Dégradation du quai de Cap-aux-Meules : quelle est la suite?

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Après une saison de pêche marquée par des restrictions d’accès au quai de Cap-aux-Meules, Transports Canada s’apprêter à lancer les travaux d’installation d’un quai temporaire pour pallier le manque d’espaces d’amarrage. La stratégie d’Ottawa pour réparer l’infrastructure en profondeur se fait aussi toujours attendre.

En juillet, Ottawa avait fait connaître son intention d’installer une barge dans le port de Cap-aux-Meules en 2022, afin de créer des espaces d’amarrage supplémentaires pour remplacer ceux condamnés l’hiver dernier en raison de la vétusté du quai.

Cette annonce avait été décriée par le président du Regroupement des utilisateurs du port de Cap-aux-Meules qui jugeait que la stratégie n’était pas adaptée à la réalité de l’endroit.

Lors d’une rencontre qui s’est tenue le 23 novembre, Transports Canada a confirmé aux utilisateurs du quai avoir modifié son plan initial. Ce n’est pas une barge, mais un quai temporaire sur pieux qui sera installé d’ici mars 2022 au port de Cap-aux-Meules.

L’initiative permettra d’ajouter environ quatre espaces d’amarrage selon Transports Canada.

Le quai temporaire aura une longueur de 42 mètres et une largeur de 19 mètres. Il sera installé perpendiculairement au quai actuel, non loin du bâtiment de la Garde côtière.

L’infrastructure sera reliée au quai principal par une passerelle et ne sera pas alimentée en électricité ni en eau.

 

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Des espaces d’amarrage ont été condamnés par Ottawa à quelques semaines du début de la saison de pêche en 2021 (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Le contrat a été octroyé au début du mois de novembre, précise la députée de la Gaspésie-Les Îles-de-la-Madeleine, Diane Lebouthillier. L’installation du quai va temporaire permettre d’éviter le psychodrame qu’on a vécu l’année passée.

Les travaux pourraient s’amorcer au début du mois de décembre, en fonction des délais de livraison des matériaux.

Ça ne sera pas nécessairement suffisant en termes d’espaces d’amarrage, mais ça va être beaucoup mieux que l’été dernier, affirme le porte-parole des crabiers traditionnels de la zone 12, Paul Boudreau.

« Le quai temporaire, c’est juste un diachylon sur le bobo. C’est mieux que rien, il n’y a pas d’autres solutions à court terme. » — Une citation de  Paul Boudreau, représentant des crabiers traditionnels des Îles (zone 12)

 

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Le représentant des crabiers traditionnels des Îles, Paul Boudreau (archives) PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

De son côté, le pêcheur et administrateur du Regroupement des crabiers de la zone 12 F, Marcel Cormier, n’est pas totalement rassuré par cette installation temporaire.

On sent que ça va être un petit peu compliqué, admet M. Cormier. On n’est pas sûr de comment ça va fonctionner. On a vu les plans, ça paraît beau, mais qu’est-ce que ça va être en réalité? On ne le sait pas!

M. Cormier s’inquiète, entre autres, du fait que les pêcheurs dont les bateaux sont amarrés au quai temporaire n’auront pas accès à l’eau et l’électricité, et devront potentiellement transporter leurs appâts à l’aide de chariots, si aucun espace d’amarrage n’est accessible au quai principal pour effectuer le transbordement.

En février 2021, Transports  Canada a interdit la circulation des véhicules lourds sur certaines sections du quai de Cap-aux-Meules et condamné plusieurs espaces d’amarrage destinés aux bateaux semi-hauturiers en raison de la dégradation du quai fédéral.

kPa, ce qui correspond à la moitié de la capacité portante d’origine lorsque le quai a été bâti en 1971","text":"La capacité portante des portions ouvertes du quai est actuellement de 12kPa, ce qui correspond à la moitié de la capacité portante d’origine lorsque le quai a été bâti en 1971"}}">La capacité portante des portions ouvertes du quai est actuellement de 12 kPa, ce qui correspond à la moitié de la capacité portante d’origine lorsque le quai a été bâti en 1971, selon Transports Canada.

Une inspection terminée et une étude lancée

Transports Canada ne peut confirmer si les restrictions d’utilisation du quai en vigueur en 2021 seront les mêmes lors du lancement de la prochaine saison de pêche.

