L’érosion des berges, une réalité qui frappe l’archipel

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Dès le début des années 1990, les scientifiques nous annonçaient que le réchauffement global du climat allait entraîner des changements planétaires qui se traduiraient par, entre autres, le rehaussement du niveau de la mer, l’augmentation de la fréquence et de la violence des tempêtes et la disparition graduelle du couvert de glace. À l’époque, nombreux étaient les sceptiques qui remettaient en question ces scénarios alarmistes. Aujourd’hui, 3 décennies plus tard, force est de constater que ces prévisions se concrétisent et que les conséquences sur notre archipel sont bien réelles, principalement en ce qui concerne l’érosion des berges.

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Face à ce constat, et en tenant compte des avis des experts, l’organisation municipale s’est vite mise en action. Dès 2010, la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine adoptait son 1er plan directeur d’intervention contre l’érosion des berges, une première parmi toutes les communautés du Québec côtier. Depuis ce temps, la problématique de l’érosion des berges n’a cessé de prendre de l’ampleur ce qui a demandé un travail soutenu, l’embauche de ressources et des investissements importants.

Tout ce travail d’étude, d’analyse, de priorisation des secteurs d’intervention et de démarches politiques auprès des instances environnementales permet aujourd’hui à la Municipalité de lancer la réalisation de deux projets majeurs dont nous vous présentons ici les principales caractéristiques.

La Grave : une recharge massive de plage pour lutter contre l’érosion et la submersion côtières

C’est le 1er septembre dernier qu’accostait au quai de Cap-aux-Meules la première des douze barges qui transportent les galets qui serviront à recharger la plage de La Grave sur 580 mètres de long et 30 mètres de large. Les quantités d’agrégats nécessaires à la réalisation de cet ouvrage nécessitent approximativement 4 500 voyages de camions 10 roues.

C’est l’entrepreneur Constructions LFG qui est chargé de réaliser les travaux qui devraient s’échelonner sur six semaines à partir de la mi-septembre. Des mesures d’atténuation sont prévues tout au long des travaux, notamment en ce qui concerne le bruit et la poussière. On se rappellera que ce projet est le premier aux Îles-de-la-Madeleine à être inclus dans le Cadre pour la prévention des sinistres du ministère de la Sécurité publique du Québec. Le projet de 6,4 M$ est soutenu financièrement par le gouvernement du Québec (ministère de la Sécurité publique et ministère des Transports) à hauteur de 75 % et nécessite une contribution municipale de 1,2 M$.

Les travaux consistent à recharger la plage en gravier afin de redéfinir une ligne de côte plus loin des bâtiments et ainsi permettre que les vagues, en cas de tempête, se brisent sur le rivage plutôt qu’au pied des immeubles. La pente de cette nouvelle plage sera adoucie naturellement au fur et à mesure des tempêtes pour retrouver, à terme, une pente douce. Le gravier utilisé est d’une dimension similaire à celui actuellement sur la plage, cependant il n’en demeure pas moins que le paysage du site historique sera modifié.

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En parallèle aux travaux de recharge de plage du côté de la baie de Plaisance, la Municipalité réalise également les travaux de reconstruction de la piétonnière de La Grave, endommagée lors du passage de la tempête Dorian en septembre 2019. Ces travaux, d’une durée approximative de 4 semaines, consistent à retirer les parties de la piétonnière endommagée et à les remplacer par un sentier en criblure de pierre. Un enrochement de protection permettra de protéger le sentier contre les aléas côtiers. Une partie de la piétonnière en bois, composant environ le tiers du tracé, ainsi que la terrasse en bas des escaliers menant au Musée de la Mer seront conservés. Ces sections seront aussi protégées par le même enrochement prévu sur le reste du sentier. C’est l’entreprise P. & B.  Entreprises ltée qui est chargée de la réalisation de ces travaux.

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Dans le but de minimiser les impacts négatifs des projets de protection contre l’érosion et la submersion côtières sur le site de La Grave, un mandat a été octroyé à la firme d’architecture Marie-Josée Deschênes architecte inc. afin de réaliser un plan d’aménagement du site. L’objectif de ce plan est de réfléchir à la conciliation des différents usages. Cette réflexion permettra entre autres de proposer la création de différents espaces et l’implantation d’un nouveau mobilier adapté, d’évaluer les opportunités au niveau de la circulation des piétons et des véhicules, d’ajouter ou de redéfinir la signalétique du site, etc. Différentes phases de travaux d’embellissement sont à prévoir dans les années suivant la réalisation des travaux de protection.

La falaise de Cap-aux-Meules : la solution prend forme

Nous avons tous vu avec soulagement que l’imposant bâtiment abritant entre autres le Cinéma Cyrco et le Centre Service Canada était maintenant sécurisé par des travaux de protection réalisés en mai dernier. Puisqu’il était le seul bâtiment du secteur ayant été déclaré à risque imminent, il était donc primordial que celui-ci soit protégé rapidement. En effet, face à une situation aussi précaire, le propriétaire ne pouvait se permettre d’attendre que le projet global de sécurisation de la falaise se concrétise.

En ce qui concerne le projet global, les spécialistes viennent tout juste de soumettre à la Municipalité une proposition qui respecterait le budget de 8 M$ prévu au protocole d’entente signé avec le ministère de la Sécurité publique en mars 2020.

Cette solution consiste en une recharge de plage avec du matériau granulaire (gravier de côte). La longueur de l’intervention est de 880 mètres et s’étend de derrière l’édifice Jos LeBourdais jusqu’à l’arrière des étangs aérés de Cap-aux-Meules. La largeur de l’ouvrage (distance des falaises vers la mer) est d’environ 30 mètres.

De plus, la protection des falaises de Cap-aux-Meules permettra le maintien du sentier du Littoral. Des modifications du tracé sont cependant à prévoir considérant les dégâts déjà occasionnés par les tempêtes. Un recul du sentier sur certaines sections est nécessaire pour assurer la sécurité des usagers et la durabilité du sentier face aux futurs décrochements de falaises potentiels.

D’autres projets à venir

Ces projets sont les deux plus importants que la Municipalité des Îles-de-la-Madeleine n’ait jamais réalisé en termes de protection contre l’érosion côtière. Ce ne seront malheureusement (ou heureusement) pas les derniers.

Une planification à plus long terme des besoins en ressources humaines, matérielles et financières est d’ailleurs en cours de réalisation. En effet, en février 2020, un mémoire a été déposé au gouvernement du Québec concernant la problématique de l’érosion côtière aux Îles-de-la-Madeleine. Ce document demande une somme de 80 M$, répartis sur 10 ans, pour assurer la planification et la réalisation des travaux à venir. Ce document a permis à la Communauté maritime d’obtenir l’accompagnement officiel du ministère de la Sécurité publique et du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation pour l’aider à identifier les secteurs critiques d’intervention et détailler les besoins et les solutions potentielles. Le but de la démarche est la mise à jour du plan directeur d’intervention en érosion et submersion côtières prévue à la fin de l’année 2022. C’est une longue bataille qui s’amorce pour protéger nos infrastructures de l’érosion et augmenter notre capacité d’adaptation face à cet enjeu crucial.

PAR : La Municipalité des Îles-de-la-Madeleine
LA UNE : Piétonnière de La Grave © Marie-Josée Deschênes, architecte inc.