Une usine-laboratoire madelinienne concoctera bientôt du béton au homard

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L’usine-laboratoire du Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes (CERMIM) prend forme aux Îles-de-la-Madeleine.

Depuis peu, broyeurs, conteneurs réfrigérés, tamis, déshydrateur, table de tris et convoyeurs prennent place dans une infrastructure érigée à deux jets de pierre du Centre de gestion des matières résiduelles de Havre-aux-Maisons.

Les équipements industriels permettront d’abord de tester à grande échelle des recettes de béton écologique qui intègrent du sable de dragage ainsi que des coquilles de crustacés et mollusques. Le projet de recherche de 2,2 millions de dollars amorcé en 2019 arrive à une étape charnière.

«On arrive à l’étape concrète de transférer ce qu’on a fait en laboratoire à l’échelle réelle. C’est ce qu’on va travailler d’ici l’automne et on espère faire une coulée démonstrative dans les prochains mois.» – Une citation de :Marc-Olivier Massé, directeur associé au CERMIM

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L’équipe du CERMIM procède à l’installation et mise en service d’un déshydrateur industriel, l’un des équipements de son usine-laboratoire. PHOTO : CERMIM

L’objectif du projet surnommé Béton vert consiste à valoriser des matières résiduelles présentes en grande quantité aux Îles-de-la-Madeleine afin de réduire leur coût d’exportation hors de l’archipel.

En utilisant des résidus marins et du sable de dragage disponibles sur place, pour remplacer certains ingrédients du béton conventionnel, on vient également réduire la facture d’importation des intrants et les impacts négatifs du transport sur l’environnement.

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Les carapaces de homards pêchés aux Îles-de-la-Madeleine remplaceront une partie du ciment dans la recette de béton écologique du CERMIM (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON TURCOTTE

Tout ce qui est composé de ciment amène un caractère assez polluant, donc chaque fois qu’on vient réduire la quantité de ciment dans une recette on vient verdir le tout, explique Marc-Olivier Massé.

Le béton vert pourrait donc être utilisé dans divers produits qui utilisent du ciment comme des dalles et des glissières de sécurité. La fabrication de roches artificielles pouvant servir à contrer l’érosion côtière est aussi une avenue explorée par le CERMIM.

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Actuellement, les roches qui servent à ériger les structures de protection contre l’érosion des berges aux Îles-de-la-Madeleine doivent être importées des provinces maritimes (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON TURCOTTE

D’autres équipements sont encore attendus dans les prochaines semaines pour compléter l’aménagement de l’usine-laboratoire. L’endroit devrait être pleinement fonctionnel en début d’automne.

On a des équipements industriels qui permettent de développer des procédés avec plusieurs machines côte à côte, précise M. Massé. On ne s’est pas fermé de portes dans les possibilités de développement, même pour faire des projets ponctuels ou tester une machine pour les industriels.

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Le projet « Béton vert » dispose d’un budget de 2,2 millions de dollars. Développement économique Canada a versé 70% des fonds et la CTMA, 15%. PHOTO : CERMIM

Les équipements permettront aussi de continuer les recherches en vue de valoriser les résidus marins en agriculture et de transformer de vieux cordages en tampons absorbants. Ceux-ci pourraient être utilisés dans le domaine des pêches et de la marine marchande en cas de déversement accidentel d’hydrocarbures.

D’autres îles s’intéressent au projet

Le projet d’usine-laboratoire suscite déjà l’intérêt de plusieurs autres milieux insulaires.

On a reçu des demandes de différents milieux insulaires sur la planète, dont les îles Canaries, Saint-Pierre-et-Miquelon, la Guadeloupe, qui s’intéressent à ce qu’on fait, explique le directeur associé du CERMIMLe Centre est en train de se rapprocher de divers partenaires insulaires, ce qui est très intéressant pour nous, parce que ces gens-là partagent la même réalité et les mêmes problèmes que [ceux des] îles de la Madeleine.

«On se rend compte que l’infrastructure de recherche qu’on est en train de mettre en place c’est très rare dans les milieux insulaires.» – Une citation de :Marc-Olivier Massé, directeur associé au CERMIM

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Marc-Olivier Massé est directeur associé du CERMIM dont les deux principaux axes de recherche sont l’érosion côtières et l’économie circulaire (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / SIMON TURCOTTE

Faire de la recherche en économie circulaire c’est pertinent en milieu insulaire parce que tous nos matériaux sont importés et toutes les matières résiduelles sont exportées, résume M. Massé.

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La structure de l’usine-laboratoire a été mise en place l’été dernier, mais la livraison d’équipements industriels a commencé au printemps 2021. PHOTO : CONSTRUCTIONS RENAUD & VIGNEAU

Un partenaire important pour la Municipalité

Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, accueille avec enthousiasme le lancement prochain des activités de l’usine-pilote du CERMIMCentre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes, un projet dont la Municipalité a participé au financement.

Ce qui manque beaucoup au monde municipal, et particulièrement aux Îles-de-la-Madeleine, en matière en gestion des matières résiduelles, c’est tout le volet recherche et développement, croit Jonathan Lapierre.

On n’a pas le budget pour faire ça, on consacre les fonds au traitement et à l’exportation de nos matières, poursuit-il. CERMIM qui a pour mission de faire de la recherche et du développement dans ce genre de créneau là, c’est important pour nous.","text":"De pouvoir compter sur un partenaire comme le CERMIM qui a pour mission de faire de la recherche et du développement dans ce genre de créneau là, c’est important pour nous."}}">De pouvoir compter sur un partenaire comme le CERMIMCentre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes qui a pour mission de faire de la recherche et du développement dans ce genre de créneau là, c’est important pour nous.

La gestion des matières résiduelles engloutit 15 % du budget de 27,6 millions de dollars de la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine. C’est énorme , affirme le maire.

«Tout projet qui vise à diminuer notre dépendance à l’importation et à l’exportation des matières est un succès. Si le Centre de recherche sur les milieux insulaires et maritimes réussit, on sera gagnant sur toute la ligne.» – Une citation de :Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine

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Le maire des Îles-de-la-Madeleine, Jonathan Lapierre, rappelle que les coûts liés à l’importation et l’exportation de matières sont énormes (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Est-ce que le béton vert pourrait éventuellement permettre de réduire les dépenses municipales? Les prochains mois seront déterminants pour passer du laboratoire à la réalité.

Une technologie peut fonctionner dans un contexte urbain, mais quand on arrive dans un milieu isolé et insulaire, il se peut que ce qu’on avait prévu en laboratoire ne fonctionne pas nécessairement comme on pensait à l’échelle réelle, admet le directeur associé du CERMIM, Marc-Olivier Massé. Donc, on va voir si le projet peut se poursuivre et si les résultats sont satisfaisants.

LA UNE : Les premiers équipements industriels sont maintenant installés dans l’usine-laboratoire du CERMIM qui entrera en fonction au cours des prochains mois. PHOTO : CERMIM