alors que les forts vents d’automne ne laissaient que de rares fenêtres de travail durant lesquelles la grue pouvait être opérée de manière sécuritaire. En effet, la nacelle, les pales, le stator, le moyeu et le rotor de chaque éolienne devaient être soulevés à une hauteur de quatre-vingt-six mètres, ce qui n’est pas possible quand les vents sont trop forts. Par conséquent, ces travaux n’ont pu être réalisés que lors de fenêtres très rares durant lesquelles le vent était à l’intérieur de limites acceptables.

Tout au long des activités de transport et de construction, Parc éolien de la Dune-du-Nord a pu compter sur une excellente collaboration des autorités municipales, du personnel d’Hydro-Québec, de la sécurité publique et du ministère des Transports. Ceux-ci ont facilité la réussite du projet et ont permis que tous les travaux se déroulent sans incident regrettable malgré les difficultés liées à la pandémie et aux conditions particulières dans lesquelles se sont déroulés les travaux.

Sur le plan environnemental, Parc éolien de la Dune-du-Nord a pris toutes les dispositions afin d’amenuiser l’impact de la construction sur l’habitat protégé du corème de Conrad et de compenser les impacts résiduels. En consultation avec les groupes environnementaux, le parc a été aménagé de façon à éviter la destruction des plans de corème. Les plans affectés qui ne pouvaient être évités ont été transplantés sur la dune (voir l’article sur la transplantation du corème de Conrad pages 9 et 10). En compensation de la superficie de 10 hectares qui a été retirée de l’habitat protégé par le Ministère, Parc éolien de la Dune-du-Nord a acquis 30 hectares de terrains présentant les mêmes caractéristiques que le site du projet et les a cédés à la Société de conservation des Îles pour en faire des aires protégées en terres privées.

Un projet rentable pour les Îles-de-la-Madeleine

Les travaux de construction auront engendré des retombées économiques régionales (Gaspésie-Les-Îles-de-la-Madeleine) de 2 950 000 $, dont 2 650 000 $ pour les seules entreprises des Îles-de-la-Madeleine. Dix-sept travailleurs, dont huit Madelinots ont été engagés pour réaliser les travaux de construction générant une masse salariale de 1 000 000 $. Pour les prochaines années d’exploitation, le Parc éolien Dune-du-Nord attribuera plusieurs contrats locaux pour l’entretien du parc et la réalisation de différents travaux liés aux opérations courantes.

La Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine1 ,  qui est actionnaire à 50% de Parc éolien de la Dune-du-Nord, anticipe des dividendes de l’ordre de 350 000 $/an qui seront retournés aux municipalités membres. Par le biais de leur participation dans la Régie, les Îles-de-la-Madeleine pourront par conséquent compter sur des revenus de plus de 60 000 $/an qui s’ajouteront aux revenus de 600 000 $/an que reçoit déjà la communauté. Par ailleurs, la municipalité des Îles-de-la-Madeleine touchera des redevances de 34 000 $/an versées par le parc éolien, et la communauté maritime, pour sa part, percevra 55 000 $/an en paiement des droits fonciers sur les terres publiques.

Grâce à ce projet et aux autres parcs exploités par la Régie, les Îles-de-la-Madeleine pourront compter sur des revenus de plus de 750 000 $/an tirés de la production de l’énergie éolienne, ce qui permettra d’investir dans le développement du milieu.

Pour en connaître davantage sur le parc éolien de la Dune-du-Nord https://www.parceoliendunedunord.ca


1 La Régie intermunicipale de l’énergie Gaspésie − _Îles-de-la-Madeleine regroupe les cinq MRC de la région et la Communauté maritime des Îles-de-la-Madeleine. Elle a été mise sur pied pour investir à part égale avec les promoteurs qui veulent développer des parcs éoliens sur le territoire de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et ailleurs au Québec. La Régie est co-propriétaire de 4 parcs éoliens qui génèrent 326,6 MW et qui rapportent des revenus nets estimés à plus 3,5 millions de dollars par année. Ces revenus sont redistribués aux communautés de la région afin de contribuer à leur développement.