Défaite des Britanniques en Floride en 1781 : la revanche des Acadiens

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Des centaines d’Acadiens provenant de la première et deuxième génération de réfugiés installés en Louisiane ont pris part à la Révolution américaine, quoiqu’indirectement. Ils ont combattu pour le compte de l’Espagne, qui possédait alors cette colonie, lors d’une expédition réussie contre les Britanniques en Floride occidentale.

En 1762, la France avait cédé à l’Espagne la plus grande partie de la Louisiane, soit les territoires situés à l’ouest du fleuve Mississippi. Un an plus tard, lors du traité de Paris, le reste, soit la partie située au sud-est du Mississippi, était remis à la Grande-Bretagne, alors que l’Espagne cédait à celle-ci la Floride.

Les Britanniques divisent alors leurs nouvelles possessions en deux colonies: la Floride orientale et la Floride occidentale. Cette dernière avait comme capitale Pensacola, un établissement fondé par les Espagnols à la fin du 16e siècle.

Lorsque la Révolution américaine éclate en 1776, les deux «Florides» ne se joignent pas aux 13 colonies rebelles. Les Britanniques contrôlent ses deux jeunes colonies et s’en servent comme base pour mener la guerre aux insurgés.

C’est dans ce contexte que Bernardo Gálvez devient gouverneur de la Louisiane, en janvier 1777. La perte de la Floride en 1763 avait créé beaucoup d’animosité entre l’Espagne et la Grande-Bretagne. Les autorités de la Floride occidentale maintenaient la pression en ayant érigé des fortifications du côté britannique du Mississippi, comme à Natchez et Bâton-Rouge.

L’Espagne avait décidé dès 1776 d’accorder un soutien aux colonies américaines en guerre. Ce n’est qu’en 1779 toutefois que l’Espagne déclare la guerre à la Grande-Bretagne, tout en ne s’alliant pas formellement avec les colonies rebelles.

La Grande-Bretagne passe rapidement à l’offensive. Quatre jours après la déclaration de guerre de l’Espagne, une lettre du roi George III est envoyée au commandant des troupes à Pensacola, l’Écossais John Campbell, lui donnant comme mission de préparer une attaque contre La Nouvelle-Orléans.

Les Acadiens volontaires pour combattre les Britanniques

Mais la correspondance entre Londres et la Floride occidentale parvient dans les mains de Gálvez. Celui-ci prend immédiatement les mesures pour se préparer. Il parcourt la Louisiane pour renforcer son armée. Les recrues sont diversifiées: Acadiens, Créoles blancs, Créoles noirs – libres – immigrants allemands et autochtones.

Certains rapportent que 600 Acadiens font partie du groupe. Plusieurs proviennent de la milice des Attakapas, l’un des lieux d’établissements des réfugiés de la Déportation. Parmi eux: François Broussard, fils de Joseph Broussard, dit Beausoleil, le célèbre chef de file et résistant acadien.

Bernadro de Gálvez avait des atouts pour convaincre les habitants de langue française de Louisiane de se joindre à lui. Ayant été basé en France quelques années, il parle français. Quelques mois après son arrivée à La Nouvelle-Orléans comme gouverneur, il épouse la Créole Marie Félicité de Saint-Maxent d’Estrehan. Une vingtaine d’années seulement s’est déroulée depuis la Déportation et les Acadiens y voient peut-être une occasion de régler leurs comptes avec les Britanniques.

Début de l’expédition sur le Mississippi

Gálvez et ses hommes se mettent en marche en septembre 1779 et remontent le Mississippi. À Manchac, ce sont les miliciens, dont font partie les Acadiens, qui prennent assez facilement le fort Bute, érigé par les Britanniques en 1765.

Après cette première victoire, la petite armée de Gálvez se dirige à Bâton-Rouge, qui était le poste le plus important des Britanniques le long du fleuve. Après deux jours de siège, Bâton-Rouge tombe, en même temps que Natchez. Quelques petites fortifications subissent le même sort peu après.

La nouvelle des succès de l’armée louisianaise se rende jusqu’au commandant Campbell de Pensacola, mais celui-ci n’y croit rien.

Entretemps, Gálvez est retournée à La Nouvelle-Orléans avec ses troupes. En janvier 1780, il prend la mer avec 745 hommes afin d’attaquer Mobile, située le long de la côte du golfe du Mexique. Le débarquement se fait dans des conditions difficiles, tellement que Gálvez songe à abandonner. Il persiste cependant et sa décision est la bonne puisqu’à la fin février, il reçoit des renforts de près de 600 hommes provenant de Cuba. Après deux semaines de siège, le commandant de Mobile capitule.

Gálvez laisse des hommes à Mobile et revient à La Nouvelle-Orléans avec les autres, sauf les renforts de Cuba qui retournent à leur poste.

Quelques semaines plus tard, Gálvez mène l’attaque sur sa véritable cible: Pensacola. Il arrive par mer avec de nouveaux renforts de Cuba. Ses troupes à La Nouvelle-Orléans, dont les Acadiens et celles postées à Mobile se rendent par voie terrestre. Plus tard au cours du siège, 400 troupes françaises qui se trouvaient à la Havane se joignent à l’attaque. Gálvez peut maintenant compter sur 7000 hommes.

Malgré cela, il faudra un long siège de neuf semaines avant que le commandant Campbell n’abandonne. Le 10 mai 1781, Penascola redevient espagnole, ainsi que toute la Floride occidentale. Gálvez sera récompensé largement pour ses succès, devenant vice-roi de la Nouvelle-Espagne, en 1784. Il devait cependant mourir d’une fièvre à l’automne 1786, âgé de seulement de 40 ans. Quant à la Floride, l’Espagne la vendra aux États-Unis en 1819 pour 5 millions $.

Certains historiens soutiennent que la chute de Pensacola, à laquelle ont participé plusieurs Acadiens, a joué un rôle décisif dans la Révolution américaine. Sans leur base en Floride occidentale, les Britanniques auraient été désavantagés, leur moral touché, à cinq mois de leur ultime défaite à Yorktown qui a mené à l’accès des États-Unis à l’indépendance.

 

Par Marc Poirier