Au revoir le bonheur de Ken Scott: une comédie dramatique aux couleurs des Îles

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Le film Au revoir le bonheur n’aurait pas pu être tourné ailleurs qu’aux Îles de la Madeleine, estime le réalisateur Ken Scott. Cette nouvelle comédie dramatique du cinéaste originaire de Dalhousie aborde les thèmes de la succession et de la famille dans un décor bucolique.

Si au départ, le réalisateur et scénariste songeait à tourner en Provence, la pandémie l’a forcé à revoir son plan de tournage. Les îles de la Madeleine se sont avérées le lieu idéal pour raconter cette histoire de deuil, de succession et de différends familiaux.

«De un, il y a quelque chose d’exceptionnel aux Îles de la Madeleine, il y a un petit côté mystique dans ce lieu tellement c’est beau. Nous avons tourné à l’automne, alors c’est un peu plus frais au niveau de la température. Il y avait du vent. C’est un film qui parle du deuil et donc tous ces éléments qu’on retrouve aux îles à l’automne servaient en fait le thème. Il y a quelque chose de nostalgique dans les paysages, même un peu mélancolique à l’automne et c’est le ton du film aussi», a expliqué en entrevue Ken Scott.

Les lieux de tournage sont importants pour le cinéaste qui aime bien les histoires qui se déroulent dans des régions isolées. On a juste à penser à La grande séduction dont il est le scénariste.

Est-ce ses origines néo-brunswickoises qui le poussent vers ce genre de récits? Ne cherchant pas trop à analyser son processus créatif, il estime qu’il y a assurément un lien à tisser entre ses origines et les histoires qu’il imagine.

«J’aime raconter des histoires à travers de beaux personnages, des dialogues, mais j’ai toujours l’impression que c’est très cinématographique d’avoir un lieu qui nous aide à raconter l’histoire.»

Il avait besoin de cette distance de Montréal pour créer cette espèce de huis clos familial. L’idée de départ de ce film est venue de son désir d’écrire sur le bonheur et sur les dynamiques familiales dans le ton de la comédie dramatique.

Au revoir le bonheur met en relief les conflits entre quatre frères, William (Patrice Robitaille), Nicolas (François Arnaud), Thomas (Antoine Bertrand) et Charles-Alexandre (Louis Morisette), dont le père vient de mourir. Avec leurs femmes et leurs enfants, ils se retrouvent dans la maison familiale d’été aux Îles de la Madeleine afin de rendre un dernier hommage à leur paternel en promettant de mettre de côté leurs mésententes. Or tout ne se passe pas comme prévu. Des événements viennent perturber leurs plans, en commençant par le contenu du testament de leur père qui les prend par surprise. Les quatre frères sont divisés à l’égard de la succession.

«J’avais envie de faire un projet particulier de la comédie dramatique parce que j’ai l’impression que la famille c’est beaucoup ça aussi. Je pense que les histoires de famille intéressent les gens parce qu’on s’y retrouve, on se reconnaît et dans les familles, il y a toujours beaucoup d’émotions, un peu de drame et aussi de grands moments de comédie et de complicité.»

Dans ce film, Ken Scott renoue avec certains acteurs avec qui il a travaillé notamment dans Starbuck, dont Antoine Bertrand et Julie LeBreton. Les quatre frères ont des personnalités différentes: l’épicurien, le nostalgique, l’auteur et l’homme d’affaires.

«Il fallait que je m’assure que ce soit crédible que ces quatre acteurs soient des frères et en même temps, je les voulais très différents parce que j’ai construit ces personnages comme des archétypes. Donc il fallait que je trouve quelque chose qui les lie et quelque chose qui les différencie.»

Priorité aux acteurs

Une fois sur le plateau de tournage, le cinéaste se concentre sur le jeu des acteurs, tout le côté technique ayant été fait au préalable dans la mesure du possible.

«Pour moi, c’est toujours la même chose, notre but ultime est de raconter une bonne histoire, une histoire engageante qui va intéresser les spectateurs. J’essaie de faire en sorte qu’au niveau de la caméra que tout soit vraiment bien en place pour que je puisse me concentrer sur la mise en scène et le jeu des acteurs.»

Celui qui signe son sixième long métrage a un talent pour la comédie dramatique, un genre qu’il affectionne particulièrement, alliant émotion et légèreté.

«C’est quelque chose où le spectateur doit sentir qu’il a la permission de rire, mais ce n’est pas que ça, y a du drame alors pour moi, c’est important de faire en sorte que les acteurs soient dans ce registre-là. Il y a une petite légèreté, même s’il y a du drame.»

Des réalisations à l’étranger

Ken Scott n’avait pas tourné au Québec depuis dix ans. Il a réalisé des films en Europe et à Hollywood, dont la version américaine de Starbuck (Delivery man). Il a signé, entre autres, l’adaptation cinématographique du roman L’extraordinaire voyage du fakir qui est resté coincé dans une armoire Ikea de Romain Puértolas. Cette production entre la France, la Belgique et l’Inde s’est vendue un peu partout à travers le monde. Son expérience à l’étranger a été extrêmement enrichissante, confie le cinéaste.

«En France, sur mon dernier film j’avais des acteurs de vraiment partout. L’acteur principal est une grande star en Inde malgré qu’il a peut-être juste une trentaine d’années. Ils ont une façon différente d’aborder un tournage, de se faire diriger par un réalisateur alors pour moi, ç’a été vraiment un dix ans de grand bonheur au niveau de mon métier.»

Ken Scott qui travaille sur quelques projets en développement espère qu’il n’aura pas à attendre une autre décennie avant de pouvoir tourner à nouveau au Québec.

Au revoir le bonheur sort officiellement en salle le 17 décembre. La toute première projection du film a eu lieu aux Îles de la Madeleine devant une grande partie des participants du film. Au-delà de 200 Madelinots ont oeuvré d’une manière ou d’une autre à cette production cinématographique.

 

Par Sylvie Mousseau