Près de 1 000 robes confectionnées avec des taies d’oreillers

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Des femmes du Nouveau-Brunswick fabriquent des robes pour les enfants des pays en voie de développement à partir de taies d’oreillers. Le projet, qui ne devait durer qu’une année, se poursuit depuis plus de 10 ans. En tout, près de mille robes ont été acheminées aux petites filles dans le besoin.

Photo-Les couturières
Dans l’ordre habituel : Simonne Dupuis, Lucille LeBlanc, Eva Landry, Jackie LeBlanc et Raymonde Bourque qui se retrouvaient dans leur bulle pour célébrer la Saint-Patrick. (Photo : C. Lanteigne)
Photo-Robes à finir
Jackie donne à Simone une dizaine de robes à terminer. (Photo : C. Lanteigne)

C’est à la suite de la visite de Shirley Welling, de Shédiac, qui voulait apprendre à faire des couvertures en tricot de type «afghan» en tissage suédois que Jackie LeBlanc, de Memramcook a entendu parler du projet de fabrication de robes. «En voyant que j’avais une machine à coudre, elle m’a demandé si je faisais de la couture. Je venais d’avoir ma machine et je n’étais pas encore trop familière avec», explique-t-elle.

Shirley Welling  lui a dit d’aller chercher une taie d’oreiller et lui a montré comment faire une robe. Ce projet a pris naissance après le séisme à Haïti en janvier 2010. Les enfants se promenaient sans vêtements et les petites filles étaient souvent victimes d’abus sexuels. On avait donc décidé de leur faire des robes à partir de taies d’oreillers.

«J’ai embarqué dans ce projet sans hésitation»,  souligne Jackie LeBlanc. «C’était très intéressant et ça me donnait quelque chose à faire. Et ça m’a permis d’utiliser ma machine à coudre.» Ses amies Simonne Dupuis et Eva Landry, de Memramcook et Raymonde Bourque, de Dieppe, se sont aussi engagées dans ce projet.

Depuis 2010, lorsque Jackie revient de Myrtle Beach, où elle passe ses hivers avec son mari Roger à jouer au golf, les femmes se réunissent dans sa salle de couture avec leurs machines à coudre pour faire les robes. Elles en profitent également pour socialiser.

Mais cette année, la pandémie a changé les choses. Jackie n’est pas allée à Myrtle Beach. Elles n’ont n’a pas pu se rencontrer, mais elles ont continué quand même à faire les robes chacune chez elle. Jackie est celle qui coordonne la production et découpe les robes, les attaches et les manches. Puis, Eva et Simonne prennent la relève pour les coudre, ajouter des décorations, poches, etc.

Photo-Robes et produits
Prêtes pour un envoi : Une centaine de robes avec les accessoires qui faisaient partie d’un envoi annuel. (Courtoisie)

«Moi je suis la plus haute gradée, mentionne Simonne en riant, J’ajoute les élastiques, les manches et les attaches pour la finition et puis je les apporte chez Jackie.» Et tout ça en respectant les mesures de la Santé publique. De son côté, Raymonde fait ses propres robes en achetant le tissu et tout le nécessaire.

Elles s’engagent à faire 100 robes par année; celles-ci sont maintenant envoyées dans différents pays en voie de développement. Après Haïti, ce fut le tour du Guatamela, du Honduras, de Cuba et de l’Afrique à recevoir des robes. On estime que près de 1 000 robes ont été fabriquées depuis 2010.

Si plus de 100 sont confectionnées, le surplus est mis de côté pour l’année suivante. Pour chaque robe, on ajoute une paire de petites culottes, du savon et du shampooing.

Lucille LeBlanc était la coiffeuse de Jackie et Simonne. On a apporté  des robes dans son salon afin de montrer aux clientes ce qu’on pouvait faire avec des taies d’oreillers. Lucille est celle qui fournit les 100 paires de petites culottes pour accompagner les robes.  «Moi j’ai la partie la plus facile»,  précise la nouvelle retraitée.

C’est par l’entremise de la Church of Nazarene, de Moncton, que leurs robes sont envoyées dans différents pays du monde chaque année. L’église identifie des travailleurs ou travailleuses humanitaires qui vont les apporter à destination et on leur apporte les robes en novembre lors d’un thé organisé par l’église. Cette année, à cause de la pandémie, les robes ont été mises dans les boîtes à souliers du «Shoe box project» et on ne pouvait rien ajouter d’autre.

«C’est un projet que nous pensions faire une fois, mentionne Jackie, mais on aime ça et on continue toujours.» «Peut-être que si Jackie n’était pas aussi motivée, le projet n’aurait pas duré aussi longtemps», ajoutent ses amies couturières. »Elle pourrait nous attacher à nos moulins à coudre, celle-là», disent-elles en riant. Même à Myrtle Beach, Jackie trouve le temps de magasiner pour des taies d’oreillers et d’en faire puisqu’elle apporte sa machine à coudre.

«J’essaie de ne pas les pousser trop, conclut Jackie en riant. Je leur donne seulement une dizaine de robes à terminer à la fois.» Les personnes intéressées à se joindre au groupe sont  les bienvenues.

Elles s’entendent pour dire que c’est une belle expérience pour chacune. «Ça fait du bien et on pense à ces petites filles qui vont porter nos robes. C’est réconfortant de rendre service à des enfants, ça fait chaud au cœur.» Et elles ont bien hâte de pouvoir se retrouver régulièrement, de déguster le bon sucre à la crème d’Eva, car c’est aussi une activité sociale bien appréciée par ces amies.

PAR Claire Lanteigne | Initiative de journalisme local – APF – Atlantique
LA UNE : Elles sont toujours heureuses de recevoir des photos de jeunes filles qui portent les robes qu’elles ont confectionnées. (Courtoisie)