Un appât de rechange suscite de l’intérêt dans l’industrie des pêches

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Une entreprise de l’Île-du-Prince-Édouard espère augmenter sa production d’appâts tandis que les pêcheurs cherchent une solution de rechange aux appâts traditionnels à base de maquereau, dont le quota est en baisse.

L’entreprise Bait Masters a commencé à produire à la mi-avril des appâts en forme de saucisson dans ses installations de 1,4 million de dollars à Nine Mile Creek.

Les copropriétaires Mark Prevost et Wally MacPhee ont commencé à tester leur recette dans leurs propres cuisines et granges, il y a cinq ans. Il s’agit d’un mélange de poisson et d’autres matières organiques dans une enveloppe biodégradable.

Les défis de la pandémie

La pandémie complique les choses au moment de faire connaître le produit, explique Mark Prevost. Il n’est pas possible de rencontrer les pêcheurs en personne pour leur donner les explications nécessaires. Il faut leur expédier le produit et il est plus difficile de leur expliquer le tout à distance.

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Les propriétaires Wally MacPhee et Mark Prevost font de longs quarts de travail dans leur usine. PHOTO : CBC/KIRK PENNELL

L’appât mis au point par les entrepreneurs permet d’attirer dans les casiers autant de homards que les appâts traditionnels à base de harengs ou de maquereaux, selon une étude effectuée en 2019 par un chercheur de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard dans une baie de la province.

Le nouvel appât dure plus longtemps que les autres dans l’eau, toujours selon cette étude, souligne M. Prevost. Selon lui, c’est intéressant pour les pêcheurs de crabes des neiges parce que leurs casiers ne sont pas retirés des eaux quotidiennement.

Une production plus durable

Le nouvel appât est constitués de sous-produits de poisson à 75 %. Il ne comprend du maquereau que dans une proportion de 25 %, ce qui fait de lui un produit plus durable.

Le produit était déjà en cours de conception lorsque la durabilité du maquereau et du hareng en tant qu’appâts a été remise en question, explique M. Prevost. Les entrepreneurs au départ cherchaient simplement à mettre au point un appât qui s’érode plus lentement dans l’eau.

La hausse du prix des appâts traditionnels rend aussi le produit de Bait Masters plus intéressant pour les pêcheurs, selon M. Prevost. La récente baisse du quota de maquereau annoncée par le ministère des Pêches et des Océans stimule aussi l’intérêt pour le nouveau produit.

Mark Prevost dit recevoir beaucoup d’appels téléphoniques et de courriels de pêcheurs qui veulent se renseigner sur le nouveau produit. L’un des plus grands défis de l’entreprise sera de répondre à la demande, souligne-t-il. Les appels proviennent de pêcheurs en Atlantique, au Maine, en Colombie-Britannique et en Europe.

Nous ne sommes que deux gars et il y aura des questions de logistique, dit-il.

Transformer des rebuts d’autres usines

Wally MacPhee ajoute que le nouvel appât est aussi intéressant pour des entreprises qui cherchent à ajouter une valeur à des rebuts d’usines de transformation de produits marins.

Les deux entrepreneurs travaillent avec un groupe qui dispose d’une grande quantité de sous-produits d’usines de transformation. Plusieurs recettes à base de ces produits qui étaient auparavant jetés ont été testées, indique M. MacPhee.

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Les appâts en forme de saucisson de l’entreprise Bait Masters sont constitués de sous-produits de poisson à 75 % et de maquereau à 25 %. PHOTO : CBC/KIRK PENNELL

La plupart des clients à l’heure actuelle achètent un petit volume à la fois pour faire des tests en combinant le nouvel appât avec les appâts traditionnels. M. MacPhee dit comprendre que les pêcheurs veulent essayer le nouveau produit pour vérifier s’il leur convient. Il reconnaît qu’il faut du temps pour changer les habitudes d’une industrie.

Des défis financiers

Mark Prevost précise que l’usine a été construite avec un prêt de 600 000 $ provenant du Fonds des pêches de l’Atlantique du gouvernement fédéral et avec l’appui de la société provinciale Finances Î.-P.-É. et d’investisseurs privés, dont plusieurs pêcheurs de la région de Nine Mile Creek.

Le financement n’a pas été tout à fait à la hauteur des besoins parce que les gens hésitent à investir dans de jeunes entreprises pour fabriquer de nouveaux produits en pleine pandémie, explique M. Prevost.

L’usine compte un vivier à homards, dont les revenus aident l’entreprise à payer ses factures en attendant que la production d’appâts augmente.

L’objectif est de vendre 2 millions d’appâts par an. L‘équipement actuel permet d’en produire suffisamment pour cela, estime M. Prevost.

Bait Masters compte pour le moment deux employés en plus de ses deux propriétaires.

D’après un reportage de Nancy Russell, de CBC
LA UNE : L’équipement de l’entreprise Bait Masters à Nine Mile Creek à l’Île-du-Prince-Édouard peut produire jusqu’à 40 appâts par minute. PHOTO : CBC/KIRK PENNELL