Une Acadienne et sa famille découvrent le monde en voilier

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IJL – Réseau.Presse – Acadie Nouvelle

Lynne LeBlanc, son époux, Laurent Torrecillas, et leurs quatre enfants vivent sur l’eau depuis un an et quelques semaines. La famille a pris le large en décembre 2020, en pleine pandémie, et ne l’a jamais regretté.

Lorsque rejoints jeudi dernier, Lynne et Laurent étaient en train de siroter un café à Mindelo, au Cap-Vert, une île située à l’ouest du Sénégal. «C’est la dernière étape avant de traverser l’Atlantique vers les Antilles», explique Laurent.

Dans son mode de vie, la famille vit souvent en short et en t-shirt. En plus des deux parents, l’équipage est composé de Lisa, 15 ans, Emma, 13 ans, Mathieu, 8 ans et Océane, 7 ans.

«Ça fait exactement un an et deux semaines qu’on est parti et que nous n’avons plus de port d’attache», raconte l’Acadienne native de Moncton.

Leur voilier Dynamique 52 monocoque est d’une longueur de 52 pieds. Construit en France à la fin des années 80, il est équipé de deux panneaux solaires. À l’intérieur, on retrouve quatre cabines, dont trois avec un lit double.

«Laurent a deux plus grandes filles, alors quand elles viennent nous rendre visite, elles ont leur propre cabine», indique Lynne.

«Je suis marié à un marin. Il a grandi sur un bateau avec son père dans la Méditerranée. Donc, il a passé une bonne partie de son enfance sur l’eau dans le voilier de son père. Quand on a déménagé en France, il y a 18 ans, le voilier faisait partie de nos vacances de famille», explique l’Acadienne qui a toujours aimé lever les voiles.

Le voyage et le sport font partie intégrante de leur vie.

«Le voyage et le sport nous ont construits. Depuis qu’on a des enfants, on s’est rapidement rendu compte que l’on rentre vite dans le train-train de la vie. Tu rentres dans un moule qui nous plaisait de moins en moins et on avait envie de faire découvrir la vie autrement aux enfants. On a mis tous ces morceaux ensemble pour se dire: pourquoi pas le voilier comme moyen de navigation pour découvrir le monde?», explique Lynne LeBlanc. C’est ainsi qu’ils ont plongé tête première dans cette aventure.

«Il y a toujours de bonnes raisons pour ne pas partir. On n’est jamais assez prêts, on n’a jamais assez d’argent, assez d’économie pour le faire et puis finalement on s’est dit: ‘‘Tant pis! C’est l’aventure, et si on ne part pas maintenant, on ne partira jamais!’’», poursuit le marin.

Ils ont acheté leur bateau juste avant la pandémie, en décembre 2019.

«On a aménagé sur le bateau en mars 2020, lors du premier confinement, pour voir comment on vit en famille 24 heures sur 24.»

La veille du jour de l’an, le 31 décembre 2020, ils ont largué les amarres à Canet-en-Roussillon, à proximité de Perpignan dans le sud de la France.

«On voit que cette vie alternative, partout où nous sommes passés, nous a vraiment préservés de cette atmosphère oppressante par rapport à la pandémie. On se sent vraiment privilégiés depuis qu’on est parti», ajoute-t-il.

Des difficultés

Ils ont quand même fait face à des difficultés dès leur départ. En se dirigeant vers leur première destination, ils se sont retrouvés en pleine tempête en Méditerranée.

«Des vents à 100 km/h. On a été obligés de faire demi-tour et de se rapprocher de la côte catalogne (Costa Brava)», explique Laurent.

De cet endroit, ils ont rapidement atteint les îles Baléares en Espagne où ils sont demeurés pendant six mois. Les aventuriers ont continué de descendre sur l’océan Atlantique.

 

Travail à distance

Les deux ont la chance de pouvoir travailler à distance. Ils œuvrent dans le monde du sport.

«Je travaille pour la société de Laurent. Mon contrat principal est avec Volleyball Canada», indique Lynne LeBlanc.

De son côté, Laurent a toujours été indépendant sur le plan professionnel.

