Drogue du viol : des femmes allèguent avoir été droguées à leur insu à Charlottetown

Publicité

Articles similaires

Dix-sept femmes de l’Î.-P.-É. qui auraient été droguées à leur insu brisent le silence. Elles allèguent avoir eu des boissons empoisonnées avec du Rohypnol, un tranquillisant dix fois plus puissant que le Valium. Plusieurs de ces cas auraient eu lieu il y a plus de dix ans, dans des bars ou des soirées privées dans le centre-ville de Charlottetown.

La musicienne prince-édouardienne, Kinley Dowling, a rassemblé des témoignages à l’aide des réseaux sociaux et les a présentées à la police de Charlottetown en juin dernier.

Une enquête de CBC a dévoilé des détails au sujet de ces témoignages, mardi.

Trois de ces femmes affirment avoir été agressées sexuellement, après avoir été droguées.

Certaines d’entre elles ne seraient pas en mesure de déterminer si une agression sexuelle avait eu lieu, car elles auraient perdu connaissance lors des événements.

«Cela a vraiment bouleversé mon monde, en réalisant que dans cette belle communauté où nous vivons, des choses horribles comme celles-ci peuvent se produire.» – Une citation de :Kinley Dowling, musicienne

Connue à l’île comme une porte-parole pour les survivantes de la violence sexuelle, l’artiste Kinley Dowling avait déjà déclaré publiquement qu’elle a été, elle-même, victime d’une agression sexuelle dans sa jeunesse.

 

Capture d’écran, le 2021-11-17 à 08.42.44
Kinley Dowling a écrit la chanson « Microphone », dans laquelle elle raconte l’agression sexuelle qu’elle a subie à la fin de son secondaire. PHOTO : (SHANE HENNESSEY/CBC)

Selon les plaignantes, les cas seraient survenus dans les mêmes établissements du centre-ville de Charlottetown ou dans des soirées privées réalisées à proximité de ces endroits.

Ces allégations font surface deux semaines après que la police de la capitale insulaire a entrepris une enquête sur deux cas d’empoisonnement aux drogues dans des bars du centre-ville.

Les difficultés dans les investigations

Selon le corps de police de Charlottetown, il est difficile d’obtenir suffisamment de preuves, car les événements seraient survenus il y a longtemps.

La police affirme ne pas être en mesure d’enquêter sur les allégations recueillies par Kinley Dowling, parce que les femmes doivent porter plainte elles-mêmes aux autorités.

D’après la police de Charlottetown, seize plaintes liées à des boissons truquées ont été effectuées au cours des vingt dernières années, mais aucune n’a mené à des accusations.

Jane Ledwell, directrice générale du Conseil consultatif sur la situation de la femme à l’Île-du-Prince-Édouard, reconnaît les difficultés d’obtenir des preuves dans ce type de cas.

«Le système de justice a besoin de plus d’outils […], car les options qu’on a à l’heure actuelle ne répondent pas aux besoins des survivantes et des survivants.» – Une citation de :Jane Ledwell, directrice générale du Conseil consultatif sur la situation de la femme à l’Île-du-Prince-Édouard

Elle explique néanmoins que la police et le système de justice doivent faire preuve de créativité dans leurs investigations.

Ce qui m’inquiète, c’est que le système de justice n’est pas bien équipé pour enquêter sur des cas de violence sexuelle, et le système est encore plus mal équipé pour enquêter sur les cas de violence sexuelle assistés par des drogues, où les victimes peuvent ne pas savoir exactement ce qui s’est passé, explique Jane Ledwell.

Un travail de prévention de ce type de crime devrait aussi être réalisé auprès de la population, selon elle.

Une enquête menée par les victimes

L’artiste Kinley Dowling ainsi que d’autres femmes ont décidé de mener leurs propres enquêtes en demandant les vidéos de surveillance aux bars concernés lors des soirs où les événements seraient survenus.

Leur objectif est d’identifier les agresseurs et de déterminer s’il y a des liens entre les cas signalés.

Je vais faire tout ce que je peux, parce que j’ai le temps de le faire, et je veux vraiment que quelque chose soit fait, ajoute-t-elle.

Selon CBC, aucune preuve liant ces cas à une personne ou un groupe qui pratiquerait systématiquement ces actes ou qui ferait de la vente de ce type de drogue à proximité des bars n’a été trouvée jusqu’à présent.

Selon les plaignantes, la police de Charlottetown ne les a pas contactées depuis que leurs allégations ont été rendues publiques en juin dernier.

LA UNE : Ces allégations font surface deux semaines après que la police de la capitale insulaire a entrepris une enquête sur deux cas d’empoisonnement aux drogues dans des bars du centre-ville. PHOTO : ISTOCK