Le ministère affirme que l’inspection du quai a été complétée à la fin octobre et que ces résultats, attendus en décembre ou janvier 2022, détermineront les prochaines étapes.

Pour ce qui est de l’étude visant à déterminer quels travaux devront être réalisés pour réparer le quai annoncée par Justin Trudeau lors de sa visite à Percé en juillet, Transports Canada confirme avoir octroyé un contrat récemment pour sa réalisation.

Les conclusions de cette étude sont attendues en février 2022 , indique par courriel une porte-parole de Transports Canada.

Ottawa indique aussi qu’aucun travail d’urgence n’est prévu en ce moment sur la structure du quai, à l’exception de la mise en place du quai temporaire.

 

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Les voitures ne peuvent circuler sur certaines sections du quai. Les stations de débarquement ont dû être déménagées au printemps 2021 (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

On est en attente que Transports Canada nous dise ce qu’ils vont faire pour réparer le quai de façon permanente, déplore le porte-parole des crabiers traditionnels, Paul Boudreau. Est-ce que c’est une reconstruction complète? On n’a aucune indication à ce moment-ci à savoir où ils s’en vont. Ils étudient différents scénarios, mais je n’ai pas l’impression qu’ils vont nous revenir avant le printemps.

« C’est évident que c’est beaucoup trop long, c’est une situation d’urgence! » — Une citation de  Paul Boudreau, représentant des crabiers traditionnels des Îles

De son côté, la députée Diane Lebouthillier assure que le dossier revêt une grande importance à ses yeux, mais ne peut confirmer le moment où la réfection permanente du quai s’amorcera.

Le port de Cap-aux-Meules, je l’ai dit et répété durant la campagne électorale, je vais vivre et mourir avec cette priorité-là, lance-t-elle. Tant que les choses ne sont pas terminées, c’est un dossier sur lequel je vais garder un œil attentif.

Cale de halage : Ottawa renvoie la balle à la CTMA

Des travaux sont nécessaires pour renforcer le pourtour de la cale de halage qui ne peut actuellement pas accueillir la grue-portique d’une capacité de 300 tonnes subventionnée par Québec en 2018.

 

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La structure entourant la cale de halage devra être renforcée pour permettre à la grue-portique de soulever des bateaux semi-hauturiers et le remorqueur de la CTMA (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Questionné par Radio-Canada dans le but de savoir si des travaux étaient envisagés, Transports Canada a répondu ceci par courriel : La cale de halage appartient à CTMA Traversier, veuillez communiquer avec cette entreprise pour plus d’information à ce sujet.

De son côté, la CTMA, propriétaire de la cale de halage depuis septembre 2020, indique être en démarche tonnes à faire et les coûts associés ","text":"afin d’obtenir un rapport d’ingénierie qui permettra d’évaluer les travaux de renforcement liés à l’utilisation de la nouvelle grue de 300tonnes à faire et les coûts associés "}}">afin d’obtenir un rapport d’ingénierie qui permettra d’évaluer les travaux de renforcement liés à l’utilisation de la nouvelle grue de 300 tonnes à faire et les coûts associés .

Le dossier suit son cours en collaboration avec Transports Canada, mentionne la directrice des communications et du marketing de la CTMA, Claudia Delaney.

La CTMA indique qu’il est encore trop tôt pour estimer le coût des travaux. Toutefois, en mai 2018, lors de l’octroi de la subvention pour acquérir la grue-portique, Québec avait chiffré le coût du chantier pour la réfection de la cale de halage à plus de 10 millions de dollars.

 

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Actuellement, la grue-portique d’une capacité de 300 tonnes ne peut être utilisée (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE

Le ministère fédéral a refusé d’accorder une entrevue à Radio-Canada pour commenter le dossier du port de Cap-aux-Meules, préférant répondre aux questions par courriel.

Quant au président du Regroupement des utilisateurs du port de Cap-aux-Meules, Jocelyn Thériault, il a préféré ne pas commenter davantage à ce moment-ci, car il n’a pu participer aux dernières réunions sur le sujet. Il se trouve à l’extérieur des Îles-de-la-Madeleine depuis quelques mois pour des raisons professionnelles.

LA UNE : Ottawa indique aussi qu’aucun «travail d’urgence» n’est prévu en ce moment sur la structure du quai, à l’exception de la mise en place du quai temporaire d’ici mars 2022 (archives). PHOTO : RADIO-CANADA / ISABELLE LAROSE