«J’ai toujours fait de la consultation dans le développement, l’aide à la transformation des organisations sportives, surtout sur la partie management du sport et de la politique sportive.»

«On a également mis sur pied un programme pour accompagner les gens qui souhaitent eux-aussi vivre autrement, sortir de leur quotidien et réaliser leur rêve, les accompagner dans leur changement, explique le Français d’origine. C’est intéressant de voir que dans cette période de transition, notamment à cause de la COVID-19, beaucoup de gens ont envie de partir et remettent réellement en question leur mode de vie.»

Faire le tour du monde?

Le couple ne semble pas avoir de destination finale à atteindre pour son voyage.

«On s’est donné le privilège du temps, dit Laurent. On n’a pas de date de retour. On s’est dit que notre vie à terre, on la transfère sur le bateau. Finalement, l’argent qu’on mettait sur la location d’une maison ou d’une assurance, on la met aujourd’hui dans le bateau.»

Lorsqu’ils s’arrêtent à un endroit qui leur plaît, ils peuvent y rester à leur gré.

«On y reste trois à quatre mois. On veut s’imprégner de la culture locale et du contact avec les gens. C’est toujours comme ça qu’on a voyagé», informe le chef de bord.

Ils aimeraient faire le tour du monde en bateau, mais ça ne semble pas être une obligation. «Il y a un tas de facteurs. Il faut que l’argent soit là, il faut que les enfants soient épanouis, il faut qu’individuellement on soit bien aussi, explique la mère de famille. On ne voulait pas se donner ce stress-là. On part pour aller à la découverte du monde.»

«Tant que tout le monde se plaît dans ce mode de vie, on s’est dit qu’on allait poursuivre. On a appris que le meilleur plan en bateau, c’est de ne pas avoir de plan, parce qu’on est tributaire de la météo, on est tributaire des problèmes sur le bateau et de plein de choses,
mais globalement ce n’est pas mal, car ça nous laisse plein de portes ouvertes.»

Éducation des enfants

Le choix sur l’apprentissage des enfants semble avoir évolué en cours de route. «Au début, on voulait un programme fixe, explique Lynne. En France, il y a un programme qui s’appelle le CNED, le Centre national d’éducation à distance.» Mais ils se sont vite rendu compte de la rigidité du programme. Il fallait entre autres rendre les devoirs à des dates précises. Bref, ce n’était pas pour eux.

«On ne voulait pas transférer la vie à l’école sur le bateau. On voulait vivre autrement. Donc, ce n’est pas grave si on ne fait pas de français ou de mathématiques tous les jours. On a opté pour une éducation beaucoup plus libre», explique la mère de famille.

«L’éducation des enfants est probablement le sujet le plus délicat, parce qu’on ne veut pas non plus qu’ils prennent du retard, explique le père. On sait ce qu’on leur apporte au quotidien. Par exemple, pour venir des Îles Canaries à ici, ça été magique. On a été six jours en mer. Plusieurs fois par jour, ça valait tous les aquariums du monde. Des baleines à 15 mètres du bateau, les dauphins, le plancton, les tortues… On regarde les étoiles, on a un ciel qu’on ne verra nulle part ailleurs et on fait le lien avec les livres.»

Il avoue néanmoins qu’être parent et instituteur, c’est compliqué. «Au quotidien, ça peut être lourd à gérer, mais je pense que globalement, ce qu’ils apprennent dans cette éducation non formelle les amène à être beaucoup plus matures et plus débrouillards que la moyenne des enfants. Ils s’ouvrent à d’autres langues et à d’autres cultures.»

Le mot de la fin
«Quand on a un projet dans la tête, c’est important de se donner les moyens pour le faire et oser, affirme Lynne. Quand on se donne les moyens et un objectif, c’est tout à fait possible.»

Pour sa part, Laurent se rapporte à un autocollant sur son bateau et qui se lit comme suit: «Ne laissez pas votre vie dévorer vos rêves.»

 

Par Mario Tardif
LA UNE : Laurent Torrecillas, Lynne LeBlanc et leurs quatre enfants: Lisa, 15 ans, Emma, 13 ans, Mathieu, 8 ans et Océane, 7 ans. – Gracieuseté