Transport aérien régional : attention aux turbulences!

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Attention aux mirages! prévient Yani Gagnon, vice-président exécutif et copropriétaire de Pascan aviation, qui relie Montréal et Québec aux principales destinations de l’Est de la province. « Ce qu’on entend c’est, achetez des avions plus gros, baissez vos prix, il va y avoir plus de volume passager, ça va stimuler la demande et tout le monde va sortir gagnant de ça », résume monsieur Gagnon qui y voit une sorte de pensée magique.

« Quand on parle de transport régional, au Québec, on parle de petites pochettes de marché. Aux Iles de la Madeleine, par exemple, il y a 13 000 habitants. Gaspé, 15 000, et Sept-Îles, 25 000 habitants », analyse le copropriétaire de Pascan, qui survole le Québec depuis 1999. « Présentement, nous, on utilise des avions de 33 sièges, des SAAB-340 », précise Yani Gagnon.

Il s’agit d’appareils beaucoup plus petits que les Bombardier Q400 qu’envisage utiliser la Coopérative de transport régional, TREQ. « Mettre un avion de 78 sièges en service, dire qu’on va offrir plus qu’un vol par jour, sept jours par semaine et qu’on va le remplir tous les jours? C’est impossible », tranche le vice-président de Pascan. « Les pochettes de marché sont tellement petites que ça ne peut pas supporter des avions de ce gabarit-là », croit monsieur Gagnon qui signale que la desserte de Gaspé, amorcée avec le retrait d’Air Canada, donne peu de résultats pour le moment. « C’est pas la mer à boire. On est là tous les jours et on a, en moyenne, six passagers embarqués », raconte l’entrepreneur qui admet que la situation sanitaire actuelle brouille les données. En situation sanitaire normale, la compagnie estime que l’achalandage quotidien devrait être quatre fois plus important, à l’aéroport de Gaspé.

Chez TREQ, on croit cependant possible d’arriver à convaincre plus de Québécois de prendre l’avion. Serge Larivière, son directeur général, croit que le potentiel du transport aérien régional est sous exploité au Québec. « Selon Statistique Canada, soutient monsieur Larivière, il manquerait cinq millions de passagers dans les aéroports de la province pour rattraper la moyenne canadienne. » Pour lui, la raison est simple : le prix des billets est trop élevé. « L’offre actuelle vise essentiellement le trafic des gens d’affaires qui eux, sont capables de payer le mille dollars ou le 1 200 dollars pour aller à un meeting à Montréal ou à Québec », observe le directeur général de TREQ qui se dit convaincu que «si on arrive avec une structure tarifaire avec un avion qui permet de le faire, ça déclenche tout un nouveau trafic. »

Serge Larivière en veut pour preuve ce qu’on observe à Mont-Tremblant. Air Canada et Porter y offrent des billets aller-retour entre Toronto et la municipalité des Laurentides pour un prix qui oscillerait entre 280 et 350 dollars. « À ces prix-là, ils remplissent des Q400 [des avions de 78 sièges]. Porter est à Tremblant depuis 15 ans. Ils doivent certainement faire un peu d’argent », relève monsieur Larivière.

Yani Gagnon appose cependant un bémol à l’enthousiasme de la direction de TREQ, dont il ne veut pas commenter le projet directement. La comparaison avec l’achalandage observé dans le reste du Canada tient difficilement la piste, dit-il. Selon lui, on ne peut pas comparer un vol entre Edmonton et Calgary, en Alberta, avec un autre entre Sept-Îles et Québec, où le volume passager est beaucoup plus faible. Puis, ajoute finalement Yani Gagnon, « s’il y avait une recette magique, des gens très connaissants du marché l’auraient mise en place. »

 

Par Claude Fortin, Initiative de journalisme local / Monmatane.com