Il faudra apprendre à vivre avec la COVID-19

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Trois semaines après avoir ouvert ses frontières au reste du pays, le Nouveau-Brunswick n’a pas vu le nombre de cas de COVID-19 augmenter de façon significative. Le risque de voir surgir des éclosions en raison de voyages demeure toutefois omniprésent et il faudra apprendre à vivre avec le virus, préviennent des experts.

Le 16 juin, le Nouveau-Brunswick ouvrait ses frontières au reste du Canada. De peur que cette décision ne se traduise par une augmentation du nombre de cas de COVID-19, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a préféré retarder l’ouverture de sa frontière aux Néo-Brunswickois de quelques jours.

Depuis près de trois semaines, le nombre de cas de nouvelles infections à la COVID-19 est toutefois resté faible au Nouveau-Brunswick. Mardi, la santé publique ne rapportait aucune nouvelle infection et ne comptait plus que 15 cas actifs sur son territoire.

Heureuse de voir le taux de nouvelles infections demeurer faible, la médecin-hygiéniste en chef du Nouveau-Brunswick, Jennifer Russell, rappelle toutefois que le déconfinement n’est pas sans risques.

«À ce jour, nous sommes satisfaits, mais on sait que le risque ne sera jamais de zéro durant la pandémie ni après, une fois que nous serons tous vaccinés avec nos deux doses, a expliqué Dre Russell. Les risques vont toujours être là, alors il s’agit de vraiment trouver un équilibre.»

La tendance des infections à l’échelle nationale a toutefois de quoi rassurer. En mai, le Canada recensait quelque 8000 nouvelles infections quotidiennes, rappelle Dre Russell. Fin juin, ce nombre oscillait plutôt autour de 625.

«Les risques encourus à cause des voyageurs d’ailleurs au Canada qui viennent ici au Nouveau-Brunswick sont donc moins élevés, mais le risque demeure», précise-t-elle.

D’où l’importance, ajoute-t-elle, de s’assurer que le plus grand nombre de Néo-Brunswickois reçoivent une deuxième dose de vaccin.

La deuxième dose de vaccin est d’autant plus importante puisqu’il s’agit du meilleur moyen de se protéger du variant delta, qui cause bien des problèmes ailleurs dans le monde, explique Catherine Hankins, coprésidente du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 et professeure à l’Université McGill, à Montréal.

«En Angleterre, ce que l’on voit chez les gens qui ont déjà reçu le vaccin, le variant delta semble provoquer de mauvais rhumes, des éternuements et des reniflements, dit Dre Hankins. Les vaccins n’empêchent pas l’infection, mais l’idée c’est de réduire la sévérité des symptômes et d’empêcher les hospitalisations et les soins intensifs.»


Le virus est là pour rester

Mais quand atteindra-t-on le fameux seuil d’immunité collective afin de nous protéger contre la COVID-19? Pour Dre Hankins, il faut oublier la poursuite de cet objectif.

«On ne va jamais arriver là, c’est une lubie, lance-t-elle. L’immunité collective, scientifiquement, signifie que le virus ne peut plus circuler et que personne ne peut être infecté. La COVID-19, ce n’est pas un virus comme la variole, c’est un virus où les gens peuvent être asymptomatiques et le transmettre, même en étant vaccinés.»

Il est plus réaliste, dit Dre Hankins de trouver des manières «de vivre avec la COVID-19», ce que nous permettra la vaccination.

«Les vaccins vont nous permettre de trouver un équilibre afin de rouvrir, faire en sorte que le plus grand nombre de personnes vulnérables soient protégés et qu’on n’ait pas de gens à l’hôpital qui décèdent du virus. Mais il faudra être tolérant et accepter un certain niveau d’infections et de cas dans la société. La COVID-19 ne sera pas enrayée de nos vies.»

Même si la campagne de vaccination au Nouveau-Brunswick connaît un bon succès – mardi 41,6% des Néo-Brunswickois et 42,3% des Canadiens éligibles avaient reçu deux doses de vaccin – Jennifer Russell croit elle aussi «qu’il va falloir vivre avec la COVID-19 pendant des années.»

«Il n’y a pas de doute là-dessus, dit-elle. Avec les taux de vaccination actuels, on n’a pas la protection pour toute la population, mais si l’on arrive à atteindre un taux suffisamment élevé, on pourra protéger notre système de santé. C’est vraiment le but», précise-t-elle.

D’ailleurs, peu importe le succès que connaît la vaccination au Canada, Dre Hankins explique que la communauté internationale devra déployer une campagne d’immunisation mondiale si l’on souhaite réellement mitiger les impacts de la COVID-19.

«À l’échelle mondiale, la vaccination stagne. Il faut toutefois administrer 11 milliards de vaccins, dit-elle. Si les choses continuent ainsi, le virus va continuer à beaucoup circuler et à muter, il y aura de plus en plus de variants et c’est donc possible que nos vaccins ne soient plus efficaces. Il faut essayer de voir comment on peut aider davantage au niveau international, pour des raisons morales et éthiques, mais aussi pour des questions de santé publique.»

La COVID-19 a peu circulé chez les Canadiens

Une nouvelle étude publiée mardi révèle qu’avant la troisième vague de COVID-19 (qui a débuté en mars), seulement 3,6% des Canadiens étaient dotés d’une certaine forme d’immunité contre le virus, soit après une infection ou après avoir reçu un vaccin.

L’étude, publiée par Statistique Canada et le Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 (GTIC) et menée auprès de 10 000 Canadiens entre novembre 2020 et avril 2021, révèle que ce taux était de 1,3% chez les citoyens vivant dans les provinces atlantiques.

D’après Katherine Hankins, coprésidente du GTIC, les données démontrent que le virus a surtout circulé chez les jeunes.

«Les groupes d’âge plus jeunes – en particulier les enfants et les adolescents – présentaient des taux plus élevés d’anticorps dans le sang, suggérant une infection antérieure», note-t-elle.

D’ailleurs, les résultats montrent aussi que 23% des Canadiens ayant développé une immunité à la suite d’une infection au virus n’avaient jamais eu conscience d’avoir été atteints de la COVID-19, une donnée qui démontre que «les infections asymptomatiques sont bien réelles», ajoute Dre Hankins.

«Ils auraient très facilement pu la transmettre à d’autres, bien que les chiffres ne nous disent pas combien de cas de transmission il y a eu, précise-t-elle. Cela renforce le fait que les mesures de distanciation physique et le port de masques ont été les meilleurs moyens de contrôler le virus, surtout avant la distribution généralisée de vaccins.»

 

Par Justin Dupuis